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VENEZUELA

"Retratos urgentes", la crise vénézuélienne racontée à la première personne

Des forces de l'ordre qui foncent sur un enfant, des manifestants brutalisés, des arrestations arbitraires... Les témoignages de Vénézuéliens recueillis dans "Retratos urgentes" livrent un nouveau regard sur la crise vénézuélienne.

En quatre mois, "Retratos Urgentes" a diffusé sur YouTube 32 vidéos de témoignages sur la crise vénézuélienne.
En quatre mois, "Retratos Urgentes" a diffusé sur YouTube 32 vidéos de témoignages sur la crise vénézuélienne. Retratos Urgentes (Youtube)
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Des récits poignants révèlent la violence du gouvernement de Nicolas Maduro depuis le début des manifestations au Venezuela, le 1er avril. "Une des choses qui m’a le plus choqué, c’est ce blindé qui fonce sur cet enfant devant mes propres yeux", se souvient Gustavo Mendoza, journaliste reporter d’images ("Retrato Urgente #5").

Vladimir Galavis, 56 ans, oncologue de profession, revient sur le rassemblement de médecins auquel il a assisté en mai dernier pour dénoncer le manque de moyens humanitaires dans tout le pays. Avec sa blouse blanche et une vingtaine d’autres collègues, le médecin a défié la garde nationale bolivarienne (GNB) qui leur bloquait l’accès dans les rues de Caracas. "Je me suis approché d’un des officiers, je l’ai pris dans mes bras et je lui ai demandé de ne pas s’en prendre aux manifestants. Il m’a répondu de rester derrière lui", raconte-t-il. Mais quand Vladimir Galavis décide de rejoindre ses confrères, "le garde a alors ouvert son canon à eau sur moi, me jetant à terre”, poursuit-il. ("Retrato Urgente #17")

Nicolás Pérez Prieto, photographe de 26 ans, raconte, lui, comment un officier de la GNB lui a agrippé la gorge. "Je ne pouvais plus respirer. Je voulais crier mais aucun son ne sortait. [...] Je me suis ensuite évanoui", se souvient-il. Finalement pris en charge par la Croix Verte, le jeune homme a été hospitalisé cinq jours. ("Retrato Urgente #18")

"Lever le voile sur ce qui se passe dans le pays"

Chacun de ces visages filmés face caméra, via Skype, raconte à la première personne la répression des forces de l’ordre. En conjuguant l’art et la politique, "Retratos Urgentes" (littéralement "Portraits urgents", en espagnol) entend enfin donner la parole à tous les anti-Maduro. Ce projet permet d’illustrer cette "vague de protestations en levant le voile sur ce qui se passe dans le pays", explique Ciavaldini, un des réalisateurs vénézuéliens derrière le projet, installé en Argentine. Depuis le début des manifestations, il publie, avec ses acolytes Johann Pérez et Pedro Camacho, ces courts-métrages sur YouTube tous les trois jours pour dénoncer, entre autres, la répression violente des forces de l'ordre.

Le Venezuela, qui connaît une grave crise économique marquée par des pénuries de produits de première nécessité, est le théâtre de manifestations depuis avril contre le président Maduro, qui ont fait près de 130 morts. Alors que les Vénézuéliens dénoncent l'installation d'une dictature, le chef de l'État crie à la "tentative de coup d'État", allant jusqu'à évoquer parfois un complot émamant des États-Unis.

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Les documentaristes expatriés n’en sont pas à leur coup d’essai. Déjà en 2013, ils avaient réalisé un documentaire à distance, "Desde Afuera" ("Depuis l'étranger"), dans lequel ils utilisaient déjà Skype pour communiquer avec les Vénézuéliens sur ce qui se passait dans le pays. "Cette année, notre intérêt s’est focalisé sur la situation politique qui nous échappe car nous n’habitons plus dans le pays."

Au début, les réalisateurs se sont surtout appuyés sur leur réseau de journalistes pour recueillir des informations, des mots, des expériences, un vécu. "Puis, les témoignages se sont diversifiés à mesure que s’est intensifiée la répression dans la rue", poursuit Johann Pérez.

"Tant que la lutte se poursuit, nous serons là"

Ils ont également choisi de mettre en lumière des initiatives fortes, comme ces artistes qui se sont mobilisés pour chanter une adaptation espagnole d'"À la volonté du peuple", de la comédie musicale "Les Misérables", pour soutenir les protestataires. "Notre rêve, c’est que cette chanson accompagne les manifestants", commente l’une d’entre eux. "C’est important de mettre un terme à la violence avec l’art." ("Retrato urgente #13")

'Retratos urgentes" s’est aussi intéressé à cette organisation des Casques jaunes, composée entre autres de Andrea Díaz et Valentina Paez, qui expliquent "distribuer de la nourriture aux manifestants dans les rues pour les aider à tenir", en levant des fonds sur Internet notamment. ("Retrato urgente #26")

Après 32 numéros, les deux réalisateurs ne se sont pas fixé de délai dans le temps pour leur projet. "Tant que les personnes continuent de souffrir des dérives autocratiques du régime de Maduro, tant qu’elles veulent dénoncer les procédés dictatoriaux de l’État vénézuélien, tant que la lutte continue, nous serons là", affirme Jhon Ciavaldini.

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