Des Vénézuéliens traversent le poste-frontière avec la Colombie pour se rendre à Cucuta, le 25 juillet 2017 à San Antonio del Tachira

Des Vénézuéliens traversent le poste-frontière avec la Colombie pour se rendre à Cucuta, le 25 juillet 2017 à San Antonio del Tachira

afp.com/Luis Acosta

A l'ombre d'un arbre, Maria de los Angeles Pichardo fait une pause après avoir passé le poste-frontière de Villa del Rosario avec son mari et leur petit garçon âgé de quatre ans, dans l'étouffante chaleur de cette zone du département colombien Norte de Santander.

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"Nous avons dû avancer (le voyage) parce que les élections ont lieu dimanche et que nous ne savons pas ce qui va se passer (...) Nous allons au Pérou", a précisé à l'AFP cette jeune femme de 29 ans, pendant que son fils joue avec un autre "petit migrant" vénézuélien.

La convocation pour élire une Assemblée constituante au Venezuela a amplifié la mobilisation des manifestants qui, depuis quatre mois, réclament la démission du président Nicolas Maduro, et qui se solde par plus d'une centaine de morts.

Le directeur du service colombien des migrations, Christian Krüger, a déclaré à l'AFP que les autorités ont préparé un "plan de contingence" prévoyant plusieurs scénarios, y compris un exode massif depuis le pays voisin.

- 350.000 Vénézuéliens -

Bien qu'elle ait dû laisser ses deux filles à Barquisimeto, à environ dix heures d'autocar de Villa del Rosario, Mme Pichardo estime qu'il n'y a pas d'autre solution que de partir. "On ne trouve plus de nourriture. On ne peut plus aller travailler faute de sécurité à cause des manifestations", dit-elle, sans aucun espoir de regagner son pays.

L'afflux de Vénézuéliens en Colombie est si important qu'à Cucuta, chef-lieu du département, il y a chaque jour plus de travailleurs clandestins en quête de travail sur les places et de modestes restaurant proposant des plats typiques du pays voisins.

Nombre d'entre eux ne sont que de passage en Colombie, en route vers d'autres pays ou venant simplement se réapprovisionner. Mais il y a déjà "entre 300.000 et 350.000 Vénézuéliens vivant dans le pays", dont près de la moitié illégalement, a précisé M. Krüger.

Après avoir vécu 23 ans au Venezuela, William Galvis a décidé de revenir dans sa Colombie natale, avec son épouse et leur fille de huit ans, toutes deux de nationalité vénézuélienne.

"Etant donné que le gouvernement (de Maduro) ne veut pas céder, il ne nous reste malheureusement qu'à revenir (...) La majorité des Vénézuéliens qui ont voyagé avec nous allaient en Equateur, au Pérou, au Chili et en Colombie parce qu'ils n'en peuvent plus", a expliqué ce commerçant de 45 ans.

L'impossibilité de trouver un médicament pour sa femme au Venezuela a été le détonateur. La famille a alors rempli quatre valises de vêtements et compte attendre à Cucuta de voir ce qui se passe avec la Constituante, avant d'aller chercher le reste de ses affaires.

- En quête de nourriture -

Environ 25.000 Vénézuéliens entrent chaque jour en Colombie et un nombre équivalent en sort après être venues acheter des produits tels que du riz, du sucre, des pâtes, des produits d'hygiène ou pour gagner un peu d'argent en travaillant au noir.

Ainsi Hengember Castillo vend des tickets de bus à Villa del Rosario, afin de subsister et envoyer des fonds à ses proches restés de l'autre côté de la frontière.

"La vie au Venezuela est critique. Ce n'est pas facile de nourrir une famille. Les gens cherchent à sortir et à venir acheter de quoi manger ici pour la rapporter ensuite chez eux", a déclaré cet homme de 40 ans, qui aimerait trouver un emploi fixe en Colombie, un des pays dont le taux de chômage est le plus élevé de la région.

Son objectif est de s'installer avec sa femme et sa fille à Bogota, où vivent déjà sa mère et sa soeur.

Les autorités colombiennes estiment que la crise migratoire provoquée par la situation au Venezuela est un problème pour l'Amérique latine et ont organisé des réunions à ce sujet avec d'autres pays tels que le Pérou, le Brésil, le Mexique et le Panama.

"Au niveau régional, nous avons fait une série de réunions de contingence (...) Il s'agit clairement d'une situation qui ne concerne pas que la Colombie, mais la région", a souligné M. Krüger.

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