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Transports

Vers une privatisation des radars? "Personne ne pourra plus nous dire qu'ils sont là pour la sécurité"

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Le ministre de l'Intérieur a annoncé son intention de privatiser les contrôles de vitesse à des sociétés extérieures.

Samedi, dans un entretien au Progrès, Gérard Collomb a expliqué vouloir confier les contrôles de vitesse des automobilistes à des sociétés extérieures pour recentrer policiers et gendarmes sur leurs missions de sécurité. Des entreprises privées seraient donc chargées du pilotage des voitures banalisées transportant les radars mobiles.

Gérard Collomb assure néanmoins que la verbalisation des automobilistes pour excès de vitesse "restera de la compétence des policiers" et que les sociétés extérieures "seront rémunérées au forfait et pas en fonction du nombre de PV". Actuellement, près de 400 voitures banalisées, équipées d’un radar embarqué mais dépourvu de flash, sont déployées sur les routes de France. Ces véhicules, conduits par des policiers ou des gendarmes, ne ciblent que les excès de vitesse importants, et ne roulent qu’une heure par jour.

"Ils sont aux mains des sociétés privées donc ils sont là pour l'argent"

C’est pour augmenter le nombre de contrôles que le gouvernement prévoit d’avoir recours à des prestataires extérieurs, afin de libérer les forces de l’ordre de cette tâche. Ce nouveau système permettra de verbaliser dix fois plus qu’actuellement, occasionnant près de 12 millions de PV par an.

Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d’automobilistes, redoute que les radars deviennent des machines à cash plutôt que des outils pour la sécurité routière. "La privatisation des radars sous-entend que des sociétés privées vont toucher un forfait. C’est-à-dire qu'elles ne vont pas toucher la totalité de l'argent qui provient des radars. Mais nul n'est dupe et tout le monde a bien compris que les sociétés vont chercher à faire un maximum de rentabilité pour être sûres de renégocier à la hausse leurs contrats dans les années à venir. Plus personne ne pourra nous dire par la dire que les radars sont là pour la sécurité. Non, ils sont aux mains des sociétés privées donc ils sont là pour l'argent".

Julianne Antoine (avec A.M.)