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Politique

La France prépare sa sortie de la production d'hydrocarbures

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Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, le 28 août 2017, dans la cour de l'Elysée à Paris -AFP/Archives/LUDOVIC MARIN
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, le 28 août 2017, dans la cour de l'Elysée à Paris -AFP/Archives/LUDOVIC MARIN

Le gouvernementprésente mercredi un projet de loi pour interdire à terme la production d'hydrocarbures en France, une mesure essentiellement symbolique saluée par les écologistes mais qui suscite la colère des industriels.

Le "projet de loi relatif à l'interdiction de l'exploitation des hydrocarbures", qui sera présenté par le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, doit graver dans le marbre des promesses de campagne d'Emmanuel Macron.

Le gouvernement veut "amorcer la sortie progressive de la production d'hydrocarbures sur le territoire français à l'horizon 2040", selon des documents qui ont été présentés récemment au conseil national de la transition écologique (CNTE).

Concrètement, il n'attribuera plus de nouveaux permis d'exploration et ne renouvellera pas les concessions d'exploitation existantes.

La France veut ainsi décourager l'utilisation de ces hydrocarbures, qui dégagent des gaz à effet de serre lors de leur utilisation, afin de rester dans les objectifs de l'Accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique.

La mesure est aussi destinée à limiter les risques de pollution, notamment en mer, en cas d'accident.

Concernant les hydrocarbures dits non conventionnels (comme le gaz de schiste), leur exploration et exploitation par la technique de fracturation hydraulique - la seule disponible à ce jour - avait déjà été interdite en 2011.

Mais la loi leur fermera désormais définitivement la porte en précisant que l'interdiction se pose "quelle que soit la technique utilisée".

Il existe toutefois une exception parmi les nouvelles règles: le gaz de mine (grisou) continuera à être capté pour des raisons de sécurité et de protection de l'environnement: il est très dangereux car explosif et il contribue fortement au réchauffement climatique.

Le gouvernement veut aussi donner le temps aux entreprises du secteur pour qu'elles s'adaptent, en permettant la prolongation des permis exclusifs de recherche déjà attribués et le premier octroi d'une concession d'exploitation dans la foulée d'une éventuelle découverte.

- "Un signal" -

Le projet de loi provoque malgré tout la colère du secteur pétrolier. "C'est un projet symbolique, politique, et qui ne présente que des inconvénients pour le pays", juge Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).

Le président de l'Union française des industries pétrolière, Francis Duseux, le 28 mai 2016 à Paris -AFP/Archives/FRANCOIS GUILLOT
Le président de l'Union française des industries pétrolière, Francis Duseux, le 28 mai 2016 à Paris -AFP/Archives/FRANCOIS GUILLOT

"Il n'aura aucun impact sur la consommation de pétrole et conduira à augmenter les émissions de gaz à effet de serre puisque ce qu'on ne produit pas en France, il faudra l'importer", souligne-t-il.

Les associations écologistes se réjouissent en revanche de ces mesures. "Ce dossier porte un message politique important. Il y a là un signal, et on est satisfait", réagit Michel Dubromel, président de France nature environnement (FNE).

"Ce qui nous semble important est de préparer la transition. Et 2040, cela permet aux acteurs économiques et sociaux de se préparer", estime-t-il.

Actuellement, 63 concessions d'hydrocarbures sont en cours de validité, concentrées dans les bassins parisien et aquitain.

- Quid de la Guyane? -

La France n'a produit que 815.000 tonnes de pétrole l'an dernier, soit environ 1% de sa consommation. Le canadien Vermilion est le principal producteur du pays mais la France importe massivement son pétrole comme son gaz.

Une plateforme pétrolière de la société britannique Tullow Oil, le 17 septembre 2011, au large du département français la Guyane. -AFP/Archives/JODY AMIET
Une plateforme pétrolière de la société britannique Tullow Oil, le 17 septembre 2011, au large du département français la Guyane. -AFP/Archives/JODY AMIET

Le seul gisement d'importance a fermé: c'était celui de gaz à Lacq (Pyrénées-Atlantiques), découvert dans les années 50 et exploité jusqu'à il y a quelques années.

"La France n'est pas un grand pays en matière pétrolière et gazière", relève Francis Perrin, chercheur associé à l'OCP Policy Center (Rabat).

Du coup, sa décision "ne va pas changer la face du monde et les équilibres énergétiques mondiaux", juge-t-il.

En revanche, les compagnies pétrolières avaient porté leurs espoirs vers l'outre-mer. "Il y a un point d'interrogation sur la Guyane", indique Francis Perrin.

La société britannique Tullow Oil avait trouvé du pétrole en 2011 au large du département français mais les puits d'appréciation forés par la suite se sont avérés décevants.

La découverte a toutefois soulevé l'espoir des compagnies pétrolières - et les craintes des écologistes. D'autant que le géant américain ExxonMobil a fait des découvertes géantes au Guyana, un pays voisin.

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