POLITIQUE - Lundi 26 mai 2014. Sur le plateau de BFMTV, Jérôme Lavrilleux passe aux aveux, des larmes dans la voix. L'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 reconnaît que des prestations fournies par la société Bygmalion ont été indûment facturées à l'UMP au lieu d'être imputées aux comptes de campagne du candidat.
Face à Ruth Elkrief et devant la France entière, Jérôme Lavrilleux porte seul le poids des fausses factures et de la fraude électorale qui font la une des journaux depuis plusieurs semaines. Un épisode douloureux sur lequel il revient trois ans plus tard, dans un article du Monde publié ce mardi 18 juillet.
"L'émotion et les larmes, c'est parce que je suis fatigué. Au moment où je révèle les choses, j'ai l'impression de me regarder, et je me dis que c'est la fin de ma vie actuelle. Au fur et à mesure, je m'aperçois qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible", explique-t-il. Après cette séquence, au moins aussi surréaliste que les aveux de Jérôme Cahuzac, l'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy explique avoir pris sa voiture pour rejoindre son domicile de l'Aisne. "Là où je mets normalement une heure et demie, j'ai mis presque quatre heures! Parce que j'ai pleuré tout le long de la route, mon téléphone sonnait sans arrêt, sans arrêt, je n'ai répondu à personne", détaille-t-il.
Une fois arrivé, Jérôme Lavrilleux se met devant sa télévision et regarde les éditorialistes "qui tous les jours donnent leur avis sur un sujet différent" pérorer sur son sort. La pression médiatique, notamment sur sa famille, devient trop forte, et celui qui sera désigné comme le bouc-émissaire de l'affaire Bygmalion envisage clairement de mettre fin à ses jours. Nous sommes le lendemain, le matin du mardi 27 mai.
"Je me suis dit : "Je n'en peux plus, j'arrête." Chez moi, j'ai une grange, alors j'y suis allé. Là, j'ai pris une grosse corde, et je l'ai passée sur une poutre...", confie-t-il au quotidien. À quelques secondes de commettre l'irréparable, Jérôme Lavrilleux reçoit deux SMS. L'un vient d'un journaliste de l'AFP, l'autre de Ruth Elkrief. La présentatrice ne le sait pas, mais ses mots vont sauver Jérôme Lavrilleux du suicide. "Jérôme, ça doit être très dur, mais il fera beau demain", lui a écrit la journaliste qui a confirmé au Monde l'envoi de ce message. "Je me devais d'être à la hauteur humainement, pas seulement professionnellement", confie-t-elle au journal.
Un message qui s'est avéré décisif. "Et je laisse la corde sur la poutre. Ça s'est vraiment joué à pas grand-chose..."
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