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Michaëlle Jean : « Je suis la seule chef d’Etat à connaître la vulnérabilité du réfugié »

Réfugiée d’Haïti, Michaëlle Jean, qui fut la première femme noire gouverneure générale du Canada, dirige l’Organisation internationale de la francophonie.

Propos recueillis par  (propos recueillis)

Publié le 03 septembre 2017 à 06h41, modifié le 03 septembre 2017 à 16h03

Temps de Lecture 15 min.

Je ne serais pas arrivée là si…

Si je n’avais eu ce lien si fort, si viscéral, avec l’Afrique. J’y vois même quelque chose de matriciel. L’Afrique m’a faite, même si je suis née à des milliers de kilomètres de ses côtes. L’Afrique était en moi, avant même que je foule son sol. L’Afrique me coule, ou plutôt « me marche dans le sang », selon une expression créole. Et le choc inouï ressenti lors de ma première visite en tant que gouverneure générale du Canada continue de m’ébranler et de m’enchanter. C’est l’intensité de ce lien qui m’a décidée à entrer en campagne pour devenir secrétaire générale de la francophonie en 2014, parce que je sais que l’avenir de la langue française est en Afrique. Nous étions cinq candidats et j’étais la seule femme. Les quatre autres étaient africains de naissance, moi, africaine de descendance et issue de nombreux métissages.

Votre parcours vous a menée sur tous les continents. Mais c’est en Haïti que vous êtes née et que plongent vos racines.

Oui, bien sûr. Je suis de cette île, qui fut la première république noire à faire la révolution et à rompre avec l’esclavage. De cette île qui a redonné ses lettres de noblesse au mot « nègre » qu’on nous lançait au visage pour nous humilier, en décidant que chez nous, il voudrait dire « homme ». De cette île subversive qui, pour compenser la dépossession de nos noms et de nos origines, s’est approprié les noms les plus célèbres de la civilisation européenne : on se nomme Rousseau, Voltaire, César, Apollon en Haïti, et c’est magnifique. De cette île où les femmes sont fortes, fières, travailleuses, autonomes.

Ma grand-mère maternelle par exemple, personnage phare de ma vie : elle s’était retrouvée veuve très jeune avec cinq enfants et avait fui son village – et l’emprise de ses frères – pour rejoindre Port-au-Prince. Là, elle avait acheté une machine à coudre Singer sur laquelle elle s’était attelée jour et nuit à la fabrication de vêtements, qu’elle allait vendre au marché. Son obsession était que ses enfants, filles et garçons, aillent tous à l’école. L’un de ses fils, René Depestre, est d’ailleurs devenu l’un des grands écrivains de la francophonie. Elle a déjoué le sort et pris en main sa destinée. Et elle m’a transmis l’idée, enfant, que rien n’est impossible à qui rêve, agit, se bat.

Les défis et combats étaient pourtant périlleux, dans cette île où régnait depuis 1958 la dictature de Duvalier.

J’en avais conscience très jeune, car mes parents étaient des militants, démocrates, engagés contre le régime des Duvalier. Ma mère, qui menait des campagnes d’alphabétisation à travers le pays, a été arrêtée, puis heureusement relâchée. Mon père dirigeait une école reconnue pour avoir formé beaucoup d’esprits progressistes. Il a été arrêté, atrocement torturé. Son meilleur ami est mort dans ses bras. Lui a été jeté devant notre portail, méconnaissable, couvert de sang.

Des foules de gens autour de nous ont disparu. J’ai vu des exécutions publiques, les cadavres dans les rues, des gens brûlés vifs. Les militaires arrivaient avec les pompiers, parfaitement organisés, mettaient le feu à une maison dans laquelle se trouvait une famille et mitraillaient ceux qui essayaient de sortir. Les Benoit, qui habitaient quelques maisons plus loin que la nôtre, ont ainsi tous péri dans les flammes. Pendant des semaines, ça sentait la chair brûlée. Quant aux Bajeux, en face de chez nous, ils se sont tous volatilisés du jour au lendemain.

