Partager
Animaux

Un cachalot à Paris

Le cadavre d’un cachalot de plus de 15 mètres a échoué sur les quais de Seine à Paris vendredi 21 juillet 2017 au matin. Mais ce n’est qu’un faux, installé pour 48 heures sur les quais de la Tournelle, afin de sensibiliser les parisiens à la fragilité de ces cétacés face aux activités humaines.

réagir
Paris ! Sa cathédrale Notre-Dame, ses cétacés échoués en quai de Seine !

Paris ! Sa cathédrale Notre-Dame, ses cétacés échoués en quai de Seine !

© Annalisa Plaitano

Alors qu’il traversait tranquillement la Manche en compagnie d’autres membres de sa famille, ce cachalot a été perturbé par les sonars d’un exercice militaire, a perdu ses repères et a remonté l'estuaire de la Seine pour venir finir ses jours dans la capitale, juste sous la cathédrale Notre-Dame. C’est l’histoire que les membres du collectif artistique belge Captain Boomer, déguisés en scientifiques de l’International Whales Association, racontent à passants et touristes ébahis. La scène est très réaliste et la maquette de cachalot (une énorme statue en matériaux variés) est soignée jusque dans les moindres détails. Il s’agit d’un grand cachalot (Physeter macrocephalus) mâle, avec son pénis bien en vue. Sa peau présente des cicatrices de blessures provoquées par les combats avec les autres mâles et des cicatrices rondes causées par les ventouses des calamars qu’il chasse (attention, le cachalot a quitté les quais de Seine depuis dimanche 23 juillet au soir, NDLR).

Autour de la scène se répand une odeur âcre de poisson en décomposition. « On espère être crus par le public » nous confie Bart Van Peel, directeur de Captain Boomer « mais à l’ère des smartphones les nouvelles courent très vite. Ce qui nous intéresse comme artistes », il continue, « est d’explorer la frontière entre la réalité et la fiction et en même temps faire réfléchir sur notre comportement vis à vis de la nature ».

Les exercices militaires sont une des causes du phénomène des cétacés échoués sur les plages

« Le pauvre ! » s’exclame le touriste. « C’est du bidon » s’indigne la dame âgée. Tout le monde est surpris et troublé, objectif atteint. Les faux scientifiques, avec combinaison et masque, aspergent le cadavre d’un produit chimique censé ralentir les processus de putréfaction en vue de l’autopsie, alors que d’autres répondent aux nombreuses questions du public. Ils expliquent que plusieurs études ont désigné les exercices militaires (exercices anti-sous-marins, tests de sonar, etc.) comme une des causes du phénomène des cétacés échoués sur les plages.

En effet l’ouïe est le sens le plus développé chez ces mammifères marins. Ils utilisent les sons qu’ils émettent pour communiquer entre eux mais également pour s’orienter dans l’espace. Ils utilisent l’écholocalisation comme les chauve-souris. Les sonars militaires, mais aussi l’intensification du trafic maritime, dérangent ce comportement en causant la confusion de l’animal et parfois des problèmes physiques comme l’embolie. Une autre activité humaine qui menace sérieusement la vie des cétacés est l'exploration pétrolière et gazière sous-marine.

Pour repérer des gisement de gaz naturel ou de pétrole, on explore le fond marin en générant des ondes sismiques par air comprimé. Ces opérations produisent une pollution sonore tellement forte qu’elle endommage de façon provisoire ou permanente le système auditif des animaux. Voici comment l’art peut faire changer de perspective : le cachalot - un animal des grandes profondeurs - remonté à la surface nous fait immerger dans son monde sous-marin pour que nous puissions « voir » jusqu’où arrive l’impact de l’homme. Le cétacé de Paris était visible jusqu'au dimanche 23 juillet 2017.

Par Annalisa Plaitano

Commenter Commenter
à la une cette semaine
Nouveaux animaux de compagnie

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications