Temps de lecture : 2 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Chaque année, le village de La Gacilly accueille le plus grand festival photo gratuit de France à ciel ouvert, durant quatre mois jusqu'à la fin septembre. Connue pour l’implantation de l’entreprise Yves Rocher, dont la fondation est le partenaire historique de ce festival, la petite commune du Morbihan pare ses murs tous les étés de photographies grand format pour le bonheur des 400 000 visiteurs. Jumelée à la ville de Diapaga au Burkina Faso, c'est tout naturellement que La Gacilly consacre une édition à la diversité de la photographie africaine, des origines aux nouvelles générations. Avec pour ambition de porter un autre regard sur le continent : « Le photographe occidental représente souvent l’Afrique subsaharienne comme le continent de tous les malheurs, celui des guerres intestines, des famines et de la malnutrition, celui des maladies qui déciment des populations entières. Ou, au contraire, mais dans une même image d’Épinal, il va magnifier une Afrique millénaire dans des livres sur papier glacé, celle des grands espaces, des ethnies ou de la faune sauvage », expliquent Cyril et Florence Drouhet, respectivement commissaire des expositions et directrice artistique, qui poursuivent : « C’est une autre réalité que traduisent les photographes africains que nous exposons. Ce qu’ils entendent révéler, c’est leur propre vision du monde et leur appartenance à ce dernier. »
Défricheurs
Dommage que l'affiche du festival, un cliché stéréotypé d'un Rolleiflex zébré sur du wax, n'ait pas su refléter cette volonté de Cyril et de Florence Drouhet. Du coup, elle a déclenché une polémique sur les réseaux sociaux, alors que le festival essaie de capter les grands enjeux, tant éthiques qu'humanistes, de notre époque. En effet, les 700 photos du festival offre un large panorama de l'histoire de la photographie africaine : des pères fondateurs comme les Sénégalais Mama Casset et Oumar Ly, le Malien Seydou Keïta ou le Congolais Jean Depara, témoins privilégiés de la métamorphose de leur société post-coloniale lors des indépendances, à leurs héritiers qui réinventent le genre avec humour, comme le Sénégalais Omar Victor Diop, l'Éthiopien Girma Berta voulant « montrer un autre visage de l’Afrique, jeune, moderne qui s’ouvre à l’art », ou la Malienne Fatoumata Diabaté perpétuant la tradition du studio. « Loin des clichés de l’exotisme et de la grandiloquence occidentale, ils montrent des visages lumineux, des évasions poétiques, des moments de vie saisis au fil des rues, ils s’affranchissent des chemins artistiques balisés, ils se veulent lucides sur la destinée de leurs peuples », concluent Cyril et Florence Drouhet. « Ils s’affirment désormais comme les défricheurs d’une nouvelle photographie qui stimule les acteurs du marché de l’art, les galeristes, les collectionneurs et les mécènes. »