Comment réagissait l’enfant que vous étiez ?

J’ai été élevée dans un esprit de combat et avec une interdiction absolue : l’indifférence. Mes parents exigeaient que je sois témoin et consciente de tout. Y compris des pires souffrances. Avec l’idée que lutter est fondamental. Et que je pouvais faire la différence. Je n’ai donc jamais connu l’innocence. Je voyais des cousins, des amis de mon âge, qui étaient protégés dans une bulle. Pas moi. Jamais. Et je ne me souviens pas d’une époque où je ne me suis pas sentie adulte. Même toute petite. C’est lourd mais cela forge un caractère. Je suis un être grave. Et certains mots n’existent pas dans mon vocabulaire : « difficile », « impossible ». Ce n’est pas une question de résilience – je n’aime pas ce mot qui implique une dose de fatalisme – mais bien de résistance.

Comment s’est passé votre départ d’Haïti ?

Mes parents n’avaient guère le choix. A la sortie de prison de mon père, ils ont couru se réfugier à l’ambassade de France, qui les a aussitôt transférés vers celle des Etats-Unis, laquelle a accepté d’exfiltrer l’homme, mais pas sa femme ni ses enfants. Ma mère, ma sœur et moi avons donc vécu dans la clandestinité pendant un an, tandis que mon père était expédié à Porto Rico. C’est là qu’on l’a informé qu’une province francophone du Canada procédait à la laïcisation de l’éducation – autrefois confiée aux religieux et à l’Eglise – et qu’on recherchait des enseignants laïcs francophones. Il s’est donc retrouvé au Québec, professeur dans un collège de Thetford Mines, une petite ville minière des cantons de l’Est, fameuse pour l’extraction de l’amiante. Et en un an, il est parvenu à nous envoyer suffisamment d’argent pour faire nos papiers et acheter les billets d’avion pour le rejoindre.

A votre tour de prendre la route de l’exil.

Et de faire partie de ceux qu’on appelle les « réfugiés ». Je ne fais d’ailleurs aucune différence entre réfugiés politiques et migrants économiques. Parce que bien souvent, la mal gouvernance produit les deux. En Haïti, le régime prédateur rendait la vie impossible par la terreur et la misère. Et des milliers de gens sont partis, par les airs ou par la mer. C’était bien sûr risqué. Et comme beaucoup de migrants aujourd’hui, pour lesquels j’ai toutes les indulgences, nous avons dû modifier nos papiers. Nous étions sur la liste des personnes recherchées, notamment en raison de la notoriété de mon oncle, René Depestre, qui était communiste et s’exprimait à la radio depuis Cuba.

Ma mère a changé sa date de naissance. Moi, j’ai dû m’exercer à répondre au prénom de Michaëlle, et ma petite sœur au prénom de Nadège. « Quand les miliciens te demanderont comment tu t’appelles, il faut que ce soit un réflexe », disait ma mère en nous faisant répéter nos nouveaux prénoms. Et je me suis juré que si j’avais une fille, plus tard, je lui donnerais mon prénom perdu : Eden.

Vient alors le jour du grand départ.

J’ai 10 ans et demi et l’impression de vivre mes funérailles. Car l’exil est une mort. Notre vie est derrière nous, on ne sait rien de ce qui est devant. Et puis le moment du départ est terriblement dangereux. Des migrants, comme nous, ont été rattrapés alors même qu’ils étaient déjà dans l’avion. Alors il faut redoubler de vigilance. Chaque faux pas peut être fatal. Des amis, des membres de notre famille, sont venus à l’aéroport nous dire adieu, mais nous ne pouvions ni nous parler ni nous embrasser. On se regarde sans ciller. Et je me dis qu’on est probablement dans cette situation quand on est mort : on assiste, depuis son cercueil, à la scène de son propre départ sans plus pouvoir communiquer… Lorsque l’avion décolle enfin, tout le monde pleure dans la cabine. J’en ai encore des frissons.

On est en février 1968 et vous partez vers le grand froid.

Mon père nous a prévenues des températures polaires et ma mère nous a cousu des manteaux de feutre. A l’arrivée à l’aéroport de Montréal, l’angoisse surgit devant les officiers de l’immigration. Vont-ils nous déporter ? Mais ils se montrent polis, respectueux dans leurs questions, et nous ouvrent le passage. Nous restons figées. Maman demande : « Je peux vraiment partir ? – Mais oui. Bienvenue au Canada, Madame ! » Elle repose la question, incrédule. « Bienvenue, Madame ! »

Alors nous posons le pied sur un tapis et une porte vitrée s’ouvre toute seule. On n’a jamais vu ça. On recule. Elle se referme. On comprend qu’il nous faut désormais avancer. On franchit la porte. Mon père est là. Nous partons en voiture dans la nuit, fascinées par les lumières et les néons de la grande ville, puis écrasées d’émotions et de fatigue lorsqu’on arrive à Thetford Mines. C’est au petit matin qu’on découvre la neige, alors que nos parents dorment encore. Ma sœur et moi enfilons nos bottes sans chaussettes et partons jouer dans cette matière incongrue et merveilleuse. La première morsure du froid intervient rapidement, nos orteils gèlent. La douleur est terrible. Nous serons tellement traumatisées que nous refuserons de sortir pendant deux semaines !

Comment êtes-vous accueillis dans cette petite ville à population blanche ?

La plupart des habitants de Thetford Mines n’ont jamais vu de Noirs. Alors on nous observe, on nous touche. Et comme ma mère nous couvre excessivement pour aller à l’école, les enfants regardent avec stupéfaction les deux petites négresses qui retirent une à une leurs couches de vêtements avant la classe. Nos bottes en peau de phoque sont fourrées de papier journal ! Et puis la chaleur québécoise nous enveloppe peu à peu et nous sommes adoptés par la famille Côté. Mais ma mère s’inquiète de l’amiante, de cette poussière qui recouvre les vêtements, des maladies respiratoires dont souffrent tant de gens, y compris M. Côté.

On déménage rapidement pour Sainte-Hyacinthe, dans la région de Yamaska. Et là, le couple que forment mes parents explose. La torture et les traumatismes endurés par mon père le minent et le font sombrer dans une violence infernale. Il ne parvient plus à aimer ni à être aimé. Ma mère se retrouve devant quelqu’un qu’elle ne reconnaît plus. Elle a su résister aux « tontons macoutes » de la dictature haïtienne. Mais seule, en terre étrangère, là voilà démunie devant les explosions de violence de mon père, qui surgissent comme des tempêtes. Une nuit, elle me réveille pour m’annoncer que nous allons rentrer toutes les trois en Haïti. « Penses-tu que j’ai raison ? » chuchote-t-elle. J’ai 12 ou 13 ans. « Maman, je te suis ! »

Vous rentrez donc à Port-au-Prince ?

Et on ne tient pas trois mois. Tensions, violences, exactions… Un avion déverse des tracts sur Haïti contre Duvalier. Le dictateur dénonce une initiative de mon oncle René. Nous voici à nouveau pourchassées. Et nous parvenons de justesse à reprendre l’avion pour Montréal.

De quoi vivez-vous alors ?

Ma mère tente de s’en sortir en faisant des remplacements de professeurs dans les écoles, mais c’est insuffisant. Alors elle devient ouvrière dans un atelier de couture et rentre chaque soir avec les histoires incroyables de ses collègues immigrées, italiennes ou portugaises. Le midi, elle entreprend de leur donner des cours de français. Mais un jour, souffrant de sinusite chronique provoquée par la poussière des tissus, elle est contrainte d’arrêter. Elle n’a ni pension alimentaire, ni couverture santé, mais se refuse à demander l’assurance chômage, à laquelle elle a pourtant droit : « Ce pays m’a déjà tant donné ! »

Elle supplie les sœurs d’une communauté connue en Haïti de lui fournir n’importe quel travail dans un hôpital psychiatrique de Montréal, dont elles ont la charge. Et elle se prend d’amour pour les malades mentaux. Un programme de formation lui est bientôt ouvert. Elle retourne à l’école, travaille jour et nuit, et passe son diplôme d’infirmière.

