Rennes. Premiers diplômes de laïcité

En cette période de rentrée solaire, le cursus « Religions, droit et vie sociale », passage obligé pour les responsables du culte que l'État emploie, va être renouvelé. Seize cadres et personnels de l'Ouest ont constitué la première promotion de Rennes avec, parmi eux, les imams de Brest et de Saint-Brieuc.

Rennes. Premiers diplômes de laïcité

Mariage civil, port du burkini ou encore d'un habit traditionnel en prison : Taïcha Ben Taled a potassé tous ces sujets au cours de son cursus « Religions, droit et vie sociale » à l'Université de Rennes et reconnaît s'être « enrichi d'une base laïque », pour mieux exercer sa fonction d'aumônier en prison.

 



125 heures de cours, un mémoire et un oral


Comme l'imam de Saint-Brieuc, une quinzaine de cadres religieux et personnels des administrations, neuf femmes et sept hommes de niveaux disparates allant du bac au master-2, venus de tout l'Ouest, ont composé la première promotion bretonne de ce diplôme universitaire, souhaité par Manuel Valls, ministre de l'Intérieur de l'époque. Au total, 125 heures de cours ont été dispensées entre septembre et mai, suivies d'un mémoire et d'un oral. Les enseignements ont notamment porté sur les relations entre l'État et les religions, l'individu et la liberté de religion, le droit des organisations religieuses, l'éthique ou encore la fiscalité des cultes. Des connaissances qui permettront de « répondre aux questions » des fidèles, explique Taïcha Ben Taled, qui a validé son diplôme fin juin, tout comme cinq autres imams, dont celui de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, qui s'était fait connaître en publiant sur internet des vidéos polémiques.

Quatorze établissements en France


« Beaucoup de gens pensent que la laïcité, c'est interdire. La laïcité, c'est la liberté de chacun d'exercer ou non les religions », avance, Brigitte Feuillet, responsable pédagogique et professeur de droit. « 80 % des enseignements comportent du droit, qui est finalement un moyen de faire vivre ensemble des pensées et des religions différentes », affirme-t-elle. Désormais, les responsables du culte de toutes les religions que l'État emploie dans les hôpitaux, les prisons ou au sein de l'armée ne seront recrutés que s'ils obtiennent ce diplôme auprès d'un des quatorze établissements qui le dispensent en France.

« Chacun osait mettre les pieds dans le plat »


« Sur le papier, la composition de notre formation était improbable : des métiers différents, des âges allant de 22 ans à presque 60 ans mais on prenait du plaisir à se retrouver tous les lundis », déclare Pauline Biou, responsable des aménagements de peines au centre pénitencier de Rennes. « Un bol d'air » pour la jeune femme qui s'est longtemps sentie « oppressée par le débat sur le burkini ». Avec ses camarades de classe, « où chacun osait mettre les pieds dans le plat », elle s'est interrogée sur « l'intention religieuse de ce maillot de bain ». « On est dans un contexte où l'on met du religieux là où il n'y en a pas, on mélange tout », regrette la juriste, qui se déclare athée. « J'ai appris presque autant dans les échanges informels, à la pause du déjeuner, avec mes collègues, que pendant les cours », ajoute la major de sa promotion, où religieux et anti-religieux se côtoyaient.

Un sujet « très mouvant et pas arrêté »


« C'est passionnant parce qu'eux se demandaient comment on peut vivre sans croire et nous, inversement ». « Si nous n'étions pas d'accord, on en discutait sans être emportés par des élans d'enthousiasme religieux », atteste Florence Simiand, en charge de l'aumônerie catholique de l'enseignement public d'Ille-et-Vilaine. À l'issue de la formation, Pauline Biou, dont le mémoire portait sur « le port du vêtement cultuel en détention », sait désormais vers quel texte de loi se référer dans son quotidien professionnel. Pour autant, elle admet qu'« il s'agit beaucoup d'une question d'appréciation ». « Je suis repartie avec plus de questions qu'au départ. Ce n'est pas plus mal finalement, cela montre que le sujet est très mouvant et pas arrêté ».

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