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Le long calvaire de JFK à cause d’une erreur médicale

John Fitzgerald Kennedy, dans le bureau ovale de la Maison Blanche en 1961, à Washington. Paul Schutzer/The LIFE Picture Collection/Getty Images

John Fitzgerald Kennedy a été opéré quatre fois, sans grand succès. Son corset lombaire et ses bandages serrés auraient peut-être même joué un rôle dans sa mort à Dallas, le 22 novembre 1963.

JFK. Deux images s’imposent lorsque l’on pense au 35e président américain, John Fitzgerald Kennedy. Celle d’un président jeune, débordant de vitalité, et celle de son assassinat à Dallas. Il faudra désormais en ajouter une troisième, celle d’un homme torturé par des douleurs dorsales et lombaires depuis l’âge de 20 ans. Un malade opéré quatre fois, sans grand succès, et dont le traitement par un corset lombaire et bandages serrés aura peut-être même joué un rôle dans sa mort à Dallas, le 22 novembre 1963.

« Au moins la moitié des jours qu’il a passé sur cette terre auront été des jours de douleur… Je ne l’ai jamais entendu se plaindre »

Robert Kennedy frère de JFK

«Au moins la moitié des jours qu’il a passés sur cette terre auront été des jours de douleur… Je ne l’ai jamais entendu se plaindre. Je ne l’ai jamais entendu dire quoi que ce soit laissant penser qu’il se croyait traité injustement par Dieu.» C’est ainsi que Robert Kennedy évoquera la santé de son frère, après son assassinat. Ultime cruauté, ce jour-là, le corset qu’il portait quasiment en permanence pourrait expliquer pourquoi son buste s’est redressé après avoir reçu la première balle dans la tête et avant la seconde balle, considérée comme fatale.

Une hypothèse qu’il est impossible de confirmer, selon les deux neurochirurgiens américains, Glenn Pait et Justin Dowdy, qui ont revu le dossier médical et les documents rendus publics en 2001 par la famille Kennedy. Dans le dernier numéro du Journal of Neurosurgery Spine, ils ne peuvent s’empêcher de spéculer: «Dans tous les cas, la décision de JFK de continuer à porter son corset contre l’avis du Dr Hans Kraus peu de temps avant sa mort est fascinante considérant son rôle potentiel dans la déviation de l’histoire des États-Unis et du monde.»

Il frôle la mort en 1947

Mais ce qui est surtout fascinant dans la publication de Pait et Dowdy, c’est le long calvaire médical qu’aura subi Kennedy. Opéré du rachis (colonne vertébrale) à quatre reprises entre 1944 et 1957, il aura frôlé la mort à plusieurs fois. Sans que personne ne le sache en dehors du cercle Kennedy. «Quel autre président que JFK s’est vu administré quatre fois les derniers sacrements de l’Église catholique avant d’être assassiné?», remarque le Pr James Goodrich, dans un éditorial du Journal of Neurosurgery Spine.

Dès la première opération, en 1944, au niveau des dernières vertèbres lombaires (bas du dos), les choses se passent mal. Le Dr James Poppen, le neurochirurgien du réputé New England Baptist Hospital (Brookline) qui l’a opéré en dépit d’un avis contraire des orthopédistes de la Mayo Clinic (les Kennedy avaient pris plusieurs avis) ne trouve pas grand-chose expliquant les douleurs lombaires de Kennedy. C’est un échec. Deux ans plus tard, sa campagne (victorieuse) pour la Chambre des représentants est marquée par le retour des douleurs, nécessitant quotidiennement des massages, bains chauds et le port d’un corset.

En 1947, il frôle la mort, lors d’un voyage à Londres, première crise révélatrice d’une maladie d’Addison, une insuffisance des glandes endocrines qui se trouvent au-dessus des reins. La maladie implique la prise de corticoïdes à vie, mais le diagnostic restera caché jusqu’à sa mort, en dépit des rumeurs ayant circulé. Lorsqu’il parcourt le Massachusetts, il cache soigneusement ses douleurs, sauf avec ses proches. «Il utilisait des béquilles… Serrant les dents pour marcher, se souvient son conseiller Dave Powers, mais quand il entrait dans la salle où la foule était réunie, il était debout et souriant, aussi en forme qu’un champion du monde mi-lourd. Puis, quand il avait terminé son discours, répondu aux questions et serré des mains, nous l’aidions à remonter dans le car, il s’allongeait et fermait les yeux de douleur.»

En 1960 et 1961, il tire profit du « cocktail de vitamines » (en réalité à base de méthamphétamine) que lui injecte le Dr Max Jacobson, surnommé « Dr Feelgood »

Kennedy subira encore trois interventions chirurgicales, dont une, en 1954, destinée à fixer ensemble, par des plaques métalliques, ses dernières vertèbres lombaires et son sacrum (fusion lombo-sacrée). Malheureusement, une infection du site opératoire conduira à de longues semaines de convalescence. C’est finalement la rencontre avec le Dr Janet Travell, spécialiste des douleurs musculaires, qui ouvrira la voie à partir de 1955 à la réalisation de plusieurs milliers d’injections de procaïnes en infiltration locale dans des points douloureux, un programme de rééducation musculaire et à l’usage de son célèbre rocking-chair. En 1960 et 1961, il tire profit du «cocktail de vitamines» (en réalité à base de méthamphétamine) que lui injecte le Dr Max Jacobson, surnommé «Dr Feelgood».

Mais en 1961, les douleurs redoublent. Kennedy est au plus bas. Cette fois, c’est le Dr Hans Kraus, un orthopédiste, qui prend les choses en main. Finis les cocktails magiques ou les injections de procaïne, le Dr Kraus met sur pied un programme de rééducation, avec natation et massage, qui conduisent à une amélioration spectaculaire. À tel point que dès l’été 1962, il recommande à Kennedy de ne plus porter constamment son corset. Mais le mal est fait depuis longtemps. Sans doute même depuis la première opération douteuse de 1944. Pait et Dowdy, qui ont examiné toutes les radiographies disponibles du président Kennedy, ne trouvent rien qui justifie l’intervention subie par Kennedy. «Finalement, écrivent-ils, les symptômes de Kennedy et l’escalade des traitements subis font écho à ces patients pour lesquels on finit par conclure qu’ils souffrent d’un syndrome de l’échec de la chirurgie du dos.» Bref, une erreur médicale.

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