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À La Une - turquie

Quand Erdogan fait campagne pour les législatives allemandes

L'intention est claire: envenimer la crise avec la chancelière Angela Merkel que tout destine à un quatrième mandat.

Un portrait du président turc Recep Tayyip Erdogan, dans une rue de Cologne, à quinze jours des législatives. AFP / dpa / Henning Kaiser

Dans les rues de Cologne, à quinze jours des législatives, un portrait plein d'autorité illustre les affiches électorales de l'Alliance des démocrates allemands (ADD). Celui du président turc Recep Tayyip Erdogan.

L'homme fort d'Ankara n'est bien sûr pas candidat au scrutin du 24 septembre, mais l'intention est claire: s'ingérer dans le jeu politique allemand quitte à envenimer la crise avec la chancelière Angela Merkel que tout destine à un quatrième mandat.

Depuis le coup d'État raté de juillet 2016, les relations sont au plus bas, M. Erdogan estimant que l'Allemagne protège des conjurés. En retour, Berlin le taxe de dérive autoritaire en muselant partis et médias d'opposition.
En août, M. Erdogan a de nouveau sonné la charge en appelant les 1,2 millions d'électeurs germano-turcs -- travailleurs invités des années 1960-70 et leurs descendants notamment-- à voter en masse contre la dirigeante conservatrice, les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts. Tous qualifiés d'"ennemis" de la Turquie.

L'ADD, dont tous les candidats sont d'origine turque, n'a certes aucune chance d'être représentée au Parlement, mais le fait que ce parti fasse campagne avant tout dans la partie occidentale de l'Allemagne n'est pas anodin.

 

(Lire aussi : Ankara fustige le "populisme" allemand après les propos de Merkel sur son adhésion à l'UE)

 

L'écho positif d'Erdogan
Il veut ainsi surfer sur l'amertume de Turcs considérés des décennies durant comme de la simple main d'oeuvre pour le bassin industriel de l'ouest du pays. Mme Merkel a d'ailleurs reconnu que cette population avait été méprisée, l'Etat ne leur ayant proposé aucune forme d'intégration jusque dans les années 1990.

"Ce message qu'Erdogan défend une Turquie forte et les Turcs d'Allemagne trouve un écho positif en particulier auprès de ceux qui ont un sentiment d'exclusion, de discrimination", relève le chercheur Yunus Ulusoy, de l'Université de Duisburg-Essen.

Tarik, employé dans un café et qui vit en Allemagne depuis 15 ans, est de ceux qui du coup s'abstiendront donc le 24 septembre. "Jusqu'ici je votais SPD, mais tous sont des menteurs. Ce coup-ci je ne voterai pas", explique ce Berlinois de 45 ans, martelant que grâce à Erdogan "la Turquie est devenue mille fois mieux, aussi bien que l'Europe".

Jusqu'ici cependant les Turcs d'Allemagne ont largement fait la part des choses. Issus pour beaucoup des classes populaires, ils ont voté majoritairement pour le camp islamo-conservateur de M. Erdogan lors des scrutins turcs, tout en étant fidèles à la gauche en générale et au SPD en particulier lors d'élections allemandes.

Néanmoins, les ministres des Affaires étrangères et la Justice, Sigmar Gabriel et Heiko Maas sont inquiets. Ils ont appelé à stopper la "propagande" diffusée notamment à travers les centaines de mosquées contrôlées par Ankara en Allemagne.
"Nous ne devons pas (...) sous-estimer les dangers qui émanent des organisations étatiques d'Erdogan", ont-ils écrits dans une tribune, craignant que "les communautés musulmanes d'Allemagne ne tombent (...) sous l'influence du président" turc.

 

(Lire aussi : L'Allemagne frappe la Turquie au portefeuille)

 

 

Une communauté déchirée
Les services de sécurité allemands se sont eux alarmés de l'exacerbation en Allemagne des conflits politiques turcs.

"Le profond fossé qui divise la Turquie traverse aussi la communauté germano-turque", confirme le chercheur Yunus Ulusoy. "Le paysage politique turc a toujours été déchiré - entre gauche et droite, laïcs et religieux, kurdes et nationalistes. La nouveauté, c'est l'intensité de la division et l'importance qu'y prend une seule personne : Erdogan", poursuit-il. Face à ces tensions, les représentants des Turcs se veulent rassurant.

