Menacés par Trump, les Dreamers répondent : "Nous ne retournerons pas dans l'ombre"

Menacés par Trump, les Dreamers répondent : "Nous ne retournerons pas dans l'ombre"
Manifestation pour les migrants "Dreamers" contre Trump, le 5 septembre 2017 à San Francisco (PAX AHIMSA GETHEN / WIKIMEDIA COMMONS / CC BY-SA)

Etudiants, jeunes travailleurs, dans la high-tech ou l'enseignement... De très nombreux portraits de ces "rêveurs", arrivés enfants aux Etats-Unis, sont publiés alors que leur situation est remise en cause.

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La décision le 5 septembre de l'administration Trump de mettre fin d'ici six mois au programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA) a braqué les projecteurs sur les 800.000 bénéficiaires de cette mesure qu'avait prise Barack Obama, surnommés les "Dreamers" (rêveurs).

Selon une étude du Center for American Progress, un think tank progressiste, sur un échantillon de 3.000 personnes dans 46 Etats, 97% des Dreamers travaillent ou sont scolarisés (ou cumulent emploi à temps partiel et études).

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Qui sont les Dreamers, ces jeunes sans-papiers menacés par Trump ?Conséquence, l'expulsion éventuelle de ces anciens migrants présents depuis des années aura un fort impact économique sur les régions où ils sont le plus nombreux. Voici la carte des Etats qui y perdraient le plus en produit intérieur brut :

Mais derrière l'économie, il y a des individus, dont les médias américains donnent de nombreux portraits.

Le "New York Times" publie ainsi des dizaines de récits de jeunes immigrants qui ont échappé à l'expulsion et pu travailler sous l'administration Obama. Chacun de ces articles est une histoire de vie.

Portraits de Dreamers par le "New York Times"

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Portraits de Dreamers dans le "New York Times"

Amy Cho y raconte son "American dream" (rêve américain), qui lui a permis de devenir conceptrice en expérience utilisateur "pour une des plus grandes entreprises de technologie du monde" après avoir travaillé pour plusieurs grandes compagnies.

Muslim Ban : les géants de la tech font circuler une lettre à TrumpLa jeune femme, qui prépare un master en interaction humain-ordinateur, l'affirme : "L'Amérique a toujours été mon foyer, mon rêve et mon espoir."

"Nous sommes la lumière"

Autre témoignage marquant sur le site du quotidien new-yorkais, cette profession de foi de Priscilla, enseignante de lycée à Brownsville, au Texas : 

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"Je me suis battue pour être acceptée dans un pays où je n'étais pas la bienvenue, je me suis battue pour mon diplôme, pour que ma famille reste unie, et maintenant je me bats pour mes étudiants. Je veux leur enseigner l'acceptation, la tolérance et l'amour les uns des autres. Je veux leur apprendre que la couleur de leur peau ou la langue de leur acte de naissance ne déterminent pas leurs avenirs. […]

Mon histoire, c'est celle de millions d'autres. Nous sommes ici, nous étudions, nous enseignons, nous innovons et nous sommes des personnes qui travaillons dur et sommes dévouées à nos communautés. La terre où nous marchons n'a pas de murs, notre ambition n'a pas de limites, notre désir de réussir n'a pas de frontières et nos esprits sont à toute épreuve. Nous ne retournerons pas dans l'ombre, parce que nous sommes la lumière."

Parcours militants

Peu avant l'élection de Donald Trump, en octobre, le Huffington Post a publié "10 histoires de Dreamers que vous devriez connaître", aux parcours militants.

Il cite entre autres Mohammad Abdollahi, né en Iran, qui a été l'un des premiers Dreamers à mener des opérations de désobéissance civile. Il a cofondé le collectif DreamActivist.org  et la National Immigrant Youth Alliance (NIYA).

