Elections en Allemagne : ni Schulz ni Merkel ne veulent de la Turquie dans l'UE

Alors que les élections ont lieu le 24 septembre, la chancelière (CDU) et son adversaire Martin Schulz (SPD) ont débattu dimanche pendant 90 minutes.

    Un seul et unique débat pour relancer le suspens. Ce dimanche, le candidat du Parti social-démocrate (SPD) Martin Schulz devait déployer tout son talent combatif pour tenter de faire vaciller la chancelière Angela Merkel du Parti chrétien-démocrate (CDU), donnée favorite aux élections législatives du 24 septembre. Le débat a gagné en vigueur lorsque Martin Schulz a souhaité la fin des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Une position que partage au final la dirigeante conservatrice mais qu'elle n'avait jamais formulée aussi clairement.

    Le duel télévisé d'une heure et demie, le seul prévu avant le scrutin, avait été retransmis en prime time (20h15) par les quatre plus grandes chaînes et devrait être suivi par au moins 20 millions de personnes, soit un tiers de l'électorat. D'après un sondage éclair de la chaîne publique ARD, 55 % des téléspectateurs ont trouvé la chancelière plus convaincante contre 35% pour son adversaire. Le SPD affiche un retard d'une quinzaine de points sur les conservateurs de la chancelière, à seulement trois semaines du scrutin.

    Immigration : un manque de concertation selon Schulz

    L'immigration était le premier thème sur lequel les deux candidats ont planché. Cette question, qui l'a fragilisée comme jamais après l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016, est repassée au second plan des préoccupations des électeurs. Martin Schulz a notamment reproché à la dirigeante de ne pas avoir consulté ses partenaires européeens, lorsqu'elle a décidé d'ouvrir les frontières aux réfugiés bloqués en Hongrie au début du mois de septembre 2015.

    Au cours du débat la chancelière Merkel, sur la défensive, convient qu'«il y a encore un problème d'intégration» mais que des leçons ont été tirées du passé. Face à la poussée des populismes dans le monde, l'opinion allemande est inquiète et se sent majoritairement rassurée par l'expérience de cette physicienne de formation et peu incline à changer.

    Pas de place pour la Turquie dans l'UE

    Puis vient la question turque. Dans le contexte actuel, alors que depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016 et les purges qui ont suivi, alors que «toutes les lignes rouges ont été franchies» par le président Erdogan, Martin Schulz annonce qu'il mettra fin aux négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. «Nous devons en parler à nos partenaires européens», ajoute l'ancien président du parlement de Strasbourg, adoubé en mars par le SPD.

    Et la chancelière de répondre que «les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE sont pour l'instant inexistantes». «Je n'ai jamais cru que cela puisse survenir», a-t-elle poursuivi en ajoutant, plus diplomate que la question était de savoir qui de la Turquie ou de l'UE «fermerait la porte» en premier. «Il est clair que la Turquie ne doit pas devenir un membre de l'Union européenne», a affirmé un peu plus directement Angela Merkel.

    Des propos qui marquent un net durcissement de la position du gouvernement allemand, alors que les sujets de discorde et de tension entre Berlin et Ankara s'accumulent depuis plusieurs mois alors que deux ressortissants allemands ont été arrêtés le 31 août pour des raisons politiques.

    Mais jusqu'ici Berlin avait évité d'aller jusqu'à demander la fin des négociations d'adhésion. Une issue, qui si elle devait être décidée, constituerait un point de non retour dans les relations avec la Turquie. La chancelière a dit vouloir adopter une «position tranchée» à l'égard du président Erdogan. «De toute façon avec lui j'ai l'habitude». Un arrêt de ces discussions nécessiterait une décision unanime des pays de l'UE.

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    Pas de retraite à 70 ans

    «L'Allemagne est un pays qui va bien mais tous les Allemands ne vivent pas bien», selon Martin Schulz. Il a notamment évoqué les retraites. La candidate de la CDU a dit qu'elle renonçait à repousser l'âge de la retraite à 70 ans contre 67 ans actuellement. Un recul que le social-démocrate a salué. S'il est élu souhaite prendre des mesures pour éviter que les pensions ne chutent. Il entend aussi augmenter les allocations familiales avec un bonus de 150 euros par enfant.

    Sur le terrorisme, les deux adversaires n'ont guère fourbi leurs armes. Martin Schulz ne peut exclure qu'un drame comme celui du marché de Nöël de Berlin en 2016 ne puisse se reproduire.

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