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Le delta du Niger sacrifié pour des pétrodollars

portfolio La photographe Bénédicte Kurzen rend compte des conséquences, écologiques et sociales, de l’exploitation anarchique du pétrole dans le sud du Nigeria.

Publié le 24 juillet 2017 à 12h34, modifié le 24 juillet 2017 à 12h34
  • Le delta du Niger, région d’agriculteurs et de pêcheurs, est devenu l’une des plus polluées de la planète. Quelque 7 000 fuites de pétrole ont été comptabilisées entre 1970 et 2000.

    Le delta du Niger, région d’agriculteurs et de pêcheurs, est devenu l’une des plus polluées de la planète. Quelque 7 000 fuites de pétrole ont été comptabilisées entre 1970 et 2000. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Dans la région de l’Ogoni, les jeunes ont plus facilement accès aux fusils et aux bandes armées qu’à l’école et à un emploi. Mais une alternative existe : les raffineries artisanales, qui permettent de gagner pas mal d’argent sans risquer sa vie.

    Dans la région de l’Ogoni, les jeunes ont plus facilement accès aux fusils et aux bandes armées qu’à l’école et à un emploi. Mais une alternative existe : les raffineries artisanales, qui permettent de gagner pas mal d’argent sans risquer sa vie. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Pour les innombrables petits « pétroliers » qui ont installé des raffineries artisanales au milieu des champs, la journée démarre à la tombée de la nuit.

    Pour les innombrables petits « pétroliers » qui ont installé des raffineries artisanales au milieu des champs, la journée démarre à la tombée de la nuit. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • A partir de pétrole brut acheté à des pirates et autres bandits spécialisés dans le perçage des pipeline, Stanley, un ancien pêcheur, produit 30 000 litres par nuit, qu’il écoule dans la région mais aussi au Bénin et au Cameroun voisins.

    A partir de pétrole brut acheté à des pirates et autres bandits spécialisés dans le perçage des pipeline, Stanley, un ancien pêcheur, produit 30 000 litres par nuit, qu’il écoule dans la région mais aussi au Bénin et au Cameroun voisins. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Ces raffineries artisanales et le commerce qui en découle sont illégaux, extrêmement polluants, et ce trafic est traqué par l’armée nigeriane, qui mène des opérations aériennes et navales contre les nombreux « Stanley » de la région.

    Ces raffineries artisanales et le commerce qui en découle sont illégaux, extrêmement polluants, et ce trafic est traqué par l’armée nigeriane, qui mène des opérations aériennes et navales contre les nombreux « Stanley » de la région. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Sur la petite île de Nwemu, les oiseaux ne chantent plus et les poissons se meurent dans les eaux saumâtres infestées de pétrole. Une grande partie de la mangrove, la plus vaste d’Afrique, est recouverte d’un vernis noir.

    Sur la petite île de Nwemu, les oiseaux ne chantent plus et les poissons se meurent dans les eaux saumâtres infestées de pétrole. Une grande partie de la mangrove, la plus vaste d’Afrique, est recouverte d’un vernis noir. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Une trentaine de pêcheurs ont échoué sur ce bout de terre il y a cinq ans, après avoir été expulsés du Cameroun où ils profitaient illégalement d’une mer riche en poissons. « L’eau de pluie qu’on boit, ce qu’on respire, ce qu’on pêche, ce qu’on cultive, tout est toxique », désespèrent ces miséreux qui sortent de l’eau le corps et les vêtements souillés de pétrole.

    Une trentaine de pêcheurs ont échoué sur ce bout de terre il y a cinq ans, après avoir été expulsés du Cameroun où ils profitaient illégalement d’une mer riche en poissons. « L’eau de pluie qu’on boit, ce qu’on respire, ce qu’on pêche, ce qu’on cultive, tout est toxique », désespèrent ces miséreux qui sortent de l’eau le corps et les vêtements souillés de pétrole. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • A deux heures de pirogue de Port Harcourt, Bodo, une ville de près de 80 000 habitants, a subi deux marées noires en 2008 et 2009. Un viel oléoduc mal entretenu par la mutinationale Shell, principal producteur de pétrole au Nigeria, a fui pendant trois mois.

    A deux heures de pirogue de Port Harcourt, Bodo, une ville de près de 80 000 habitants, a subi deux marées noires en 2008 et 2009. Un viel oléoduc mal entretenu par la mutinationale Shell, principal producteur de pétrole au Nigeria, a fui pendant trois mois. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Les pêcheurs et les agriculteurs désespérés de Bodo se sont organisés, avec l’aide d’ONG et d’un cabinet d’avocat britannique, pour porter leur tragédie devant une cour de Londres, qui leur a donné raison.

