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En Caroline du Nord, une église garderait des Brésiliens esclaves

L'église Sao Joaquim de Bicas de la Word of Faith Fellowship au Brésil.
L'église Sao Joaquim de Bicas de la Word of Faith Fellowship au Brésil. © Silvia Izquierdo/AP/SIPA
Clémentine Rebillat , Mis à jour le

Une enquête d’Associated Press révèle qu’une église en Caroline du Nord utiliserait de jeunes brésiliens comme esclaves. 

C’était un rêve pour ces jeunes brésiliens. Celui de partir de leur pays afin de découvrir autre chose, apprendre une nouvelle langue et lier de nouvelles amitiés. Mais le rêve s’est transformé en cauchemar. Une enquête d’Associated Press révèle l’histoire d’Andre Oliveira, arrivé aux Etats-Unis à 18 ans. C’est à la suite d’un appel de la congrégation Word of Faith Fellowship au Brésil qu’il s’est rendu en Caroline du Nord, dans la maison mère de l'organisation. Mais sitôt pris en charge par les membres des leaders de l’église, il s’est vu confisquer son passeport et son argent, officiellement pour des raisons de sécurité. Son rôle au sein de la congrégation était déjà tout trouvé. Rapidement, il a été réduit à l’état d’esclave, forcé à travailler 15 heures par jour, sans être payé. Il a d’abord nettoyé les entrepôts utilisés par cette église évangélique, puis s’est retrouvé plus tard «employé» dans la société de l’un des supérieurs de ce qui est qualifié de secte par AP. S’il refusait d’obéir aux ordres, il était battu et humilié.

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Selon cette enquête, les leaders de Word of Faith Fellowship au Brésil se servaient de leur église pour persuader des jeunes travailleurs souvent avec un simple visa étudiant ou touriste de se rendre à Spindale, en Caroline du Nord. «Comment pouvez-vous faire ça aux gens tout en clamant que vous les aimez alors que vous les battez au nom de Dieu ?», a commenté Andre. En 2014 déjà, trois membres de la congrégation avaient déclaré à un procureur que de jeunes brésiliens étaient forcés à travailler sans être payés. Jill Rose, désormais procureur à Charlotte, avait promis de «regarder rapidement cette histoire». Mais selon d’anciens membres, elle n’aurait jamais répondu à leurs appels de relance, des mois après leur première rencontre. 

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Andre Oliveira a fui l’église l’an passé. Il fait partie des 16 Brésiliens à avoir raconté leur situation à AP. En plus de leurs témoignages, un ancien membre américain, Jay Plummer, a confirmé que ces jeunes travailleurs étaient bien utilisés sans être payés alors que les Américains, eux, touchaient de l'argent. 

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"Un travail d'esclave" 

Ces nouvelles révélations sont les dernières d’une longue série concernant les abus de la Word of Faith Fellowship. En février dernier, AP avait déjà expliqué que certains membres de la congrégation étaient régulièrement frappés ou étouffés dans le but de les «purifier» en battant les démons qu’ils avaient en eux. Pour autant, l’église n’a été que rarement sanctionnée depuis sa création en 1979 par Jane Whaley, ancien professeur de mathématiques, et son mari Sam. Et pour cause, les victimes auraient été forcées à mentir aux autorités à chaque fois que de nouvelles accusations voyaient le jour. 

La Word of Faith Fellowship est passée de quelques membres à 750 situés en Caroline du Nord et pratiquement 2000 au Brésil et au Ghana ainsi que dans ses affiliations en Suède ou encore en Ecosse. Selon Andre, les femmes travaillent comme babysitters ou dans l’école de l’église et les hommes sont chargés des travaux. «C’était un travail d’esclave», a assuré Rebeca Melo, 29 ans, qui a grandi dans l’église brésilienne et a visité les Etats-Unis des dizaines de fois. Pour ceux envoyés travailler à Spindale, en Caroline du Nord, les leaders feraient tout pour les garder avec eux une fois l’expiration de leurs visas. Sur les jeunes interrogés, dix ont réussi à obtenir une carte verte de résidant permanent après avoir épousé des Américaines membres de la congrégation malgré l’illégalité de tels mariages blancs.

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