Lot. Une commune se rebelle et crée son école

« L'école, c'est la vie de la commune », estime le maire de Molières. L'école de cette commune rurale du Lot était promise à la fermeture, mais parents d'élèves et mairie ont décidé de recruter une institutrice et d'ouvrir une classe hors contrat, pour « sauver la vie du village ».

Le maire de Molières, Jean-Marie Laborie, et la présidente des « Pitchouns à Molieres », Stéphanie Cantaloube, devant l'école.
Le maire de Molières, Jean-Marie Laborie, et la présidente des « Pitchouns à Molieres », Stéphanie Cantaloube, devant l'école. (Photo AFP)

Dans le bâtiment en pierre à la façade pavoisée, à l'ombre d'un tilleul, dix enfants de deux à cinq ans ont fait leur rentrée, lundi, dans une classe de maternelle créée par une association de parents d'élèves, en collaboration avec la mairie. Faute d'effectifs pour la rentrée 2017, l'inspection académique avait décidé de fermer le CP-CE1 qui accueillait jusqu'ici 21 enfants, dans le cadre d'un Regroupement pédagogique intercommunal avec la commune voisine de Leyme. En février, quand la mairie a été avisée, « ça a commencé par des manifestations », les « visites à l'inspecteur, la préfète, jusqu'au tribunal administratif », énumère Stéphanie Cantaloube, présidente de l'association « Les pitchouns à Molières » et infirmière. Sans succès, une trentaine d'habitants décident, début août, d'entamer les procédures pour fonder une école hors contrat, qui serait gratuite pour les parents mais financée par le budget communal. « C'est histoire de sauver la vie du village », estime Jean-Marie Laborie, agriculteur retraité et maire sans étiquette depuis 1998. « On a 38 élèves sur la commune scolarisables en maternelle et primaire, soit 10 % de la population », dit-il, ajoutant avoir enregistré quatre permis de construire et quatre naissances cette année. « Nous, on ne résiste pas pour une logique comptable, mais humaine. Il y a trois kilomètres qui nous séparent de l'établissement le plus proche, mais on perdrait énormément sur le dynamisme de la commune et tous les liens déjà créés », appuie Stéphanie Cantaloube.

30.000 euros


Avec une enveloppe estimée à 30.000 euros sur un budget communal total de 557.000 euros, l'association a recruté une institutrice de 26 ans, admissible au Capes, et trois agents territoriaux à temps partiel. « Je vais m'en tenir au programme et suivre au maximum le cursus de l'école publique », indique Céline Bernardino, l'institutrice. Dans cette commune, qui compte 381 résidents, les habitants travaillent notamment dans l'élevage, à l'hôpital psychiatrique voisin ou dans l'aéronautique à Figeac, la deuxième ville du département, située à 30 km. « Moi, on me retire l'école, je ferme à la fin de l'année », assure Françoise Dumont, gérante de l'épicerie-bar « Les trois marronniers » sur la place centrale, également fondée par la mairie, en 1998, après la disparition des commerces.

« Une façon de dire "ça suffit" »


« À l'époque, il y avait beaucoup de jeunes dans l'agriculture, qui restaient ici. Aujourd'hui, la population a vieilli », constate Francis Roussilhes, agriculteur. Pour autant, « c'est une bonne chose d'essayer de garder une école dans ce village », juge-t-il. « C'est une façon comme une autre de dire, "ça suffit". Ca ne va peut-être pas durer dix ans, ça aura un coût, mais il faut savoir dire qu'on n'est pas d'accord. » Si elle n'est pas inédite, cette démarche est rare en France. En 2011, Puy-Saint-Vincent (Hautes-Alpes) avait aussi choisi de créer une maternelle hors contrat. Selon la loi encadrant ces écoles, le Directeur académique des services de l'éducation nationale, la préfecture et le parquet ont un délai d'un mois pour s'opposer à son ouverture.

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