L’Organisation de coopération pour le développement économique (OCDE) a présenté jeudi 14 septembre son étude annuelle sur l’économie de la France. Dans un contexte économique « favorable », son secrétaire général, Angel Gurría, a annoncé une révision à la hausse du taux de croissance 2017 à 1,7 %, son niveau le plus élevé depuis 2011.

Il a fait part au ministre de l’économie Bruno Le Maire des recommandations de son organisation pour améliorer la situation économique française. La Croix présente dix d’entre elles.

1 – Tenir les objectifs de baisse des dépenses publiques

Avec des dépenses publiques qui représentent 56 % de son PIB, la France est le pays de l’OCDE pour lequel ce ratio est le plus élevé. « C’est la médaille d’or que qu’on ne voudrait pas avoir », a ironisé Angel Gurría.

Le secrétaire général de l’OCDE encourage donc la France à garder le cap qu’elle s’est fixé, notamment celui de maintenir son déficit public à 3 % du PIB en 2017 et de le réduire encore en 2018. Parmi les pistes évoquées pour réduire les dépenses, l’institution appelle à « réduire la masse salariale publique ».

2 – Réformer le système de retraite

Les dépenses publiques pour les retraites représentent 14,3 % du PIB, soit l’un des ratios les plus élevés dans l’OCDE. L’organisation considère que la volonté du gouvernement d’harmoniser les systèmes de retraites va dans le bon sens. Aboutir à un système universel permettra « d’améliorer la mobilité de la main-d’œuvre et baisser les coûts de gestion ».

L’OCDE insiste d’autre part sur la nécessité d’« augmenter graduellement l’âge de départ à la retraite en fonction de l’augmentation de l’espérance de vie ». La France est en effet le pays de l’OCDE pour lequel l’âge de la retraite est le plus bas, autour de 59 ans.

3 – Simplifier la fiscalité

« La fiscalité est complexe à cause du grand nombre d’exonérations et des réductions d’impôts qui sont fréquemment modifiées », indique l’étude de l’OCDE. L’organisation internationale recommande donc « d’éliminer les exonérations d’impôts sur les revenus du capital tout en diminuant leur taux d’imposition » et « d’éliminer les taux réduits de TVA ». Elle encourage à l’inverse à augmenter les taxes environnementales.

4 – Réduire l’impôt les sociétés

L’organisation considère que les taux élevés de la fiscalité des sociétés sont « des entraves à l’investissement et à la croissance de la productivité ». Elle salue la volonté du gouvernement de vouloir réduire le taux d’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %. Elle soutient aussi la réduction des taux de cotisations sociales.

5 – Améliorer l’accès à la formation

L’OCDE dresse le constat que trop d’adultes français restent sans compétences de base. Elle recommande de simplifier le compte personnel de formation. Elle insiste aussi sur la nécessité d’améliorer l’orientation pour les jeunes et « d’améliorer l’information sur les prestataires en renforçant un système de label de qualité ».

6 – Insister sur l’apprentissage et la formation pratique

L’organisation de coopération internationale invite la France à développer l’apprentissage et la formation pratique dans les lycées. Elle insiste sur l’importance de « mobiliser les entreprises pour l’accueil de jeunes apprentis ».

7 – Mieux cibler les dépenses publiques dans les quartiers défavorisés

Lors de la présentation de l’étude, Angel Gurría a souligné que le taux de pauvreté en France – environ 14 % – est relativement peu élevé par rapport à celui d’autres pays de l’OCDE. En revanche, les personnes les plus pauvres sont concentrées dans des quartiers défavorisés.

L’OCDE encourage donc la France à mieux cibler les dépenses publiques dans ces quartiers vers les transports en commun pour attirer de nouvelles activités, vers la garde d’enfant pour venir en aide notamment aux nombreux parents isolés et vers l’accueil personnel dans les services publics.

8 – Renforcer l’éducation dans les quartiers prioritaires

Pour l’OCDE l’amélioration de l’éducation dans les quartiers prioritaires passe par la réduction de la taille des classes mais aussi par un renfort des équipes pédagogiques. Pour cela, l’organisation propose d’augmenter les rémunérations « des professeurs excellents qui travaillent dans l’éducation prioritaire » et de leur offrir « des carrières intéressantes ».

9 – Augmenter les dépenses de santé en matière de prévention

Afin de rendre le système de santé français plus efficient, l’OCDE préconise d’augmenter les dépenses de prévention, où la France « sous-investit », selon Angel Gurría. « Un euro dépensé en prévention, ce sont 10 € qui ne seront pas dépensés ensuite en soins », a illustré le secrétaire général. La prévention permettrait donc de réduire le nombre de soins et la vente des médicaments.

10 – Encourager l’usage des médicaments génériques

L’OCDE soutient le recours aux médicaments génériques pour faire baisser les dépenses de santé. En France, 30 % du volume des médicaments remboursés sont des génériques, tandis que ce taux atteint plus de 80 % en Grande-Bretagne et en Allemagne. Elle encourage donc l’État à fournir une information ciblée sur les professionnels pour « améliorer la pertinence des prescriptions ».