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Politique

Adrien Quatennens, le porte-flingue anti-loi travail de Mélenchon

Le jeune député de La France Insoumise qui s'est illustré à l'Assemblée nationale par ses bons mots et son aisance est en première ligne du combat contre la réforme du Code du Travail voulue par Emmanuel Macron. Portrait.

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Adrien Quatennens le 12 septembre 2017 à Lille lors d'une manifestation contre la loi travail.

Adrien Quatennens le 12 septembre 2017 à Lille lors d'une manifestation contre la loi travail.

PHILIPPE HUGUEN / AFP

BFM TV, Franceinfo, LCI, France Inter... Depuis la rentrée il est difficile de passer à côté de cette crinière rousse qui multiplie les "punchlines" assassines contre Emmanuel Macron et la loi travail. En moins de deux mois, Adrien Quatennens, 27 ans, est devenu la nouvelle coqueluche des médias et l'étoile montante de La France Insoumise. Le député du Nord doit son succès et sa notoriété à une intervention retentissante à l'Assemblée nationale mi-juillet. "Vous dites que le problème du code du travail est son épaisseur. Trouvez-vous que l’annuaire est trop épais ? Dans ce cas, quelles pages faut-il arracher ?" avait-il asséné, clinique, à la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Quelques jours plus tôt, l'Insoumis avait joué les vieux roublards en commission des affaires sociales et fait dire à la présidente de séance que le gouvernement n'entendait accepter aucun amendement du mouvement dirigé par Jean-Luc Mélenchon. 

Une ascension express qui ne surprend pas ses collègues de La France Insoumise. "Je le connais depuis 2012 et il a toujours eu un talent oratoire, des qualités d'organisation, estime Éric Coquerel, député Insoumis de Seine-Saint-Denis. Adrien est le symbole de ce que l'on veut faire avec notre groupe parlementaire. C'est la nouvelle génération que l'on veut promouvoir". Même certains à droite, comme le député Les Républicains des Côtes d'Armor, Marc Le Fur, rechignent à en dire du mal. "On voit bien qu'il maîtrise la dialectique et qu'il sait occuper le terrain, réagit-il. Il a du culot même s'il s'imagine peut-être encore en 1793..." Adrien Quatennens, nouveau Robespierre ou Saint-Just de la gauche française? La comparaison fait sourire l'intéressé. "Il est difficile d'échapper aux caricatures, répond-il. Je préfère me focaliser sur mon travail qui passe en ce moment par un combat acharné contre la loi travail, une véritable régression sociale pour notre pays".

"Un gros bénéfice pour Mélenchon"

Sauvegarder le Code du Travail, voilà la mission du moment pour le jeune chevau-léger de La France Insoumise. Après ses bons mots décochés comme des flèches dans l'hémicycle, Jean-Luc Mélenchon a décidé de l'envoyer en première ligne pour pilonner sans relâche la com' gouvernementale. "Je fais partie des premiers de cordée sur ce sujet, confie-t-il. Notre travail consiste à la fois à critiquer la brutalité du gouvernement mais aussi à être force de proposition. Notre objectif ultime va bien au-delà de la loi travail, nous voulons prendre le pouvoir dans ce pays". Là est d'ailleurs toute l'ambition de la France Insoumise: mettre en ordre de marche le mouvement vers l'Élysée. "Nous ne sommes pas là pour faire du témoignage ou réaliser un baroud d'honneur contre la loi travail, prévient le bouillant député de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. Adrien va de ce point de vue avoir un rôle très important à l'avenir". Un élu socialiste abonde. "Quatennens c'est un gros bénéfice pour Mélenchon. Il parle bien, bosse ses dossiers et avec lui les gens ont l'impression que les Insoumis sont des gens sérieux, capables de gouverner".

Cet ex conseiller clientèle dans le secteur de l'énergie peut aussi s'appuyer sur la confiance du chef de file de La France Insoumise. "Jean-Luc Mélenchon est admiratif de la manière avec laquelle il s'est mué en député, il compte vraiment sur lui pour la suite" indique un proche du leader des Insoumis. Preuve de cette confiance : Adrien Quatennens s’est retrouvé bombardé comme intervenant principal de deux conférences sur le code du travail et la jeunesse lors des universités d'été du mouvement fin août à Marseille. Le Lillois ne cache d'ailleurs pas son admiration pour l'ancien ministre de Lionel Jospin. "Il est une vraie source d'inspiration, c'est quelqu'un qui m'a donné envie de m'engager en politique".

L'héritier de Mélenchon?

Avant de se lancer dans le grand bain de la politique, Adrien Quatennens a d'abord battu le pavé lors des manifestations contre le CPE en 2006. Puis, il adhère au mouvement altermondialiste ATTAC. "J'y ai acquis un vrai bagage théorique mais je n'étais pas franchement militant" précise-t-il. Le jeune homme participe également à plusieurs maraudes pour les SDF après la mort de l'abbé Pierre en 2007. Et s'intéresse de près au Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot. "J'ai eu l'illusion que c'était le creuset de la gauche". Ce n'est finalement qu'en 2012 qu'il saute le pas, en optant pour le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. "J'ai tendance à beaucoup observer avant de m'engager, mais quand je m'engage j'y vais à fond" confie-t-il. Éric Coquerel, également membre du parti à l'époque se souvient de l'entrée en politique du jeune loup lillois. "Il se posait déjà beaucoup de questions et je me rappelle qu'il avait peur de faire de l'ombre à certains, il ne voulait pas perturber le collectif". 

Au bout d'un an il devient responsable du Parti de Gauche pour la métropole lilloise et se pose en "militant acharné des valeurs de la gauche". Et c'est tout naturellement qu'il participe aux campagnes présidentielles de Jean-Luc Mélenchon en 2012 et 2017. "C'était deux expériences fantastiques qui ne se sont pas terminées comme on l'aurait espéré, regrette-t-il. Mais j'ai la conviction que nous n'avons jamais été aussi proches de conquérir le pouvoir". Un acharnement symbolisé par sa victoire in extremis - pour seulement 46 voix - lors des dernières élections législatives. "C'est aussi ce que me plaît en politique, il ne faut jamais renoncer" appuie-t-il. Un état d'esprit qui fait dire à plusieurs observateurs que Jean-Luc Mélenchon a déjà trouvé son héritier. "Je n'ai pas envie de tirer la couverture à moi, ce n'est pas le sujet" élude-t-il poliment. Jusqu'à quand?

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