Maria Callas chante tout l’été sur France Musique

La vie privée de la Callas, très peu pour Stéphane Grant : seules la musique et la voix de la diva le rendent accro. A écouter voluptueusement tous les samedis de l’été sur France Musique.

Par Laurence Le Saux

Publié le 30 juillet 2017 à 14h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h44

«Joue de ta voix, prends plaisir, exprime ton âme à travers elle ! », lui recommandait le chef Tullio Serafin. Dotée d’une intelligence musicale hors du commun, Maria Callas (1923-1977) appliqua à merveille le conseil, devenant LA diva par excellence. Sur France Musique cet été, Stéphane Grant lui consacre une heure chaque samedi. « Adolescent, j’étais attiré par les voix de ténors, indique-t-il. J’étais plus dérangé que fasciné par la sienne, moins pure que celle d’une Renata ­Tebaldi. Aujourd’hui, je suis intoxiqué : la Callas est une drogue dure qu’on ne lâche plus. »

Presque étourdi par tant de virtuosité…

Cette « sorte de monstre vocal », il la raconte par la musique, quasi exclusivement. « Sa vie privée et ses années jet-set m’intéressent peu. » L’auditeur est plutôt invité à s’immerger dans ses disques et prestations scéniques – dont certaines, inaudibles, ont été ­remastérisées par la Warner, qui en donne ici la primeur avant leur parution, en septembre. Presque étourdi par tant de virtuosité, on savoure une somptueuse Somnambule de Bellini (« une musique écrite pour un oiseau stupide », avait décrété la Callas, avant d’offrir au personnage sa puissance dramatique) ; un fabuleux duo avec Giuseppe Di Stefano dans Tosca

De la chronologie, le producteur se joue sans complexe, naviguant d’une décennie à une autre. « Je ne voulais pas d’un portrait linéaire, il se serait terminé trop tristement, par l’altération de sa voix. L’année 1958 marque en effet une rupture : à l’Opéra de Rome, elle part à la fin du premier acte de Norma, et ne revient pas. Trop sollicité, et dans des tessitures trop différentes, son instrument s’est abîmé. »

“Quand on est très haut, très seule, à un moment on tombe…”, Maria Callas

L’été de la Callas permet de se lover dans un timbre qui reflète aussi bien l’indignation ou la douceur que la douleur, l’impatience ou la vibration de l’amour. Stéphane Grant contextualise les extraits musicaux avec simplicité et pertinence, évoquant par exemple un incroyable contre-mi bémol « qui ne figurait pas dans la partition », émis pendant une représentation d’Aïda à Mexico, en 1951, pour clouer sur place un ténor que la chanteuse appréciait peu.

Chaque épisode offre quelques minutes de la voix parlée de Maria Callas. « Je voulais pointer le regard hyper critique qu’elle portait sur elle-même, sa mélancolie, et son humour aussi. » L’ultra rigoureuse dit placer les notes avant le texte (« d’abord la musique ! »), et fait montre d’une lucidité douloureuse — « quand on est très haut, très seule, à un moment on tombe ». Une intelligence décidément acérée, couplée à un incroyable sens de la musicalité, dont on ne peut que se délecter.

 L’été de la Callas, samedi, 11.00, France Musique

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