Le fret ferroviaire reste un boulet de la SNCF
Selon un référé de la Cour des comptes, l’endettement cumulé de Fret SNCF atteignait 4 milliards en 2015, soit la moitié de la dette de la compagnie.
Fret SNCF n’est toujours pas tiré d’affaire. Malgré une réduction des pertes ces dernières années, l’activité de transport de marchandises de la compagnie publique reste dans une situation alarmante, du fait notamment d’une dette de plus de 4 milliards d’euros, selon un référé publié ce jeudi par la Cour des comptes.
Pourtant, l’entreprise n’est pas restée l’arme au pied , ce que reconnaît la Cour, qui salue « l’importance des efforts d’adaptation et de réorganisation » consentis depuis 2005, date à laquelle l’Etat a recapitalisé Fret SNCF à hauteur de 1,4 milliard.
7.500 postes en moins en 7 ans
Entre 2008 et 2015, le nombre d’agents affectés à cette activité (ils sont aujourd’hui 7.000) a été divisé par deux, et l’organisation a été rationalisée. Malgré cela, les pertes nettes représentaient encore 253 millions fin 2015, soit près d’un quart du chiffre d’affaires. La marge opérationnelle, en très nette amélioration, n’est toujours pas à l’équilibre (-86 millions en 2015).
Surtout, l’accumulation des déficits a provoqué une explosion de l’endettement financier net, qui est passé de 1,8 milliard en 2008 à 4 milliards en 2014. Ce qui représente la moitié environ de la dette de SNCF Mobilités. Les frais financiers générés par cette dette creusent le déficit, un cercle vicieux qui devrait porter l’endettement de Fret SNCF à 5 milliards en 2020, selon le plan stratégique de l’entreprise.
Les difficultés de l’activité, pointe la Cour sont dues en partie aux « contradictions » des pouvoirs publics : « tout en affichant en permanence sa volonté de soutenir le fret ferroviaire, l’État a, ces dernières années, pris d’importantes initiatives qui, de fait, lui sont défavorables ». L’institution cite entre autres l’abandon de l’écotaxe et le « renoncement » à réduire l’écart de productivité entre Fret SNCF et ses concurrents privés à la faveur de la réforme ferroviaire de 2016.
Occasion manquée
La mise en place d’un « cadre social harmonisé » dans le cadre de la réforme était l’occasion de remettre à plat les règles d’organisation. mais au final, « la convention collective de branche […] tout comme l’accord d’entreprise applicable au sein de SNCF Mobilités, ne se traduisent par aucune économie pour l’entreprise. »
La cour appelle pour conclure l’Etat à « une réaction vigoureuse et claire » pour sortir le fret ferroviaire du marasme , avec notamment un soutien financier plus pérenne. Fret SNCF est par ailleurs invité à améliorer la structure de ses comptes, un préalable « dans l’hypothèse où une nouvelle recapitalisation viendrait à être nécessaire ». Ce scénario n’est toutefois pas exploré plus avant.
Lionel Steinmann