Marseille: Des élèves sans école font leur rentrée dans une classe vide
RENTREE SCOLAIRE•Parents d'élève et directeurs d'école dénoncent un manque d'anticipation face à la démographie croissante de la ville...Mathilde Ceilles
«Deux années de suite que je vis une rentrée de fada. » Le directeur de l’école Olivier Gillibert préfère en rire. En 2016, une classe de son école, situé dans le cinquième arrondissement de Marseille, se retrouvait sans locaux, alors que la Ville louait sur place une des salles à l’entreprise Numéricable. Cette année, Marc Nicolaï fait face à une autre déconvenue. Ce jeudi, dans la soirée, il a appris qu’il devait accueillir 29 élèves habitant le cinquième arrondissement et qui n’ont, pour l’heure, pas de place attitrée dans une école.
Ces élèves, du CP au CM2, sont pris en charge dans ce que l’Education nationale nomme une « classe accueillante ». Ce dispositif a été créé l’année dernière, après que 600 élèves de Marseille se sont retrouvés sans affectation à la rentrée 2015. « Il s’agit de notre variable d’ajustement face notamment à des inscriptions tardives, fait valoir le rectorat d’Aix-Marseille. Ils ne sont pas sur notre liste : les enfants ne sont pas inscrits, ou alors au dernier moment. Une ville comme Marseille représente une structure énorme et il y a un petit décalage. »
Ainsi, l’année dernière, il y avait huit classes accueillantes dans l’académie. « Mais c’est une solution provisoire, et ce n’est pas de la garderie, précise le rectorat. Il y a un vrai enseignant devant eux le jour de la rentrée, les élèves ne sont pas laissés sur le carreau en attendant de leur trouver une place définitive dans une classe. »
Une classe sans chaise ni table
Oui mais voilà : prévenu tardivement, Olivier Gillibert, qui accueille déjà plus de 350 enfants dans 14 classes, se retrouve dans l’incapacité d’accueillir cet effectif supplémentaire dans de bonnes conditions. Par manque de place, cette « classe accueillante » se fait donc dans la petite salle de danse de l’école, totalement vide et dépourvue de chaises, de bureaux ou de tableaux.
« Je ne savais même pas combien d’élèves allaient venir sur les 29, explique Marc Nicolaï. Encore, on aurait su en juin, on aurait pu s’organiser. » Ce matin, seuls six élèves se sont présentés. « Eux aussi ont été avertis au dernier moment ! »
« Du bricolage de dernière minute »
« Parmi ces enfants, un seul habite le secteur, déplore Marie Otchavosky, président de l’association des parents d’élèves de l’école Olivier Gillibert. Certains habitent très loin, ce qui est problématique pour des enfants censés venir à l’école à pied ! » La maman d’élève est exaspérée. « Pour moi, ces classes sont du bricolage de dernière minute face à la démographie croissante du centre-ville de Marseille. »
Et de préciser : « Près de l’école, il y a de nouveaux immeubles livrés ou en construction, avec des enfants dedans ! Il y en a ras le bol. Pour moi, le problème, c’est la mairie qui ne construit pas de nouvelles écoles. Il faut une vraie politique d’anticipation pour pouvoir accueillir des enfants dans de bonnes conditions, pas avec des classes à 29/30 comme maintenant ! »
Près de 500 inscriptions cet été
La ville de Marseille compte 77.000 écoliers en cette rentrée scolaire. Selon l’adjointe aux affaires scolaires Danièle Casanova, ses services ont enregistré la semaine dernière soixante nouvelles inscriptions par jour, et 500 pendant l’été. « La livraison du matériel dans l’école Olivier Gillibert se fera demain ou après-demain. »
Et de justifier le recours à ces classes accueillantes. « Les inscriptions ouvrent en novembre et se terminent en mars. Marseille est une ville qui bouge, il y a énormément de déménagements entre mars et septembre. Nous réagissons au plus vite mais ce n’est pas évident. » Selon nos confrères de France 3, 140 élèves marseillais seraient pour l’heure pris en charge dans ces classes provisoires.
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