Autre mini-bio du Huffington Post, celle de Prerna Lal-Schubiner. Cette native des Fidji se décrit comme "sans-papiers et sans peur". Elle milite contre les expulsions d'immigrants en général, soutient aussi les droits des migrants LGBT et est également une cofondatrice de DreamActivist.org.

Avocate à l'université de Berkeley (Californie), elle a mis en ligne un questions-réponses sur DACA et les étudiants.

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"Citoyens modèles"

Plusieurs journaux racontent également comment des Dreamers ont été pris de court par l'annonce de la suppression de leur protection alors qu'ils participaient aux opérations de secours après le passage de l'ouragan Harvey.

C'est le cas de Jesus Contreras, un ambulancier de Houston, interviewé alors qu'il avait déjà passé six jours comme volontaire bénévole à assister des victimes de Harvey :

"Nous venons juste d'en finir avec une tempête et on en affronte une autre."

"Après cette période de six mois, s'il n'y a pas de solution avec DACA, ça voudra dire que je perdrai mon permis de travailler, je perdrai mon emploi, mes amis, ma famille, tout ce pour quoi j'ai travaillé ici." Le jeune homme de 23 ans explique :

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"Je ne suis pas une anomalie, il y en a beaucoup, beaucoup comme moi qui font la même chose, qui donnent à leur communauté, qui travaillent dur pour la nation et qui essaient d'être des citoyens modèles."

"Aller à l'école"

Ximena Magana, une étudiante de 23 ans de Houston, est venue quasiment chaque jour de la semaine passée au centre de congrès de la ville, avec un groupe d'une vingtaine de Dreamers volontaires, pour assister en espagnol les immigrants.

Entrée aux Etats-Unis à 9 ans, elle a pu travailler parallèlement à ses études grâce à DACA. Elle raconte au journal en ligne Chron : "Dans beaucoup de familles, les [Dreamers] sont la principale source de revenus. Beaucoup d'entre eux vont contribuer à la reconstruction de leur maison."

Le même article cite deux autres étudiants : Oscar Ortega, 25 ans, venu il y a deux décennies du Mexique, n'est plus qu'à un an de son master de finance et s'inquiète pour son avenir. Karla Perez, en troisième année de droit, compte bien quant à elle obtenir son diplôme et s'inscrire au barreau du Texas pour travailler sur le droit de l'immigration.

Autre histoire d'intégration, celle de Rainy Leonor-Lake, 23 ans, arrivée à 6 ans aux Etats-Unis, de la République dominicaine. Elle explique à CBS News que le programme DACA a transformé sa vie, après une époque où elle restait à la maison 24 heures sur 24 sans pouvoir travailler ou suivre des cours. La fin de la menace d'expulsion décrétée par Obama en 2012 lui a permis de poursuivre sa scolarité : "Cela voulait dire que je pouvais aller à l'école et m'assumer économiquement."

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Elle a travaillé chez Burger King, s'est inscrite dans un lycée, et continue actuellement ses études tout en travaillant pour un groupe de défense des droits des latinos.

"Nous sommes tous effrayés"

La nouvelle échéance de six mois laissée par Trump au Congrès pour déterminer une nouvelle loi sur les Dreamers vient jeter à nouveau l'angoisse sur sa vie et celle des autres immigrants arrivés enfants aux Etats-Unis : "Nous sommes tous effrayés de ce qui va arriver dans six mois, et de notre possibilité de continuer à travailler, à aller à l'école et à conduire", explique la jeune femme.

Les "Dreamers" promettent de se battre contre la décision de Trump
Ces portraits, forcément fragmentaires, annoncent la suite : les Dreamers et leurs soutiens vont continuer à se faire entendre dans les six mois qui viennent, avant la date butoir fixée par Trump à leur droit à vivre et travailler dans le pays où ils vivent depuis leur enfance.

Lors d'une manifestation pour les Dreamers, à New York le 5 septembre, on pouvait lire ce slogan : "New York défend vigoureusement DACA. Cette ville a été bâtie par des immigrants. Nous ne cesserons pas de combattre."

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