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En Californie, une colonie de vacances forme les adolescents à devenir des stars des réseaux sociaux

La formation de dix jours coûte près de 2.400 dollars et fait miroiter d’importants retours sur investissements aux parents. Face à la demande, elle va être déclinée au Royaume-Uni, en Australie et au Japon.

Par Anaïs Moutot

Publié le 21 juil. 2017 à 17:33

Assises sur l’escalier de leur maison à Mountain Home, dans l’Idaho, Katelyn et Kylie Richardson entament une reprise de « City of Stars » au ukulélé. La vidéo, postée sur YouTube, n’a pas dépassé la centaine de vues. Mais les deux sœurs de 17 et 19 ans sont persuadées qu’elles peuvent faire grossir leur audience et gagner leur vie grâce à leur présence en ligne. 

C’est pour savoir comment faire qu’elles ont conduit 13 heures ce dimanche en direction de Claremont, une ville à l’ouest de Los Angeles. Pendant dix jours s’y déroule un « summer camp » leur enseignant comment devenir célèbres - et riches - grâce aux réseaux sociaux. Parmi la vingtaine d’adolescents de 12 à 19 ans, deux ont même fait le voyage de Suède et d’Afrique du Sud. 

“Allez dans une classe et demandez aux enfants ce qu’ils veulent faire quand ils seront grands. Avant, ils disaient médecins ou avocats. Aujourd’hui, c’est star sur Instagram ou YouTube”, raconte Michael Buckley, l’un des organisateurs de la colonie, qui a récemment publié « Au secours ! Mon enfant veut devenir Youtubeur ». 

Les nouvelles idoles des jeunes

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Cet ancien employé de bureau a été l’un des premiers YouTubeurs à pouvoir quitter son job pour gagner sa vie avec des vidéos satiriques sur la « pop culture » il y a neuf ans. Depuis, les revenus tirés de ce genre d’activités ont explosé grâce aux partages de revenus publicitaires offerts par les plateformes et l’intérêt grandissant des marques pour les nouvelles idoles des jeunes. 

C’est sur la croissance de cette économie que surfe Nichelle Rodriguez, la directrice d’une société organisant des colonies de vacances pour les jeunes comédiens depuis vingt ans, en lançant trois colonies entièrement dédiées aux réseaux sociaux en Californie et au Royaume-Uni cet été, avant l’Australie cet hiver, puis le Japon l’année prochaine. 

Social Star Creator Camp n’est pas le seul « summer camp » à miser sur la fascination des adolescents pour les stars des réseaux sociaux. Depuis l’année dernière, Tyler Oakley et Bethany Mota, deux YouTubeurs, se sont alliés avec Mills Entertainment, un producteur d’événements « live », pour accueillir des centaines d’enfants dans le Wisconsin «afin qu’ils interagissent avec leurs influenceurs préférés ».

Un hobby transformé en entreprise

Mais Nichelle Rodriguez donné un aspect beaucoup plus “business” à son « summer camp ». Pour convaincre les parents de débourser 2.390 dollars, elle leur fait miroiter des retours sur investissement importants en « transformant le hobby de leurs enfants en entreprise ». « Le nombre de chaînes YouTube dont les créateurs gagnent plusieurs centaines de milliers de dollars augmente de 50% chaque année», avance-t-elle. 

Parmi les enfants présents à Claremont, deux connaissent déjà un beau succès sur les réseaux sociaux. Sophia, une adolescente de 13 ans, a gagné 900.000 abonnés grâce à ses reprises de chansons sur YouTube sous le pseudonyme d’Angelic. Zayd fait lui partie d’une famille de quatre enfants célèbres sur la plate-forme vidéo de Google: ses parents ont créé une chaîne où ils soumettent des défis à leur progéniture, suivie par plus de 2 millions de personnes. 

Le reste des enfants commence tout juste à faire des vidéos ou à poster en ligne. Mais leur volonté de « devenir de stars » les motive à passer l’été dans une salle de conférences sans fenêtres pour découvrir le « SEO », l’« affiliate marketing » et le « rev sharing ». Dès le premier jour, ils sont bombardés de Powerpoint sur les revenus qu’ils peuvent tirer : « si vous avez entre 100.000 et 500.000 followers, un poste d’influenceur peut être rémunéré 12.500 dollars sur YouTube et 5.000 dollars sur Instagram », raconte Barika Croom, une consultante en marketing digital qui a plus l’habitude de faire des présentations devant les dirigeants de Toyota ou de Paramount. 

« Verticale »

Les adolescents sont ensuite chargés de créer de fausses publicités pour des marques - un tweet sponsorisé, une vidéo, une « story » sur Instagram… - avant de se plonger dans les « case studies » de leurs YouTubeurs préférés. L’objectif est de leur montrer qu’ils ont réussi en gérant leurs productions vidéos comme des chefs d’entreprises: « il faut créer un spreadsheet, avec le nombre de productions par semaine, et les objectifs en terme de « followers » à atteindre », leur explique Michael Buckley. 

Pour faire grossir leurs communautés, il leur conseille de devenir « superfans » d’autres YouTubeurs, en postant par exemple des commentaires pertinents en dessous de leurs vidéos. « Trouvez des amis dans la même verticale que vous et parlez leur», suggère-t-il... avant de réaliser tout d’un coup « qu’il devrait peut-être expliquer ce qu’est une verticale à des enfants».

ANAIS MOUTOT (Envoyée spéciale à Claremont, Californie)

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