En voyant la photo, le sang de Delphine Rémy-Boutang n’a fait qu’un tour: onze hommes en chemise blanche et jean marine, shootés sur une terrasse avec vue sur la tour Eiffel, pour illustrer une enquête sur les start-up françaises « enfin prêtes à jouer dans la cour des grands ». L’image de la « start-up nation » sans la moindre femme! Publié fin août par notre confrère le magazine Capital, sur une double page, le cliché fait des vagues depuis sa publication, entraînant une levée de boucliers sur les réseaux sociaux de la part des associations féminines et féministes.
Devialet, Actility, Algolia... nos start-up sont enfin prêtes à jouer dans la cour des grands https://t.co/oFNwA3bNAH
— Capital (@MagazineCapital) 29 août 2017
La fondatrice de la Journée de la femme digitale (JFD) et de l’agence digitale The Bureau, elle, n’a pas jugé utile d’alimenter la polémique sur Twitter. Mais en femme d’action, elle a organisé la riposte, non dépourvue d’humour: une photo de groupe en forme de manifeste, prise ce 4 septembre dans l’après-midi, pour laquelle treize créatrices de start-up ont répondu présentes. La consigne était de porter chemise blanche et jean comme ces Messieurs. Et comme eux, elles aussi ont été photographiées avec en arrière-plan la la tour Eiffel, symbole de la capitale et de sa vitalité en matière de création d’entreprises.
Discrimination positive
« Si l’on continue à ne montrer que des rôles modèles masculins, on n’aura aucune chance d’augmenter la part des femmes », explique Delphine Rémy-Boutang, pour qui cette photo constitue un symbole particulièrement fort. Minoritaires dans cet univers, les femmes sont pourtant bien présentes, au travers d’associations comme Paris Pionnières ou StartHer, dans les incubateurs (elles représentent 40% des jeunes pousses installées à station F) ou par l’intermédiaire de figures comme Alice Zagury (The family), Roxanne Varza (Station F) ou Fany Pechiodat (My Little Paris), présente sur la photo.
« Il faut faire de la discrimination positive pour atteindre l’équilibre hommes/femmes », estime Delphine Rémy-Boutang. La dirigeante a mobilisé ses troupes d’autant plus vite qu’elle inaugure ce mercredi 6 septembre, en présence de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalite hommes/femmes, un espace de networking, le JFD Connect Club, près du Trocadéro, à Paris. De quoi réseauter comme des hommes, car « dans la vraie vie, les choses se font par des rencontres et des recommandations », rappelle-t-elle. Après son joli coup médiatique, nul doute qu’il risque d’avoir du succès
Liste des participantes à cette photo: Fany Pechiodat, confondatrice de MyLittleParis, Eliette Vincent, fondatrice de Cocolis, Gaelle Frizon de Lamotte, fondatrice de OLY Be, Anna Stepanoff, CEO de WildCodeSchool, Philippine Dolbeau, fondatrice de NewSchool, Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers, Marjolaine Grondin, CEO de Hellojam, Caroline Ramade, directrice de Paris Pionnières, Anne-Christelle Pérochon, CEO de BIM, Sergine Dupuy, fondatrice de RedPill, Isabelle Mashola, CEO Isahit, Marie Schneegans, founder Never Eat Alone, Fanny Bouton, spécialiste des nouvelles technologies, Delphine Remy-Boutang, fondatrice du JFD Connect club, de la Journée de la Femme Digitale et de l'agence digital the bureau.