« Je suis mort. » Les yeux rougis et le visage noirci par les cendres, le sergent-chef Didier Bonnet est exténué. Il revient du front après plus de quinze heures passées à se battre contre les flammes. Mardi 25 juillet, elles ont ravagé environ 500 hectares de forêts sur les hauteurs de La Croix-Valmer, station huppée du Var, toute proche de Ramatuelle et de Saint-Tropez, laissant derrière leur passage un paysage de désolation de pins parasols calcinés. « On s’est beaucoup exposés », témoigne le pompier, dont un collègue a été hospitalisé à cause de « la déshydratation et de la fatigue cumulée ». En plus de trente ans de service, le sergent-chef Bonnet en a dompté, des incendies. Le dernier, c’était en juin, une dizaine d’hectares seulement. Mais celui qui a commencé lundi 24 juillet est particulièrement coriace. « Les conditions étaient très pénibles, car le feu a démarré très tard, vers 21 heures. Avec la nuit, on ne se rend pas compte du relief, des cailloux, des branches, alors on fait des chutes. »
Evacuations
Heureusement, cette fois, aucune victime n’est à déplorer, pour l’heure, parmi les sapeurs-pompiers mobilisés – huit ont été blessés, dont un brûlé au deuxième degré –, ni parmi les habitants des quartiers de l’Escalet et de Toraques, les plus proches du feu, qui ont pu regagner leur domicile mardi soir après avoir été évacués la nuit précédente, tout comme les résidents de deux campings près de Ramatuelle.
Didier Bonnet appartient à la cellule de feu tactique. « On allume des contre-feux », explique-t-il. La difficulté des incendies qui frappent le Var, c’est la multiplication des départs. Pendant que le sergent-chef et ses 300 collègues parvenaient péniblement à contenir les flammes entre La Croix-Valmer et Ramatuelle, un autre foyer se propageait du côté de la commune d’Artigues, brûlant plus de 1 700 hectares. A 22 h 30, c’est à La Londe-les-Maures qu’un autre feu s’est déclaré, obligeant les autorités à évacuer dans la nuit campings et habitations. 10 000 personnes ont été déplacées vers la commune voisine, Bormes-les-Mimosas.
Et le mistral, qui ne faiblit guère depuis le début de la semaine, le poussait, mercredi matin, vers la commune de Seillons-Source-d’Argens, où un quartier a été « mis à l’abri » à l’initiative du maire. Le feu a été stoppé à 80 mètres des habitations. En trente-six heures, la préfecture du Var a recensé une centaine d’opérations des sapeurs-pompiers liées à des départs de feux.
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