L'interception des convois transportant les combattants de l'État islamique (EI) et leurs familles, mercredi dernier, après une série de frappes aériennes menées par la coalition internationale sous commandement américain, a suscité au cours du week-end dernier une valse de réactions du côté de la coalition aussi bien que de la part du Hezbollah, mais aussi des familles des militaires victimes de l'EI, qui ont vivement protesté contre les assertions humanitaires du parti chiite à l'égard des jihadistes. Le spectacle du cortège des combattants de l'EI encerclés par la puissance de feu de la coalition est venu refléter, une fois de plus, les équilibres en présence sur la scène syrienne.
Pour les familles des militaires qui étaient détenus par l'EI, le communiqué du Hezbollah dans lequel ce dernier s'inquiétait du sort des convois transportant les jihadistes et leurs familles est chose inadmissible. Le Hezbollah avait accusé samedi les forces de la coalition « d'entraver l'avancée » de la plupart des 17 bus transportant les jihadistes et leurs familles, et de les « encercler au milieu du désert » syrien. Les avions de la coalition « empêchent également quiconque de les rejoindre, ne serait-ce que pour fournir de l'aide humanitaire aux familles, aux malades, aux blessés et aux personnes âgées », affirmait le communiqué.
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Cette déclaration a mis hors d'elles les familles des soldats tués aux mains des combattants de l'EI et exfiltrés vers la Syrie aux termes d'un accord conclu entre le Hezbollah et le régime syrien. Le porte-parole des familles des militaires, Hussein Youssef, a dénoncé « cette crainte et cette préoccupation pour le sort du convoi des tueurs des militaires, alors qu'elles auraient dû l'être envers nos enfants ». Ces derniers « auraient dû être ramenés à leurs parents en bonne santé et non en martyrs, et sans que l'on fasse fuir leurs tueurs d'une manière aussi honteuse », a encore dit M. Youssef. Onze militaires avaient été enlevés en août 2014 par l'EI à Ersal. Deux avaient été décapités la même année, et un troisième avait fait défection. Dix dépouilles mortelles ont été retrouvées et sont en cours d'identification.
Dimanche, la coalition antijihadistes conduite par les États-Unis a affirmé qu'une partie du convoi s'était dirigée vers l'Ouest en direction de Palmyre dans la province de Homs (centre), sous contrôle gouvernemental. Les autres bus seraient toujours bloqués dans le désert. Mais certaines informations de presse non confirmées ont laissé entendre qu'une partie des combattants seraient arrivés à Boukamal, située aux confins de la province de Deir ez-Zor, à la frontière entre la Syrie et l'Irak.
La coalition a indiqué avoir proposé un plan pour épargner « de nouvelles souffrances » aux femmes et aux enfants, sans fournir plus de détails. « Nous continuerons à surveiller le convoi, mais nous ne lui permettrons pas de rejoindre l'EIIS dans la vallée de l'Euphrate », a-t-elle ajouté, utilisant un autre acronyme pour l'EI.
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« Action humanitaire »
Les Américains persistent ainsi dans leur volonté d'interdire au convoi de parvenir à destination, et ce à l'heure où les Russes, mais aussi le régime syrien observent un mutisme total à ce sujet.
« Il était certain que les Américains n'allaient pas laisser passer les jihadistes parvenir à bon port. Le Hezbollah est tombé dans son propre piège, n'ayant pas envisagé une action militaire contre un convoi transportant notamment des civils », commente un général à la retraite qui a requis l'anonymat. Selon lui, pour comprendre l'enjeu actuel sur la scène syrienne, il faut placer les récents développements sous le prisme de la guerre larvée qui a actuellement lieu entre l'Iran et la Russie en Syrie. C'est ce qui expliquerait, selon lui, le mutisme du régime syrien après la frappe effectuée par la coalition. « Le régime syrien cherche tout simplement à garder profil bas dans ce bras de fer entre Moscou et Téhéran, et se tirer d'affaire pour rester en place, une stratégie qu'il a d'ailleurs toujours suivie », dit-il.
Le général à la retraite Khalil Hélou explique pour sa part le mutisme russe par le fait que Moscou « n'a aucun avantage à défendre la trêve concoctée par le Hezbollah avec les jihadistes alors qu'il porte l'étendard de la lutte contre les terroristes. Par conséquent, le Kremlin ne peut critiquer une frappe comme celle qui a été menée par la coalition », estime-t-il.
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Selon le politologue Ziad Majed, spécialiste de la Syrie, les Américains ne sont nullement concernés par le pragmatisme du Hezbollah et du régime syrien face à l'EI. « Ils veulent frapper fort et montrer qu'ils tuent le plus grand nombre de combattants de l'EI, alors que le régime et le Hezbollah veulent surtout contrôler le terrain avec le moins de pertes possible », dit-il.
Pour le général Hélou, le jeu d'échecs entre l'Iran et les États-Unis « n'a pas de fond stratégique, puisque le nombre de combattants de l'EI concernés, soit près de 350 (sans leurs familles), ne pèse pas lourd en termes militaires. C'est tout simplement un message clair au Hezbollah signifiant que ce sont les Américains qui posent désormais les règles du jeu ». Selon lui, on ne saurait comprendre les raisons d'un accord aussi « indulgent », s'il n'y avait pas derrière un échange de dépouilles mortelles de soldats ou de hauts conseillers iraniens tombés sur le champ de bataille en Syrie.
C'est dans cette perspective qu'il faudrait peut-être placer « l'élan humanitaire » manifesté hier également par l'Iran, qui s'est aligné sur la position du Hezbollah. Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Kasmi, a qualifié l'accord conclu entre le Hezbollah et l'EI « d'action humanitaire », soulignant que « la guerre contre l'EI est une chose, et le massacre de civils innocents, une autre ».
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commentaires (7)
hehe comment cela se fait il EXPLIQUEZ NOUS COMMENT LE HEZB NE VOULAIT PAS NEGOCIER AVEC LES DAESHISTE ET TOUT D'UN COUP ILS ONT LE COEUR DANS LA MAIN POUR CES MEMES DJIHADISTES ET DE SURCROIT SES MEDIA (LES MEDIA PROCHE DU HEZB) ONT TELLEMENT FAIT DE LA PROPAGANDE CONTRE L'EI QU'ILS FALLAIENT LES EXTERMINER !! TOMBER DANS SON PROPRE PIEGE TELLEMENT VRAI ILS ONT TELLEMENT PROPAGANDER DESSUS QU'ILS SONT TOMBER DANS LEUR PROPRE PIEGE
Bery tus
19 h 47, le 05 septembre 2017