Photo d'archive - dans le camp de Grand-Synthe, dans le nord de la France. Crédit : Mehdi Chebil
Photo d'archive - dans le camp de Grand-Synthe, dans le nord de la France. Crédit : Mehdi Chebil

Plus de 24 000 enfants sont arrivés en Europe, via les côtes italiennes en 2016. Trois fois plus qu’en 2013. Seuls, livrés à eux-mêmes, ils sont souvent la proie de réseaux mafieux, même en Europe.

En 2013, les mineurs isolés étrangers n’étaient que 7 000 à débarquer sur les côtes italiennes. Trois ans plus tard, selon le ministère de l’Intérieur italien, ils sont 25 846. Plus du triple. Une explosion des chiffres, que l’ONG "Missing children Europe" explique notamment par les situations chaotiques des pays d’origine. "Regardez la Libye, par exemple, la situation est loin de s’arranger…", explique Federica Toscano, l’un de ses membres. En 2016, la majorité des enfants seuls, débarqués en Italie, venaient d’Afghanistan, de Syrie, d’Irak et d’Érythrée, précise-t-elle.

Pour les associations de défense des enfants isolés, tout le défi réside dans l’identification et l’accompagnement de ces migrants fragiles et sans protection sur le sol européen. "Car, les dangers ne s’arrêtent pas quand on arrive en Europe", tient à répéter Federica Toscano. Une fois arrivés sur le Vieux continent, beaucoup disparaissent dans la nature.

Des systèmes d’accueil inadaptés

"Il y a bien sûr beaucoup de risques liés au trajet migratoire, un trajet qui dure souvent des années. Les enfants sont régulièrement mis en détention avec des adultes [dans des pays comme la Libye], par exemple", explique-t-elle. Mais la maltraitance, l’exploitation de plus fragiles continuent, une fois la mer Méditerranée franchie. "Ils sont toujours autant exposés", dans les pays de transit européens, ajoute-t-elle.


Les médias enquêtent en effet de plus en plus autour des réseaux de trafiquants d’êtres humains, de prostitution des petites filles, du travail forcé, en Europe. "Les filles et les garçons […] peuvent être enlevés et violés […] Plus sordide encore, on a entendu parler du prix d’une passe fixé à cinq euros pour des jeunes filles, qui font parfois des aller-retours vers Paris", lit-on, par exemple, dans un article de Libération.

La plupart du temps, ces plus jeunes échappent aux radars des services sociaux européens. "Il y a plusieurs pays européens où il n'y a pas de systèmes d'accueil [adaptés aux mineurs]. Où l'intérêt supérieur de l'enfant n'est pas respecté", et où il n'est pas une priorité, précise Federica Toscano. "Beaucoup sont forcés de faire des choses qu'on ne voudrait jamais qu'un enfant fasse".

Nouvelle législation en Italie

L’Italie a donc pris les devants pour tenter d’apporter une meilleure protection à ces enfants livrés à eux-mêmes. Depuis plusieurs semaines, le pays s’est doté d’une loi visant spécialement à les protéger. Intitulée "Zampa", cette loi est pour l’heure très bien accueillie par les ONG. "Elle est très positive", s’enthousiasme Federica Toscano. "Elle signifie que les enfants peuvent rester en Italie, non pas parce qu’ils sont migrants, mais parce que ce sont des enfants", insiste-t-elle. "Les autres États membres de l’UE devraient s’en inspirer".

En effet, la nouvelle législation italienne prévoit que les enfants isolés recevront les mêmes droits que les enfants européens. Ils ne seront pas expulsables, et surtout, ils seront présumés mineurs – avec l’interdiction d’utiliser des mesures invasives pour déterminer l’âge de l’enfant, comme les examens osseux. Le texte promeut aussi leur transfert obligatoire vers un centre d'accueil spécifique dans un délai de 30 jours après leur arrivée, encourage le placement en famille d'accueil et garantit leur accès aux soins et à l'éducation.

>> À lire sur InfoMigrants : L'Italie se dote d'une loi pour protéger les mineurs migrants 

 

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