Les racines d'un engagement : épisode • 7/10 du podcast Michel Rocard

Michel Rocard au défilé du 1er mai 1971. - AFP
Michel Rocard au défilé du 1er mai 1971. - AFP
Michel Rocard au défilé du 1er mai 1971. - AFP
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Michel Rocard revient sur ce qui constitue l'essence de son engagement politique, décrit son rapport à la guerre et le militantisme européen qui en découlera.

Avec
  • Michel Rocard Ancien Premier ministre socialiste de François Mitterrand

Par Jean-Michel Djian. Réalisation : Manoushak Fashahi. Prise de son : Frédéric Cayrou. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. Rediffusion de l'émission du 27.06.2013.

2) Racines d’un engagement

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"Découvrir la démocratie en même temps que l'existence des camps d'extermination, c'est découvrir que, grands dieux, la politique c'est diablement important et en même temps superbement dangereux."

"Au milieu de la guerre d'Indochine, suite à la découverte que la politique peut produire Hitler quand on s'en occupe mal ou pas, j'ai eu l'envie d'en faire. Mon entrée en politique se fait à propos d'Europe. On en parle beaucoup entre copains. L'un d'entre eux monte une conférence pour des gens généreux qui veulent faire l'Europe. Ca va s'appeler "L'assemblée des peuples d'Europe". Elle se tient en 1947 et se déroule à Strasbourg. Un foutoir ! Mais tout de suite fournisseur d'une leçon que je n'ai jamais oubliée : il n'y a pas de démocratie sans partis politiques, sans rassemblement d'individus qui se chargent de sélectionner les candidats au suffrage universel, et d'obtenir des décisions réalistes et sérieuses."

"Dès qu'a éclaté la controverse entre Sartre et Camus, je me suis retrouvé camusien à 100% et absolument"

"Jeune étudiant, l'Europe était une utopie. C'était un rêve lointain. Mais il y avait le poids de ce sentiment, de cette nécessité urgente, de cette survie de faire l'Europe... Il m'arrive souvent de penser que toute génération est très marquée par les événements qui surviennent dans la période où l'esprit se façonne, quand on a entre 14 et 22, 23 ans. Moi, je collectionne la résistance, la guerre d'Indochine, d'Algérie... ça fait un paquet, ça marque. Nous arrivons à des générations nées après mai 68 et qui n'ont plus vu d'événements vraiment majeurs, et qui n'ont plus eu l'occasion d'incorporer des notions aussi exigeantes que l'honneur ou la dignité à une pensée sur la vie en société. C'est peut-être un drame."

"Nous vivons une crise de civilisation. Une fin de quelque chose. Il y a beaucoup de gens pour dire que c'est l'extinction de la phase de l'humanité ouverte par la période dite des Lumières. Cette philosophie des Lumières portait une croyance presque naïve dans la science et les techniques, avec le rêve qu'un jour la science permettrait elle même, un jour, d'explorer la conduite des hommes. Ce qui se passe en ce moment, c'est que l'on est en train de découvrir que c'est pas comme ça que ça marche, que la valeur des lumières sont trop positivistes."

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