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Xavier Bertrand appelle Les Républicains à voter la réforme du Code du travail

INTERVIEW - Président de la Région Hauts-de-France et ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand juge la réforme "positive" et appelle ses amis à "ne pas hésiter à voter".

David Revault d’Allonnes , Mis à jour le
Pour Xavier Bertrand, les ordonnances présentées par Edouard Philippe pour réformer le Code du travail vont dans le bon sens.
Pour Xavier Bertrand, les ordonnances présentées par Edouard Philippe pour réformer le Code du travail vont dans le bon sens. © Sipa

Dans une interview au JDD, Xavier Bertrand juge "bon" le contenu des ordonnances de la loi travail. "Ces ordonnances vont vraiment dans la bonne direction, il ne faut pas avoir peur de le reconnaître. Elles apportent davantage de souplesse, rendent le Code du travail plus facile, ce qui était vraiment indispensable. Or dans les nombreuses solutions envisageables pour faire reculer le chômage, il y a cette question essentielle du regard porté par les employeurs sur le Code du travail, et de ce point de vue la réforme est positive."

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Comment jugez-vous le contenu des ordonnances de la loi travail?
Il est bon. Ces ordonnances vont vraiment dans la bonne direction, il ne faut pas avoir peur de le reconnaître. Elles apportent davantage de souplesse, rendent le Code du travail plus facile, ce qui était vraiment indispensable. Or, dans les nombreuses solutions envisageables pour faire reculer le chômage, il y a cette question essentielle du regard porté par les employeurs sur le Code du travail, et de ce point de vue, la réforme est positive. Le profil de Mme Pénicaud a joué aussi : quelqu'un qui vient de l'entreprise est forcément quelqu'un de pragmatique. Et la politique a besoin de pragmatisme et de bon sens.

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Séduit par la méthode du gouvernement, donc?
Je me permets ce message à l'ensemble du gouvernement : prendre le temps de la concertation, c'est quand même mieux ! Cela n'a pas été le cas de l'ensemble des dossiers de l'été : sur les APL, les relations avec les collectivités locales, les contrats aidés ou encore la défense, prendre des décisions au cours de l'été en expliquant que c'est la faute du précédent gouvernement, c'est un peu facile. En revanche, sur les ordonnances, le gouvernement assume ses choix, dans la transparence et le respect des interlocuteurs.

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"La lutte des classes n'est pas la réalité du monde de l'entreprise"

Et le contenu?
Il est vraiment pragmatique sur le contrat de chantier, sur la fusion des différentes instances représentatives du personnel ou encore sur le dialogue social. De même, le référendum d'entreprise est un sujet auquel je crois depuis longtemps. C'est une façon de montrer que la lutte des classes est peut-être l'idéal pernicieux de M. Mélenchon, mais pas la réalité du monde de l'entreprise.

Préconisez-vous de faire plus?
Il y avait sur le droit du travail une attente des employeurs, notamment des PME et TPE. Je pense qu'elle est en partie satisfaite. Il reste deux chantiers très importants : la réforme de l'assurance chômage et celle de la formation, qui est la mère des réformes pour faire reculer le chômage. Il va falloir que sur ce point les salariés aient de sérieuses garanties, notamment sur l'aide au retour à l'emploi.

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Sur les APL, la défense nationale, la fin brutale des contrats aidés, le gouvernement doit donner ses vraies motivations, qui sont purement comptables

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Les Républicains doivent-ils soutenir cette réforme?
Il nous faut rompre avec une mauvaise habitude quand on est dans l'opposition. Dire "oui, ça va dans la bonne direction, mais comme ça ne va pas assez loin, on ne peut pas voter", c'est stupide. Bien sûr, il y a des points sur lesquels on aurait pu faire preuve de plus de créativité et aller plus loin, par exemple sur la question des seuils. Je pense qu'il faut aussi revoir les missions de l'inspection du travail, qui est bien souvent perçue comme bloquante et ne faisant pas confiance aux chefs d'entreprise. Mais ce n'est pas parce que ces ordonnances ne vont pas jusqu'au bout qu'il faut en tirer prétexte pour ne pas les voter.

N'est-il pas compliqué pour l'opposition de ne pas s'opposer?
Il faut se débarrasser des mauvaises habitudes ! Je demande à mes amis parlementaires de la droite et du centre de reconnaître que cette réforme va dans le bon sens, et que si elle va dans le bon sens, il ne faut pas chercher à s'y opposer de façon factice, ni à s'abstenir. Je leur dis donc : "Soyez décomplexés! N'hésitez pas à la voter!" Au passage, cela constituerait aussi un message aux entrepreneurs, aux Français, pour leur dire que le bon sens doit échapper aux vieilles règles politiciennes… Je dis aussi à mes amis que ce qui se fait là se situe aussi dans le prolongement de la loi d'août 2008 sur la démocratie sociale, que j'avais fait voter et qui ouvrait clairement la voie au dialogue social dans les entreprises. C'est la même logique.

"Si le chômage recule en France, il reculera aussi dans ma Région des Hauts-de-France"

Les Républicains peuvent-ils décemment laisser à la gauche le monopole de l'opposition sur ce dossier?
Ce dossier n'a pas vocation à être politisé à outrance. Que la France insoumise et la CGT s'en saisissent comme cheval de bataille, c'est bien qu'elles n'ont rien à proposer. Je dis à Jean-Luc Mélenchon que plutôt de souffler sur les braises, il ferait mieux de faire des propositions utiles pour l'emploi, mais je doute que cela arrive un jour.

Est-ce qu'en soutenant ce texte vous vous rapprochez des Constructifs?
Non, je ne suis pas du genre à faire un chèque en blanc. Sur les APL, la défense nationale, la fin brutale des contrats aidés, le gouvernement doit donner ses vraies motivations, qui sont purement comptables. Il faut casser les habitudes politiciennes selon lesquelles dans l'opposition, bêtement et systématiquement, on s'oppose. Je ne souhaite pas que le gouvernement échoue, car c'est la France qui échouerait. Je sais que si le chômage recule en France, il reculera aussi dans ma Région des Hauts-de-France.

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