    Les pêcheurs et les agriculteurs désespérés de Bodo se sont organisés, avec l’aide d’ONG et d’un cabinet d’avocat britannique, pour porter leur tragédie devant une cour de Londres, qui leur a donné raison. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • A Bodo, la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, même si 15 600 habitants disposent d’un compte bancaire, certes vide, et d’une carte de retrait. Ces « privilégiés » ont perçu une compensation de près de 1 800 euros de la part de Shell. Avec cet argent, beaucoup ont démarré la construction de maisons en briques qui ont transformé le paysage.

    A Bodo, la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, même si 15 600 habitants disposent d’un compte bancaire, certes vide, et d’une carte de retrait. Ces « privilégiés » ont perçu une compensation de près de 1 800 euros de la part de Shell. Avec cet argent, beaucoup ont démarré la construction de maisons en briques qui ont transformé le paysage. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Près de 22 millions d’euros versés aux autorités traditionnelles pour des projets d’intérêt général ou pour le nettoyage des criques ont été dilapidés. Bodo est toujours privé d’eau, d’électricité, d’asphalte et d’un vértiable centre de soins capable de traiter les nombreuses malformations des nouveau-nés, les troubles respiratoires et autres symptômes que la population impute à la pollution.

    Près de 22 millions d’euros versés aux autorités traditionnelles pour des projets d’intérêt général ou pour le nettoyage des criques ont été dilapidés. Bodo est toujours privé d’eau, d’électricité, d’asphalte et d’un vértiable centre de soins capable de traiter les nombreuses malformations des nouveau-nés, les troubles respiratoires et autres symptômes que la population impute à la pollution. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • L’argent des compensations dilapidé a ravivé les tensions dans le village. L’autorité du jeune roi de Bodo n’impressionne plus les jeunes voyous qui font la loi, mais elle suffit pour être l’interlocuteur de Shell et ainsi bénéficier de villas, de voitures et d’argent.

    L’argent des compensations dilapidé a ravivé les tensions dans le village. L’autorité du jeune roi de Bodo n’impressionne plus les jeunes voyous qui font la loi, mais elle suffit pour être l’interlocuteur de Shell et ainsi bénéficier de villas, de voitures et d’argent. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Certaines communautés se sont déchirées lors de guerres meurtrières passées sous silence. Comme à Rumuekpe, à une soixantaine de kilomètres au nord de Port Harcourt. Ce village d’agriculteurs s’est transformé en un champ de bataille au milieu des années 2000.

    Certaines communautés se sont déchirées lors de guerres meurtrières passées sous silence. Comme à Rumuekpe, à une soixantaine de kilomètres au nord de Port Harcourt. Ce village d’agriculteurs s’est transformé en un champ de bataille au milieu des années 2000. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Deux factions rivales se sont affrontées à l’arme lourde pour le contrôle de l’association des jeunes, qui permet de monnayer ses services auprès de Shell et d’arracher quelques emplois.

    Deux factions rivales se sont affrontées à l’arme lourde pour le contrôle de l’association des jeunes, qui permet de monnayer ses services auprès de Shell et d’arracher quelques emplois. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

  • Quatre années d’un conflit de village intense ont laissé des maisons éventrées et des façades en ruines, criblées de balles. Aujourd’hui, les ennemis cohabitent mais la méfiance règne. Le géant pétrolier abhorré et courtisé continue son activité sur les cendres encore chaudes d’une guerre fratricide, pendant que les villages s’autodétruisent.

    Quatre années d’un conflit de village intense ont laissé des maisons éventrées et des façades en ruines, criblées de balles. Aujourd’hui, les ennemis cohabitent mais la méfiance règne. Le géant pétrolier abhorré et courtisé continue son activité sur les cendres encore chaudes d’une guerre fratricide, pendant que les villages s’autodétruisent. BENEDICTE KURZEN / NOOR POUR "LE MONDE"

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Le delta du Niger, dans le sud du Nigeria, est l’une des régions les plus polluées de la planète. Les multinationales pétrolières, alliées à l’Etat qui tire la majorité de ses revenus de l’or noir, ont détruit l’écosystème. Aujourd’hui, l’Etat fédéral entreprend ce qui pourrait être le plus grand programme de dépollution au monde. En attendant, petits et grands trafiquants continuent de raffiner illégalement du pétrole, de siphonner les pipelines ou d’attaquer des tankers. Un reportage photo de Bénédicte Kurzen.

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