La jeune prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, le 1er septembre 2017 à Mexico

La jeune prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, le 1er septembre 2017 à Mexico

afp.com/ALFREDO ESTRELLA

"Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le coeur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie", écrit la jeune Pakistanaise sur son compte Twitter, suivi par près de 850.000 personnes.

Publicité

"Ces dernières années, je n'ai cessé de condamner le traitement honteux dont ils font l'objet. J'attends toujours de ma collègue prix Nobel Aung San Suu Kyi qu'elle en fasse de même", dit la jeune femme qui s'apprête à devenir étudiante à Oxford, comme son homologue birmane quelques dizaines d'années plus tôt.

Alors que les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) assurent défendre les droits bafoués des Rohingyas, Aung San Suu Kyi est silencieuse, malgré un bilan d'au moins 400 morts.

Seul son service de presse distille depuis dix jours photos de membres des forces de l'ordre tués à l'arme blanche et commentaires acerbes contre les médias internationaux, accusés de ne pas désigner systématiquement les attaquants rohingyas comme des "terroristes".

Lundi, Aung San Suu Kyi a rencontré la chef de la diplomatie indonésienne, Retno Marsudi, envoyée pour tenter de faire pression sur la Birmanie.

Seules quelques photos ont été diffusées, sans mention des dizaines de milliers de réfugiés ou des violences imputées à l'armée.

"La violence et cette crise humanitaire doivent cesser immédiatement", avait lancé dimanche soir le président indonésien Joko Widodo, en annonçant cette mission diplomatique.

Dimanche, quelques heures avant cette déclaration, un cocktail Molotov a été jeté sur l'ambassade de Birmanie à Jakarta, sans faire de blessés.

- Crise régionale -

Mais les dirigeants des pays musulmans de la région -au premier rang desquels l'Indonésie- sont inquiets de la colère croissante de leur population.

L'Iran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, insiste: "une action internationale est cruciale pour éviter un nettoyage ethnique".

Au Pakistan, le ministère des Affaires étrangères appelle la Birmanie à enquêter sur les accusations d'atrocités commises contre cette minorité, considérée par l'ONU comme une des plus persécutées au monde.

"Nous sommes très inquiets face au nombre croissant de morts et de musulmans rohingyas forcés à se déplacer", dit Islamabad, alors que les talibans afghans dénoncent un "génocide".

"La situation terrible de nos frères et soeurs rohingyas doit être améliorée pour le bien de la Birmanie et de toute la région", appelle de son côté le Premier ministre de Malaisie Najib Razak.

Avant Malala et les responsables des pays musulmans de la région, plusieurs voix se sont élevées ces dernières semaines pour tenter de faire sortir Aung San Suu Kyi de sa réserve, en vain.

Une commission internationale dirigée par l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan avait appelé le 24 août, veille du début des hostilités, la Birmanie à donner plus de droits à sa minorité rohingya, faute de quoi elle risque de "se radicaliser".

Fin novembre, ce sera au tour du pape François, ardent défenseur de la cause rohingya, de se rendre en Birmanie et de rencontrer Aung San Suu Kyi.

Publicité