La série The State suit le parcours de quatre djihadistes britanniques en Syrie.

La série The State suit le parcours de quatre djihadistes britanniques en Syrie.

Capture d'écran Youtube

Grande série ou propagande terroriste? The State, diffusée il y a peu au Royaume-Uni sur Channel 4, arrive sur Canal+ ce 4 septembre. Outre-Manche, médias et téléspectateurs se sont déchirés face à cette oeuvre dramatique en quatre épisodes qui prend place au coeur d'un camp d'entraînement syrien de l'organisation État Islamique. Enfants-soldats, scènes de tortures et de combats, tout y est.

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Mais à quoi ressemble le scénario? Au fil des épisodes, on suit quatre jeunes britanniques endoctrinés par le groupe terroriste, deux filles et deux garçons. Tous ont décidé de quitter l'Angleterre qu'ils jugent "décadente" pour rejoindre la Syrie et "servir la cause d'un califat islamique".

Terreur et désillusion

L'une d'entre elles, Shakira, mère célibataire jouée par Ony Uhiara, tient un rôle particulièrement important dans l'intrigue. Venue avec son fils de neuf ans, elle espérait le voir devenir un vrai "soldat de Daech". Tout avait été prévu: éducation édictée par la charia, entraînement au combat... Mais son fils désormais prêt, la voilà prise de doutes sur ses croyances et sa présence au sein de l'organisation. Quand elle le voit jouer au foot avec une tête humaine décapitée, c'est le déclic: elle veut partir.

Daech, un "club super cool"

"Désillusions" et "rédemption" constituent le fil conducteur de cette série "troublante", d'après The Times. Des ingrédients qui, pour certains, humanisent les terroristes, d'où la controverse.

Sur le site internet du Daily Mail, le chroniqueur cinéma du titre parle même de "pur poison" semblable aux "vidéos nazis des années 30". "Ça me rend malade, écrit-il. The State ne nous rend pas simplement sympathique des terroristes, il nous fait les aimer." Pour lui, la série montre le groupe terroriste comme un "club super cool".

Dans les colonnes du tabloïd anglais The Sun, c'est un ex-colonel de l'armée britannique, Richard Kemp, qui monte au créneau: "C'est comme s'il voulait servir de recruteur pour l'État Islamique", a-t-il déclaré, pointant l'absence de toute notion de "responsabilité morale" du réalisateur de la série, Peter Kosminsky.

À l'opposé, The Guardian y voit le parfait outil pour dissuader quiconque de rejoindre les rangs de Daech, tout en soulignant des aspects à la fois "irrésistibles" et "dérangeants".

Téléspectateurs conquis

Peter Kosminsky n'en est pas à sa première polémique sur le sujet. En 2008, trois ans après les attentats ayant touché le métro londonien, il avait réalisé Britz. Une fiction autour de la radicalisation d'une jeune fille née à Bradford.

Répondant au Times, le réalisateur assume avoir voulu, cette fois encore, montrer une réalité complexe: "Vous entendez souvent dans les médias que tel ou tel terroriste semblait pourtant être un gentil garçon ou une gentille fille. Mon job, c'est de vous confronter à la réalité."

À en croire les réactions sur Twitter, le pari -bien qu'osé- paraît réussi. La série semble avoir conquis une large majorité de téléspectateurs, même si certains regrettent une date de diffusion trop proche des attentats de Barcelone et de Cambrils (Espagne) revendiqués par le groupe État Islamique.

[Ceux qui pensent que Channel 4 rend Daech glamour devraient se remettre en question. Je doute que quiconque parte en Syrie après avoir vu ça.]

[Brillant, horrifiant, triste. Merci d'avoir fait cette série, c'était malheureusement nécessaire.]

Les deux derniers seront diffusés le 11 septembre sur la chaîne cryptée. La même polémique agitera-t-elle le pays?

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