Le Venezuela a lancé mercredi 26 juillet une grève générale de quarante-huit heures à l’appel de l’opposition, qui a lancé un ultimatum au président, Nicolas Maduro, avant l’élection dimanche d’une Assemblée constituante contestée.
Rue désertes, barricades ou banderoles commençaient à être visibles dans la capitale vénézuélienne mercredi matin. « Finie la dictature ! », clamaient des banderoles visibles dans certaines rues dans Caracas et d’autres villes du pays dès 6 heures du matin. Les autobus continuaient cependant à circuler dans le centre de la capitale.
Les antichavistes (du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 jusqu’à sa mort, en 2013, dont Nicolas Maduro est l’héritier) considèrent que les modalités de ce scrutin ne sont pas équitables et favorisent le camp au pouvoir. Ils voient dans ce projet de réécrire la Constitution un moyen pour M. Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner le Parlement élu et d’éviter l’élection présidentielle de la fin 2018. Selon l’institut de sondage Datanalisis, près de 70 % des Vénézuéliens sont opposés à ce projet.
L’opposition demande à l’armée de désavouer le projet
Signe de la tension ambiante et des craintes de nouvelles violences, les Vénézuéliens cherchaient, avant le début de la grève à faire le plein de provisions. Le dirigeant de l’opposition, Henrique Capriles, a appelé les Vénézuéliens à « donner le tout pour le tout » lors de la grève et de la grande manifestation à Caracas vendredi. « Maduro veut isoler le Venezuela du monde démocratique », a-t-il averti.
Un autre chef de l’opposition, Leopoldo Lopez, a, pour sa part, exhorté l’armée, principal soutien du président Maduro, à désavouer le projet de Constituante. « Je vous invite à ne pas être complices de l’anéantissement de la République, d’une fraude constitutionnelle, de la répression », a déclaré dans une vidéo M. Lopez, fondateur du parti Volonté populaire.
La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, principale figure de la dissidence au sein du camp chaviste, a elle aussi appelé les citoyens à la mobilisation contre l’Assemblée constituante et a dénoncé « les persécutions et les abus » commis par le pouvoir.
Des milliers de personnes, décidées à émigrer ou à se réapprovisionner, ont traversé la frontière avec la Colombie, inquiètes que la crise dans leur pays n’empire avec l’élection de dimanche.
« Nous ne voulons pas être Cuba »
L’opposition a lancé un appel au boycott de l’élection de la Constituante dimanche. Dès lundi, les opposants étaient mobilisés pour perturber l’élection. « Nous ne voulons pas être Cuba », pouvait-on notamment lire sur des affiches, qui ont commencé à fleurir sur les murs de centres électoraux à travers le pays. Certaines écoles dans lesquelles seront installées les urnes du scrutin étaient déjà gardées par l’armée.
Simultanément, la pression internationale sur Caracas a augmenté ces derniers jours. Washington a menacé le président Maduro de sanctions, et plusieurs gouvernements d’Amérique latine et d’Europe l’ont appelé à renoncer à son Assemblée constituante.
Mais le président vénézuélien, dont le mandat s’achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination, sommant l’opposition de « respecter le droit du peuple à voter librement » et « sans violence ».
Un homme de 30 ans est mort mercredi dans une manifestation, selon le ministère public. Depuis le début de cette vague de manifestations, au moins 103 personnes ont été tuées, et des milliers ont été blessées. On dénombre également des centaines d’arrestations.
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