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Remous aux Puces de Saint-Ouen autour d’un projet immobilier

Le permis pour 520 logements et 745 places de parking accordé au patron d’Habitat, fait débat. Certains craignent pour le charme du site, d’autres y voient une opportunité de renouvellement urbain.

Publié le 20 juil. 2017 à 19:04

Le charme des Puces de Saint-Ouen apprécié des chineurs et des touristes, est-il menacé par le vaste projet immobilier du 77 rue des Rosiers, artère principale du marché? Le patron d’Habitat, Hervé Giaoui, actionnaire majoritaire de la SNC Paris Periph, filiale de la Foncière Volta, vient d’obtenir le permis pour un complexe beaucoup plus dense que prévu, avec 520 logements au lieu de 350, sur le site de l’ancienne usine Wonder. Eric Pereira-Silva, opposant à l’équipe municipale, s’en émeut. «Cette opération privée de 60.000 mètres carrés, avec des logements jusqu’à 7-8 étages, un hôtel, des locaux d’activité, et 745 places de parking, curieusement nommé le «Village des Rosiers», a fait l’objet d’une enquête publique tardive pour un dossier de 2350 pages. La mairie a changé son plan local d’urbanisme pour augmenter les droits à construire, vendu une parcelle stratégique – la rue Biron – et semble avoir ouvert une possibilité d’extension sur le secteur du stade Bauer. Aucune réunion publique dans le quartier, pas une ligne dans le journal municipal... Etrange pour le plus important permis de construire d’un seul tenant jamais déposé à Saint-Ouen avec un seul opérateur» déplore-t-il. Eric Pereira-Silva craint aussi les nuisances en termes de circulation, d’autant que rue des Rosiers d’autres opérations sont engagées : 190 logements sur l’ancien site Valéo et un complexe hôtel-résidence étudiante-bureaux dans l’ex-siège de SVP.

Faut-il voir dans cette densification la nécessité pour la Foncière Volta de dégager des recettes importantes afin de couvrir les coûts lourds de dépollution qui pourraient atteindre selon Eric Pereira-Silva 10 millions d’euros? Sollicité par Les Echos, le maire William Delannoy, n’a pas répondu. 

Coût de dépollution

Dans son rapport, le commissaire-enquêteur, qui a donné un avis favorable, soulignait néanmoins « le fort impact sur le tissu urbain de Saint-Ouen ». Hervé Giaoui relativise: «l’emprise foncière n’a pas bougé même si le projet s’est densifié, de manière intelligente. Les besoins des puciers sont toujours pris en compte, avec 2.500 à 3.000 mètres carrés de réserves prévues pour eux, des parkings. Et une offre complémentaire avec des ateliers pour des compagnons, des cellules pour des galeries d’art, va renforcer au contraire l’attractivité du lieu, maintenir cette atmosphère artisanale typique » précise-t-il. Pour Hugues Cornière, à la fois adjoint au maire de Saint-Ouen et président de l’association du Marché aux Puces, « il faut se réjouir que sur ce site désaffecté depuis 35 ans, apparaisse un projet tenant la route et s’insérant de manière respectueuse dans son environnement puisque les bâtis les plus hauts sont les plus éloignés des antiquaires ». Alors qu’une agression a encore eu lieu récemment rue Lecuyer, la qualité du projet devrait selon lui, contribuer à renouveler la population aux abords des Puces. Et le programme est complémentaire des actions menées par la ville pour faire de l’ancienne imprimerie de 20.000 mètres carrés un hôtel d’art contemporain. 

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Du côté des antiquaires, les avis sont partagés. Pour Nicholas Moufflet, à la tête de l’association historique de commerçants des Puces,  « les affaires restant difficiles, le chantier ne doit pas les compliquer davantage. Il faut examiner les modalités d’indemnisation des marchands, être vigilant sur les conditions de dépollution afin que ce ne soit pas dissuasif pour les visiteurs, et ne pas oublier le caractère de destination touristique des Puces ». 

Jean-Cyril Boutmy, propriétaire du marché Paul Bert-Serpette, qu’il a contribué à rénover, est plutôt très favorable à ce programme qui va lui apporter de nouveaux clients. « C’est bon pour l’image de Saint Ouen et cela va faire parler de la ville en bien». Il est vrai que Hervé Giaoui va également contribuer à faire grimper le prix du mètre carré à Saint-Ouen, donc celui du marché Paul Bert-Serpette, disent les mauvaises langues …

Martine ROBERT

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