Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Avant et après Irma, Saint-Martin continue de prier Dieu ou ses « anges gardiens »

L’approche et le passage d’Irma ont réveillé ou renforcé les croyances qui traversent l’île des Caraïbes.

Par  (envoyée spéciale à Saint-Martin)

Publié le 15 septembre 2017 à 21h47, modifié le 16 septembre 2017 à 09h32

Temps de Lecture 2 min.

« C’est parce que j’ai prié » : tous ceux qui, à Saint-Martin, ont sauvé leur maison du cyclone Irma, le 6 septembre, glissent la formule dans leur conversation. « Chez Monique, derrière chez moi, tout est parti », raconte une habitante de Concordia, le quartier administratif de l’île. « Mais ma voisine, Mylène, rien n’a bougé chez elle. Elle m’a dit : J’ai beaucoup prié. D’ailleurs elle va se faire baptiser. » Lolo, un « métro » propriétaire d’un restaurant de plage dévasté, est marié à une Haïtienne : « Ça a été : Grâce à Dieu, on aura pas d’ouragan, puis : Grâce à Dieu, il va passer à deux kilomètres. Maintenant c’est : Grâce à Dieu notre fille est vivante », soupire-t-il. Mais même lui, le laïcard, remercie ses « anges gardiens ».

« Au moment de la catastrophe en Haïti, les personnes âgées auxquelles je rendais visite me disaient : C’est normal, ils font le vaudou là-bas », raconte Emilie Mailho, infirmière à domicile sur la Côte-sous-le-vent, dans l’ouest de Basse-Terre, en Guadeloupe. Quelques jours avant Irma, c’est une même musique qui est arrivée à ses oreilles : « Ça va nous passer dessus, en Guadeloupe, on ne prie plus, on se conduit mal, il y a de la drogue. » Irma a, finalement, épargné leur île. « Depuis j’entends : C’est normal, on a beaucoup prié. Leur beaucoup sous-entend : plus qu’eux »

« Elle priait pour l’île »

Les prières, l’île de Saint-Martin vit avec, avant et depuis Irma. Elles ont accompagné les ultimes consultations des sites météo comme Sxm cyclone (« le meilleur ») ou celui de Météo France, pour suivre heure par heure la course hésitante de l’ouragan entre la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy : des îles essentiellement catholiques ou adventistes, mais traversées depuis des siècles par des croyances dont témoignent encore les quimboiseurs, ces sorciers qui jettent des sorts. « Au Leader Price de Saint-Martin, la veille de l’ouragan, j’ai entendu une femme hurler près des caisses, raconte un habitué. On a eu peur. En fait, elle priait pour l’île. »

Deux jours avant le cyclone, Valérie Lieko, auteure de polars sentimentaux plantés dans les décors de la Caraïbe (Disparitions en eau turquoise, Chassé-croisé Paris-SXM), est conviée, avec son mari, aux 50 ans d’une amie, sur la plage de Cakao, dans la partie hollandaise de l’île. Devant les paillotes du restaurant privatisé pour l’occasion, l’anniversaire a le faste d’un mariage : « Invités habillés en rose, le dress code unisexe de la fête, serveurs en tutu, champagne à gogo » « Très Sint-Maarten », comme elle dit.

Valérie a oublié depuis longtemps le goût du catéchisme et de la messe. Mais quand elle a vu, ce 3 septembre, qu’on tranchait un cochon entier sur la plage de sable blond pour le cuire en broche, elle a glissé à son mari : « C’est comme le veau d’or. C’est sûr, je le sens, on va l’avoir le cyclone. L’île va payer ses vices. » Deux nuits plus tard, le restaurant de la fête est entièrement balayé et le couple finit la nuit serré avec ses enfants dans un dressing, la seule pièce de la maison qui n’a pas cédé. « J’avoue, raconte-t-elle, pour la première fois de ma vie, j’ai prié la Vierge Marie. »

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.