Partager
Santé

Oropouche, la menace virale (fantôme) d'Amérique du Sud

Des chercheurs brésiliens s'inquiètent de la propagation en Amérique du Sud d'Oropouche, un virus transmis par les moucherons et qui demeure aussi méconnu des scientifiques que du grand public.

1 réaction
Moucherons du genre Culicoides

La fièvre Oropouche est transmise par des moucherons du genre Culicoides.

© Claudius Thiriet / Biosphoto / AFP

Après l'épidémie de Zika en 2015-2016, un autre virus menace la population d'Amérique latine et du Sud. Son nom : oropouche. Transmis par des moucherons, il peut entraîner une fièvre aiguë et conduirait à une méningite, voire une méningo-encéphalite (inflammation du cerveau et des méninges). Déjà présent dans la forêt amazonienne, il s'est adapté ces dernières années aux milieux urbains et "est de plus en plus présent dans les grandes villes brésiliennes", a alerté Luiz Figueiredo, professeur de médecine à l'Université de São Paulo, lors de la réunion annuelle de la Société brésilienne pour l'avancement des sciences en août 2017.

"Oropouche pourrait causer un grave problème de santé publique au Brésil"

"Oropouche est un virus qui pourrait émerger à grande échelle à tout moment et causer un grave problème de santé publique au Brésil", a expliqué le chercheur. 500.000 cas environ ont été signalés au Brésil au cours des dernières décennies, mais les scientifiques craignent que la cadence s'accélère rapidement dans les mois et années à venir. Car le moucheron qui transmet le virus, dont l'espèce se nomme Culicoides paraensis, "ne se trouve plus seulement dans les villages de la forêt amazonienne mais se répand dans les grandes villes brésiliennes", ainsi que dans le reste du territoire. "Nous avons récemment diagnostiqué un cas de fièvre d'Oropouche à Ilhéus (commune brésilienne située sur le littoral sud, ndlr). Cela montre bien que le virus est en train de circuler dans le pays", a indiqué Luiz Figueiredo.

Mais le Brésil n'est pas le seul pays menacé. L'incidence de la fièvre Oropouche augmente également dans les zones urbaines du Pérou et dans les Caraïbes. Pourtant, tout - ou presque - reste à découvrir sur ce virus, qui a pu être isolé à la fois chez des oiseaux et des primates (paresseux, ouistitis...). Sa détection est très complexe car il est confondu avec un autre virus, aux symptômes similaires mais plus largement connu : la dengue.

"Le virus a été retrouvé dans le liquide céphalo-rachidien de patients"

Les seules véritables données sur ce virus ont été obtenues grâce à une étude menée sur 128 patients atteints d'Oropouche à Manaus (dans le nord-ouest du Brésil), qui avaient été diagnostiqués de la dengue par erreur. Cette étude a permis d'établir une série de symptômes engendrés par le virus : fièvre aiguë, douleurs articulaires ou derrière les yeux, maux de tête... Des symptômes qui peuvent être traités par des analgésiques. Mais 3 des 128 patients ont développé des symptômes plus graves : une inflammation du système nerveux central laissant présager un risque de méningite, voire une méningo-encéphalite. "Le virus a été retrouvé dans le liquide céphalo-rachidien de ces patients", a précisé Luiz Figueiredo. De plus, parmi ces trois patients, l'un souffrait d'une neurocysticercose, une infection du système nerveux central causée par la forme larvaire d'un ténia, et un autre du Sida. "Il semblerait que certaines maladies entraînant une immunodéficience facilitent la pénétration du virus Oropouche dans le système nerveux central", s'est inquiété le chercheur. Des symptômes graves qui ne sont pas associés à la dengue. Voilà pourquoi il est urgent, selon les chercheurs, de vérifier que des cas suspects de dengue ne soient pas en vérité des cas d'Oropouche. Et de faire rapidement avancer la recherche scientifique sur ce virus.

ORIGINE. Le maladie doit son nom à la région où elle a été décrite pour la première fois, près du fleuve Oropuche à Trinité-et-Tobago, en 1955. Le virus a été découvert cinq années plus tard chez un paresseux capturé en Amazonie lors de la construction de l’autoroute Belém-Brasília.

1 réaction 1 réaction
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications