Saint-Etienne-du-Rouvray : un an après, le père Hamel en voie de béatification

Il y a près d'un an, le prêtre Jacques Hamel était égorgé dans son église par deux terroristes de Daech. Nous avons rencontré le père Paul Vigouroux, chargé de superviser son procès en béatification.

 Il a eu la foi chevillée au corps jusqu’au bout», explique le père Vigouroux à propos du père Hamel, assassiné le 26 juillet 2016 alors qu’il célébrait la messe à Saint-Etienne-du Rouvray.
 Il a eu la foi chevillée au corps jusqu’au bout», explique le père Vigouroux à propos du père Hamel, assassiné le 26 juillet 2016 alors qu’il célébrait la messe à Saint-Etienne-du Rouvray. AFP/Marco Zeppetella

    Face au père Jacques Hamel, Paul Vigouroux, 50 ans, se sent «petit». «Plus j'avance dans le dossier, plus je suis humble devant cet homme qui ne recherchait pas la lumière, qui ne faisait pas de bruit», confie-t-il. Ce curé de paroisse en Seine-Maritime a été nommé au printemps dernier par l'archevêque de Rouen, Monseigneur Dominique Lebrun, «postulateur de la cause de béatification» du prêtre égorgé il y a quasiment un an, le 26 juillet 2016. L'octogénaire a été assassiné par deux terroristes se réclamant de Daech alors qu'il célébrait la messe à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray en banlieue rouennaise.


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    Le père Vigouroux est chargé de superviser l'enquête diocésaine qui a officiellement démarré il y a deux mois. L'examen du dossier, ensuite, par Rome n'est pas programmé avant 2019.

    Le pape François a accéléré la procédure

    Si le procès aboutit positivement, le martyre du père Hamel sera officiellement reconnu selon le critère de l'Eglise catholique, c'est-à-dire avoir subi la mort pour sa foi en Jésus-Christ. Il sera alors considéré comme «bienheureux» aux yeux des fidèles et, parce qu'il est un «modèle», pourra ainsi être vénéré. En principe, il faut patienter au moins cinq ans entre le décès et l'ouverture de la procédure mais le pape François a souhaité dispenser le cas Hamel de ce délai habituel.


    Dix témoins ont déjà été auditionnés par un tribunal ecclésiastique, notamment ceux qui ont directement assisté au drame. Une soixantaine d'autres doivent encore être interrogés. Parmi eux, des camarades de séminaire, des paroissiens, des membres de la famille, des amis, des musulmans qui l'ont côtoyé... Tous viendront vanter les vertus de l'homme d'église pris pour cible mais aussi évoquer ses défauts... s'il en avait. «S'il n'y a que des éloges, ce sera un peu étrange. Vous savez, tous les saints n'ont pas été parfaits», rappelle le père Vigouroux.

    Témoin de son temps

    Impossible de savoir ce qui se dit précisément lors des auditions puisqu'elles se déroulent sous le sceau du secret. Tout au plus le postulateur accepte-t-il de décrire quelques traits de personnalité qui ressortent clairement. «C'était un homme timide, réservé mais qui avait des convictions très fortes. Il vivait assez pauvrement. Sa porte était grande ouverte. Toute personne était accueillie chez lui comme le Christ », résume-le prêtre.


    L'abbé, fin connaisseur du droit canonique, se plonge ainsi dans le destin d'un être «bon» qui, avant de connaître une mort hors norme, «vivait l'Evangile très simplement».


    «Peut-être que l'exceptionnel chez lui, c'est l'ordinaire des choses. C'est un prêtre de sa génération qui émerge pour tous les autres, bien malgré lui. Il a eu la foi chevillée au corps jusqu'au bout», observe le père Vigouroux. Il ne ressent «pas de pression particulière» sur ses épaules. «Honnêtement, les choses se font dans la sérénité», souffle-t-il.