Terrorisme : un plombier découvre un atelier de fabrication d'explosifs à Villejuif

Deux hommes ont été arrêtés ce mercredi après-midi dans le Val-de-Marne après la découverte dans un appartement d'un laboratoire susceptible de fabriquer du TATP, l'explosif des djihadistes. 

    Un problème de fuite d'eau récurrente, qui s'était déclarée il y a plusieurs semaines déjà, est à l'origine de la plus sérieuse alerte antiterroriste de l'été en France. Un plombier qui intervenait mercredi matin dans un petit immeuble de Villejuif (Val-de-Marne) a sans doute permis de déjouer un attentat imminent et d'interpeller deux suspects. «Cet artisan se trouvait en extérieur quand il a aperçu des produits chimiques sur une terrasse, raconte une source proche de l'enquête. A travers la baie vitrée, il a aperçu un fer à souder et un réchaud. » A 10h30, il téléphonait à un policier du XVIIIe arrondissement qu'il connaissait. L'alerte était donnée.

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    Lorsque les enquêteurs sont entrés dans cet appartement vide de tout occupant, au 3e et dernier étage d'une résidence, ils sont tombés sur un «atelier» de chimiste dissimulé aux regards par des bâches en plastique, formant comme une «sorte de tente». Des produits étaient étalés de manière disparate sur une petite table en aggloméré. Dans un saladier en verre, lui-même déposé dans une bassine, se trouvait un liquide blanchâtre, avec à proximité une petite bouteille d'eau oxygénée et un nécessaire à fondue. A terre, sur le dallage, étaient déposées plusieurs bouteilles d'acétone. Certains des produits découverts peuvent être combinés à l'eau oxygénée pour fabriquer du TATP, l'explosif artisanal prisé des djihadistes de Daech. Un explosif puissant, pouvant être aisément confectionné malgré son caractère instable. Des écrits en langue arabe, notamment la mention «Allah est grand» à deux reprises, se trouvaient également sur la table.

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    «Il était 13h15. Des policiers armés, casqués, ont frappé à ma porte et m'ont dit : Vous avez dix secondes pour sortir», raconte Sylvie, habitante de l'immeuble, boulevard Chastenet-de-Géry. Sans plus d'explication, elle a juste eu le temps de prendre sa chienne en laisse. Après avoir établi un très large périmètre de sécurité qui a notamment obligé des candidats à un concours de l'école de la magistrature à se mettre à l'abri et les commerces à fermer, les démineurs du laboratoire central de la préfecture de police de Paris ont inventorié les produits. Selon une source proche de l'enquête, ils ont recensé au total 100 grammes de TATP, une dizaine de litres d'eau oxygénée et de quoi confectionner des colis piégés. Ils n'ont quitté les lieux que vers 19 heures, une fois le site sécurisé.

    Du matériel permettant de fabriquer du TATP a été découvert dans le laboratoire ainsi que des documents en arabe.

    En début d'après-midi, les services antiterroristes ont retrouvé le propriétaire de l'appartement et l'un de ses proches, dans un Citroën Jumper blanc au Kremlin-Bicêtre, une commune limitrophe. Ils ont été interpellés sur la nationale 7. Le premier, âgé de 36 ans, né à Amiens (Somme), serait agent hospitalier au Kremlin-Bicêtre. Le second, un antiquaire de 47 ans, né en Tunisie, a été conduit chez lui, près de la porte de Brancion, dans le XVe pour une perquisition. Aucun n'est connu des services de renseignement. Aucun n'a été condamné. La Section antiterroriste de la brigade criminelle parisienne (SAT) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont été saisies. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a salué le «réflexe citoyen» de l'artisan à l'origine de l'alerte. Dans l'appartement du 3e étage, hier soir, les enquêteurs continuaient leurs constatations.

    VIDEO. Opération antiterroriste : des habitantes de l'immeuble témoignent