HANDICAPLa rentrée des enfants autistes, entre espoir et inquiétudes

Scolarisation des enfants autistes: Une rentrée entre espoir et inquiétudes

HANDICAPLe handicap, et l’autisme en particulier, font partie des priorités de ce nouveau gouvernement. Pourtant, les associations restent inquiètes et dénoncent quantité de soucis à la veille de la rentrée…
Strasbourg le 5 novembre 2014. Dans la classe de la premiere unite d’enseignement maternelle autisme (UEMA) a l'ecole Ariane Icare au Neuhof.
Strasbourg le 5 novembre 2014. Dans la classe de la premiere unite d’enseignement maternelle autisme (UEMA) a l'ecole Ariane Icare au Neuhof. - G. Varela / 20 Minutes
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Une semaine avant la rentrée, l’Unapei s’est inquiété de la baisse des contrats aidés qui auraient compliqué la situation déjà difficile des AVS et des familles d’enfants handicapés.
  • Une grande concertation a été lancée début juillet sur l’autisme, un sujet qui tient à cœur au couple présidentiel et ses résultats sont très attendus par les associations.
  • Parmi les axes de réflexion, l’inclusion scolaire, pour laquelle il faut encore faire beaucoup.

Ils sont attendus au tournant. C’est la première rentrée de ce gouvernement et du nouveau président qui se sont engagés sur le handicap, et plus particulièrement sur l’autisme. Et les familles concernées attendent depuis des années de bonnes nouvelles.

La secrétaire d’État aux personnes handicapées a listé parmi ses priorités la scolarisation de tous les enfants handicapés. Une promesse particulièrement ambitieuse et attendue dans le champ de l’autisme, où les problèmes sont légion.

Quelles sont les solutions de scolarisation ?

En France, certains enfants autistes sont scolarisés dans des écoles ordinaires, avec l’aide d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS), à temps plein ou partiel. Depuis 2014, afin de rendre cet emploi plus stable, le gouvernement transforme progressivement ces contrats aidés d’AVS en Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap (AESH) en CDI.

Comment obtenir cette aide ? L’avis favorable et le nombre d’heures accordé dépendent d’une évaluation réalisée par une équipe pluridisciplinaire de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
Autre solution pour ces familles : les unités d’enseignement en maternelle. Des structures spécialisées « qui répondent bien aux besoins, avec un projet d’inclusion et une formation pour la famille et les enseignants, mais il n’y en a qu’une ou deux par département, ce qui est loin des besoins », nuance Emmanuel Jacob, administrateur en charge des questions de scolarisation à l’Unapei, première fédération d’associations de défense des personnes handicapées mentales et de leurs familles.

Enfin, certains enfants sont accueillis dans des instituts médico-éducatifs, mais beaucoup d’associations regrettent que l’enseignement y soit très limité, voire inexistant.

Des solutions clairement insuffisantes. La France a été condamnée cinq fois par le Conseil de l'Europe pour discrimination à l’égard des enfants autistes, défaut d’éducation, de scolarisation, et de formation professionnelle.

Entre un quart et la moitié des enfants pas scolarisés

Dans un communiqué, l’association Vaincre l’autisme alerte sur les 40.000 enfants atteints de troubles autistiques privés de scolarisation. Mais en réalité, il n’existe pas de chiffres officiels ou d’enquête nationale. Une première étape nécessaire, soulignent les associations, qui estiment qu’entre un quart et la moitié des enfants autistes ne sont pas scolarisés.

D’autant que beaucoup d’entre eux ne le sont qu’à temps (très) partiel. « Pour une famille de notre association, la scolarisation, c’est deux récréations par semaine ! s’agace Danièle Langloys, présidente de l’association France Autisme. Il serait convenable d’avoir des statistiques fiables et fines pour savoir combien d’heures ces enfants autistes sont scolarisés, quels sont les besoins d’AVS, où sont les freins et comment y remédier ».

Des postes d’AVS supplémentaires

Dix jours avant la rentrée, les associations de personnes handicapées ont vu rouge. Notamment l’Unapei, inquiète après les annonces du gouvernement d’une baisse des contrats aidés qui pourrait toucher les AVS. Mais lundi 28 août, la secrétaire d’État, Sophie Cluzel, a assuré sur France Info que les « 50.000 contrats aidés d’AVS seront sanctuarisés pour l’accompagnement des élèves handicapés ». Et confirme que 8.000 nouveaux emplois d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) seront créés pour cette rentrée ».

Une avancée insuffisante

« C’est dérisoire, tempête M’Hammed Sajidi, président de l’association Vaincre l’autisme. L’Etat a créé 8.000 postes, or ce chiffre correspond au nombre d’enfants autistes qui naissent chaque année en France. »

« Ce qui est annoncé, c’est que tous les enfants handicapés qui ont une notification, auront droit à une AVS, nuance Emmanuel Jacob, administrateur en charge des questions de scolarisation à l’Unapei. Mais il y a tous les dossiers en cours et les demandes qui émergeront au cours de l’année scolaire. Reste à confronter les annonces chiffrées aux situations personnelles. »

Car la rentrée s'annonce compliquée pour certaines familles. « Il y a des couacs sur les contrats aidés dans différentes régions qui ne sont pas réglés », avance Danièle Langloys. France Autisme a d’ailleurs prévu de mener une enquête pour voir si les familles ont bien une AVS et pour combien d’heures. « Parfois on leur promet 15 heures et ils se retrouvent avec 6 heures », renchérit Danièle Langloys.

La question de la formation

Mais surtout, les associations soulignent que ce progrès sur le nombre d’enfants scolarisés ne règle pas les problèmes de qualité de cet enseignement. « Il reste beaucoup d’attente sur la formation professionnelle des enseignants, des AVS et des AESH, avance Emmanuel Jacob.

Et corollaire, le recrutement des AVS reste une préoccupation. En effet, ni connaissance du handicap, ni diplômes préalables ne sont exigés. Et la formation se résume à 60 heures. « C’est bien joli de mettre des AESH devant ces enfants, mais elles ne sont pas formées à l’autisme, complète la présidente de France Autisme. Pour quelqu’un qui n’a pas la motivation ou l’accompagnement, c’est très compliqué. La mode, c’est de dire que les AVS doivent rester généralistes… » L’inclusion scolaire fait partie des cinq axes de réflexion du 4e plan autisme, autant dire que ces familles concernées attendent des réalisations…

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