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Santé

La pseudouridimycine, un nouvel antibiotique prometteur

Un antimicrobien naturel, baptisé pseudouridimycine, s’est révélé efficace contre des bactéries résistantes aux traitements actuels.

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La PUM bloque l’activité  de la polymérase d’ARN (ci-dessus), une enzyme indispensable au bon fonctionnement des bactéries.

La pseudouridimycine bloque l’activité de la polymérase d’ARN (sur l'image), une enzyme indispensable au bon fonctionnement des bactéries.

DAVID BUSHNELL, KEN WESTOVER, ROGER KORNBERG/STANFORD UNIVERSITY

C'est peut-être un bonne nouvelle pour pallier la pénurie actuelle de médicaments efficaces contre les bactéries les plus dangereuses et combattre ainsi la résistance croissante aux antibiotiques, considérée comme "l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale", selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des chercheurs italiens viennent en effet de découvrir un nouvel antibiotique appelé pseudouridimycine (PUM). Contrairement à celles trouvées ces dernières décennies, cette molécule naturelle peut tuer une large gamme de bactéries et plus particulièrement celles dites à Gram négatif. En France, ces dernières sont responsables de plus de 80 % des décès par infection à l’hôpital, selon une enquête récente de Santé Publique France. Parmi elles, on compte des espèces comme Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae, ainsi que le gonocoque, à l’origine d’une maladie sexuellement transmissible, toutes figurant dans une liste de l’OMS énumérant les 12 familles de bactéries les plus menaçantes pour la santé humaine.

Vers des médicaments plus puissants

Autre atout de la PUM : son action est beaucoup plus difficile à contourner par les bactéries, rendant moins probable l’apparition rapide de souches résistantes, comme le rapportent les chercheurs dans la revue Cell. La PUM bloque en effet une enzyme commune à toutes les bactéries (la polymérase d’ARN), indispensable pour que celles-ci puissent produire des protéines. Une image en cristallographie de la PUM fixée à l’enzyme a été obtenue grâce à la collaboration avec une équipe américaine de l’université Rutgers, dans le New Jersey : elle révèle que cette fixation, très spécifique, porte sur un site crucial pour le fonctionnement de l’enzyme.

Ce nouveau type d’inhibition ouvre la voie au développement de produits encore plus puissants, dont l’action pourra être combinée avec les autres classes d’antibiotiques existantes. Cette approche paraît d’autant plus prometteuse aux chercheurs que la PUM appartient à la même famille de molécules que les médicaments les plus efficaces connus contre les virus du sida et de l’hépatite C, à savoir des analogues de nucléosides utilisés pour la synthèse des acides nucléiques.

Une production industrielle vient d’être mise au point

Première preuve d’efficacité in vivo de la PUM : elle a permis de guérir des souris infectées par la bactérie Streptococcus pyogenes pour mimer une péritonite aiguë mortelle, sans présenter de toxicité apparente. "Notre objectif dans les trois ans est maintenant de trouver des produits dérivés de la PUM encore plus efficaces et plus stables", précise Richard H. Ebright, à la tête des chercheurs américains. De leur côté, les chercheurs italiens de la startup milanaise Naicons ont mis au point une production industrielle de la PUM à partir de sa bactérie d’origine, qu’ils avaient isolée du sol.

Cette recherche rappelle que le principal filon des antibiotiques reste sous nos pieds et renoue avec une tradition inaugurée par le pionnier français René Dubos, véritable inventeur en 1939 de la recherche sur les antibiotiques naturels.

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