C’est son exemple qui vous conduira très vite à travailler, pendant et après vos études, dans une organisation d’aide aux femmes victimes de violences ?

Je suis formée à être citoyenne depuis mon plus jeune âge. Cela implique devoir et responsabilité. Je n’ai pas le droit d’être indifférente. Alors oui, je tente d’aider et je participe à la création d’un réseau de refuges pour les femmes victimes de violences conjugales. C’est dans la même idée de servir que j’arrive au journalisme. En militante. Et pas pour me montrer à la télé. Passionnée par ce qui se passe en Haïti, après la chute de Duvalier, je retourne sur mon île et travaille à un documentaire sur les premières élections libres de 1987.

Mais c’est l’horreur. Des électeurs sont massacrés, des journalistes également pris pour cibles. Quand je rentre au Canada, la télévision publique me remarque et me fait des propositions. J’accepte, à condition de pouvoir traiter tous les sujets, dans toutes les régions, et pas uniquement « les communautés culturelles ». Je n’ai pas fait d’école de journalisme et je revendique une sensibilité et un regard particuliers. Et j’ai bien conscience qu’être la première femme noire à présenter le journal télévisé envoie un signe fort au public.

Le signe est encore plus fort lorsque le premier ministre vous propose en 2005, après dix-huit ans de journalisme, de devenir gouverneure générale du Canada, chef de l’Etat !

Je mets quatre semaines à rendre ma décision. Quand on est militant, on réfléchit. Qu’est-ce que je vais faire là ? D’ailleurs, quand les hommes de son cabinet sont venus me voir, j’ai d’abord écrit sur la nappe en papier une quinzaine de noms. Avez-vous pensé à Untel ? A Unetelle ? Ils ont souri, et m’ont répondu qu’ils avaient fait leur boulot. J’incarnais un Canada riche de sa diversité. Et j’ai accepté, en me disant que j’allais arpenter ce vaste pays, et voyager dans le monde, porteuse de mon histoire, de mon engagement, de mes valeurs.

Les images de votre rencontre avec le président Obama en 2009 semblent refléter une complicité immédiate. Qu’avez-vous ressenti ?

J’avais suivi sa campagne avec passion. Et le jour de son investiture, j’avais fait installer un écran géant dans la salle de réception de la résidence et j’avais invité plein de jeunes, des Noirs, bien sûr mais, au-delà, « tout l’arc-en-ciel » des origines du Canada, à écouter son discours. C’était un moment historique pour la Terre entière et je buvais chacun de ses mots. Et puis, comme le veut la tradition, son premier voyage officiel a été le Canada, le plus proche voisin. Je l’attends, un peu anxieuse, sur la piste de l’aéroport. Qui était-il vraiment ? Il descend de l’avion, le sourire radieux. « Qui aurait pu imaginer ? ; me dit-il. La commandante en chef du Canada et le commandant en chef des Etats-Unis sont tous deux d’ascendance africaine ! N’est-ce pas formidable ? »

Nous marchons tous deux sur le tapis rouge. Et sur les photos, nous arborons un sourire joyeux et complice. J’ai l’impression qu’on ne touche pas terre. On n’arrête pas de parler. Des Etats-Unis, terre de ségrégation. Du Canada, qui aime se percevoir comme terre de liberté pour les esclaves du Sud fuyant leur condition, mais dont les grandes familles et les communautés religieuses possédaient elles aussi des esclaves. Il y a des Noirs à Montréal qui sont les descendants de ces esclaves. Gouverneure générale noire, j’ai le souci de cette mémoire.

Et forte de cette mémoire, vous consacrez à l’Afrique dix visites d’Etat en cinq ans.

