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Jordanie : une fusillade dans l’ambassade d’Israël à Amman fait deux morts et un blessé

L’incident pourrait être lié aux tensions provoquées par la mise en place de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 23 juillet 2017 à 21h31, modifié le 24 juillet 2017 à 10h42

Temps de Lecture 3 min.

Les forces de sécurité jordaniennes encerclent l’ambassade d’Israël à Amman, le 23 juillet.

La crise autour de l’esplanade des Mosquées a pris une dimension régionale dramatique, dimanche 23 juillet. L’un des fonctionnaires israéliens en poste à l’ambassade d’Amman, en Jordanie, a tué deux Jordaniens après avoir été victime d’une agression. Les faits se sont produits dans son appartement, à côté de l’ambassade. Responsable de la sécurité, il avait convié un menuisier jordanien pour effectuer des travaux, en présence du propriétaire. Le menuisier a attaqué le fonctionnaire avec un tournevis. Ce dernier a ouvert le feu et l’a tué, tout en blessant grièvement le propriétaire jordanien, qui est mort.

Les Israéliens disent ne pas douter de la motivation idéologique de l’agresseur, qui serait liée à la situation à Jérusalem. Le gouvernement a voulu rapatrier l’ensemble de ses diplomates, mais a dû renoncer. La Sécurité générale jordanienne souhaite interroger l’Israélien impliqué. Or il jouit de l’immunité diplomatique, selon le ministère des affaires étrangères.

Ce grave incident vient s’ajouter à un contexte bilatéral tendu. Le mouvement de protestation contre les portiques près de l’esplanade des Mosquées a eu des répliques en Jordanie. Des milliers de personnes ont défilé à Amman, le 21 juillet. Le fait que le Waqf – la fondation pieuse jordanienne gérant le lieu saint – soit négligé par les autorités israéliennes est perçu comme une violation de souveraineté.

Coopération sécuritaire

Réservé, le roi Abdallah II a tenté d’encourager, en coulisses, le gouvernement israélien à un compromis. Les deux pays sont liés par un traité de paix depuis vingt-trois ans, leur coopération sécuritaire est soutenue. Le ministre des affaires étrangères du royaume, Ayman Safadi, a souligné sur Twitter que « le retrait des détecteurs est la clé ». La Jordanie a aussi été en contact avec les pays de la Ligue arabe, et en particulier l’Egypte, d’une discrétion rare.

Le secrétaire général de l’organisation, Ahmed Aboul Gheit, a estimé qu’Israël « jou[ait]avec le feu » au sujet de la mosquée Al-Aqsa. Une réunion d’urgence de la Ligue est prévue le 27 juillet. Mais accaparés par le bras de fer avec le Qatar, les pays de la région ont tardé à se manifester.

Des calculs complexes entrent en ligne de compte. Al-Aqsa est considérée comme le combat privilégié du Hamas, dont Doha est le soutien traditionnel. En outre, même si la défense des lieux saints est une cause évidente dans le monde musulman, la géopolitique a aussi ses impératifs. L’affrontement entre les sunnites et les chiites, incarnés par l’Iran, est déjà assez prenant pour ne pas encourager un nouveau front religieux, explosif, à Jérusalem.

Lundi 24 juillet, le Conseil de sécurité des Nations unies doit tenir une réunion d’urgence pour examiner la situation. Pour l’heure, le fait marquant est l’effacement du parrain américain, sans précédent dans une telle crise. Au lieu de rappeler l’importance du statu quo à l’esplanade des Mosquées, l’administration Trump est restée mutique en public. L’envoyé spécial du président, l’avocat Jason Greenblatt, était attendu lundi en Israël.

« Le secret de l’existence d’Israël consiste à diviser entre eux les éléments extrémistes de la région », soulignait le journaliste Ben Caspit, dans le quotidien « Maariv »

Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas ne souhaitaient pas une escalade de violences. Mais ils ont un autre point commun : une forme d’embarras vis-à-vis des ambitions de Washington, qui prétend relancer des négociations. Les deux dirigeants ne veulent pas contrarier le président américain, sans vraiment croire aux efforts de son conseiller et gendre Jared Kushner et de Jason Greenblatt. La crise des portiques à l’esplanade des Mosquées les ramène dans un cadre conflictuel classique, caricatural, avec en plus une dimension religieuse qui empêche toute nuance.

Mais en refusant d’assumer le retrait immédiat des portiques, M. Nétanyahou a aussi mis en danger sa grande ambition régionale : le rapprochement avec les pays sunnites. Les intérêts communs existent, mais le symbole Al-Aqsa ramène chaque interlocuteur à sa position originelle, d’autant que les opinions publiques dans ces pays restent au moins méfiantes, si ce n’est hostiles, à Israël.

Des policiers patrouillent sur le site attaqué à Amman.

« Le secret de notre existence consiste à diviser entre eux les éléments extrémistes de la région, soulignait, dimanche 23 juillet, le journaliste Ben Caspit, dans le quotidien Maariv. Les détecteurs de métaux les ont unis. Tout cela se passe sans adulte responsable qui pourrait prendre les choses en main et rétablir l’ordre. »

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