M. Erdogan devrait cesser d'avoir "une attitude paternaliste envers les Turcs installés en Allemagne", dit ainsi à l'AFP, Gökay Sofuoglu, président de la Communauté turque, la principale organisation germano-truque. "Nous n'avons pas besoin de leçons de démocratie".

Dilmar Yilmaz, jeune vendeuse de Baklava à Berlin lui donne raison, exprimant à la fois de l'admiration pour le président turc et son intention de voter selon des considérations politiques allemandes.
"Il a mis la Turquie à une bonne place dans le monde. La Turquie n'est plus pareille: les routes sont meilleures, tout est meilleur", relève-t-elle. "Mais tout ce qu'il dit n'est pas bon", dit la jeune femme de 24 ans dont le coeur penche pour le SPD.

 

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Dans les rues de Cologne, à quinze jours des législatives, un portrait plein d'autorité illustre les affiches électorales de l'Alliance des démocrates allemands (ADD). Celui du président turc Recep Tayyip Erdogan.
L'homme fort d'Ankara n'est bien sûr pas candidat au scrutin du 24 septembre, mais l'intention est claire: s'ingérer dans le jeu politique allemand quitte à envenimer la crise...

commentaires (3)

LEGISLATIVES A LA SOUPE MINI SULTANIQUE !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 57, le 18 septembre 2017

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Commentaires (3)

  • LEGISLATIVES A LA SOUPE MINI SULTANIQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 57, le 18 septembre 2017

  • Il faut comprendre que l'Europe a "donné" à fond perdu des milliards et de milliards à la Turquie et les turcs d'Allemagne n'ont pas été considérés ou traités moins bien que les autres communautés étrangères. Quand on compte plus de 5 millions de turcs en Allemagne, regroupés dans des quartiers des grandes villes on finit par créer un état dans un état ....(on n'a pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre ces phénomènes. Une partie des turcs démocrates sont aussi victimes du fanatisme d'Erdogan. On dit que le pire ennemi de l'homme est lui-même. ce qui se passe avec la Turquie actuellement. Elle n'a Voici un exemple vécu par un turc d'origine kurde en France qui raconte : Lorsque la Turquie persécutaient les millions de kurdes dans l'est de la Turquie (arrestations de leurs élus démocratiquement élus, et bombardement et rafles des kurdes dans les villes de l'est, il y a un an). L'ambassade turque (soupçonnait les kurdes de faire la guérilla dans les zones kurdes) téléphonait aux ressortissants turcs d'origine kurdes (EN FRANCE) pour leur demandait des informations sur leur frère, leur cousin ou leur beau-frère absent pour une raison quelconque depuis quelques jours? (des voisins turcs en France mouchardaient en espionnant leurs voisins kurdes,,,,,, Ce genre de témoignage abasourdissants prouvent que la Turquie n'est qu'une république bananière ,,,,, Et n'a aucun respect aux valeurs démocratiques européenne. Pauvre Allemagne ...

    Sarkis Serge Tateossian

    23 h 56, le 17 septembre 2017

  • Je pense que l'on parle beaucoup sur ce pays pour souvent rien dire de tangible ou de constructif. Il faut comprendre que l'Europe a "donné" à fond perdu des milliards et de milliards à la Turquie et les turcs d'Allemagne n'ont pas été considérés ou traités pire que les autres communautés étrangères, je dirai même bien au contraire. Quand on est plus de 5 millions de turcs en Allemagne et regroupés dans des quartiers des grandes villes on finit par créer un état dans un état ....(on n'a pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre ces phénomènes. On dit que le pire ennemi de l'homme est lui-même. ce qui se passe avec la Turquie actuellement. Je vais vous donner un exemple simple qu'un ami turc d'origine kurde m'a raconté en France en Province. Lorsque la Turquie persécutaient les millions de kurdes dans l'est de la Turquie (arrestations de leurs élus démocratiquement élus et bombardement et rafles des kurdes dans les villes de l'est). L'ambassade de Turquie appelait régulièrement les ressortissa

    Sarkis Serge Tateossian

    23 h 37, le 17 septembre 2017

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