Bien sûr ! Je commence par le Nord, l’Algérie. Et j’y rends hommage aux femmes qui ont résisté pendant la décennie de sang. Et puis j’arrive au Mali. Et là… Oh mon Dieu ! Je me reconnais dans tout. Je ne connais pas les langues, mais je connais toutes les danses. Mon corps répond ! On communique avec le corps là où les mots manquent. Je l’ai appris avec ma mère et ma grand-mère. Partout, je danse avec les femmes. Cela fait partie de cette diplomatie de proximité que j’aime tant. Le peuple. Le terrain. Et en pays dogon, je comprends que l’humanité est née sur ce sol. Que l’Afrique est la terre de toutes nos origines. Pas seulement des miennes.

Le poste de secrétaire général de la francophonie, auquel vous avez postulé en 2014, revenait traditionnellement à un chef d’Etat africain.

Ce sont les Européens qui semblaient tenir à cette règle non écrite. Et ce sont les chefs d’Etat africains qui m’ont soutenue. Ils me connaissaient. Ils avaient confiance. Et ils étaient choqués qu’on me prétende non-Africaine. Pour eux, j’incarnais au contraire le concept de l’africanité globale. Et me nommer à ce poste, c’était reconnaître que les Amériques ont été construites par la sueur et le sang des Africains et que la francophonie aurait besoin de l’énergie d’une femme issue du Nord et du Sud.

Car la francophonie est un idéal d’une modernité extraordinaire ! Elle n’est pas le fruit de la France, mais l’idéal d’une poignée d’hommes du Sud – le Cambodgien Sihanouk, le Sénégalais Senghor, le Tunisien Bourguiba – qui prennent acte de l’effondrement du système colonial et veulent reconstruire un espace commun, uni par la langue, et animé d’une volonté de fraternité, de diversité, de coopération et d’humanisme intégral. Ce n’est pas un avatar du colonialisme ! Ce n’est plus la Françafrique. La France est un Etat parmi 83 autres, sur cinq continents. Et on se bat sur le développement durable, la sécurité, l’accompagnement des processus électoraux et, bien sûr, la crise migratoire et le scandale du chômage des jeunes dans les pays africains.

« Nous sommes assis sur des poudrières », me disent de nombreux chefs d’Etat. Tant de jeunes sont en danger. Tant de gamins constituent les proies d’organisations criminelles qui, sous la façade de la religion, profitent de leur précarité pour les embrigader et les envoyer sur les sentiers de la mort, pour tuer et être tués. C’est à la source qu’il faut tenter de résoudre la tragédie migratoire.

Perd-on un jour le sentiment d’exil ?

Jamais. Je porte mon histoire partout où je vais. Et lorsque je participe à l’ONU à une grande assemblée sur la question des migrants, je peux affirmer haut et fort que pour moi, il ne s’agit pas de statistiques mais d’un chapitre de ma vie. Je suis sans doute la seule chef d’Etat à pouvoir dire cela. A connaître la vulnérabilité du réfugié et le défi de renaître à soi-même.

Votre mère a-t-elle ressenti le besoin de revenir en Haïti ?

Sa mémoire était trop douloureuse et trop chargée. Elle est morte d’Alzheimer, sans être jamais retournée en Haïti. Les Duvalier avaient saccagé la tombe de sa mère, une façon de signifier : on vous déracine. Elle ne l’a jamais pardonné. Et la rupture avec mon père, qui était l’homme de sa vie, a été un coup terrible. Mais elle avait émis un souhait : que ses cendres soient ramenées en Haïti. Une partie devait être placée dans le caveau familial ; l’autre, jetée à la mer pour remonter le courant et retourner au pays des ancêtres. Alors avec ma fille, Eden, j’ai fait exactement cela. Sur une plage de Jacmel, habillées tout en blanc, nous avons fait une grande cérémonie vaudou. Puis nous sommes montées en pirogue afin de jeter à l’eau les cendres de maman. Le chemin du retour vers l’Afrique.

Le Monde organise, dans le cadre du Monde Festival, une conversation avec Michaëlle Jean, dimanche 24 septembre à 17 h 30 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris.

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