Les six plus beaux canulars de la musique classique

Publicité

Les six plus beaux canulars de la musique classique

Par
Fritz Kreisler a composé des pièces qu'il attribuait aux plus grands compositeurs ©AustrianArchives
Fritz Kreisler a composé des pièces qu'il attribuait aux plus grands compositeurs ©AustrianArchives

Fausses compositions, enregistements truqués ou pasticheur de compositeurs… La musique classique a connu son lot de canulars au fil des siècles, et nous ne sommes pas à l'abri d'en découvrir de nouveaux puisque le dernier canular révélé date seulement de 2007.

La musique classique a connu bon nombre de canulars, de faussaires et de malhonnêteté dont certains ont été relevés par le site du Guardian. Ce florilège de farces balaye les siècles, de Mozart à Kreisler en passant par un certain Piotr Zak. Comme quoi les blagues, bonnes ou mauvaises, n’ont pas d’âge…

Le scandale de Joyce Hatto

Joyce Hatto est une pianiste britannique née en 1928 et décédée il y a 9 ans. Après une carrière moyenne où les critiques se questionnent sur ses capacités à jouer correctement certaines pièces, la pianiste est atteinte d’un cancer et reste cloîtrée chez elle. Mais elle ne renonce pas totalement à la musique : dans un petit studio d’enregistrement, elle continue de jouer, laissant la charge à son mari de vendre les CD enegistrés. William Barrington-Coupeen, en tant que directeur du label anglais Concert Artist Recordings, exécute facilement la tâche.

Publicité

Les enregistrements qui datent des années 90 sont très réussis, presque trop ? Les critiques de musique classique commencent à émettre des doutes vers 2006. Les morceaux enregistrés sont-ils vraiment joués par la pianiste malade Joyce Hatto ?

Un an après la mort de la musicienne en 2007, l’affaire éclate. Son mari avoue tout dans une lettre : il avait modifié les enregistrements de sa femme et repris des sons de pianistes connus pour masquer les fautes et faiblesses de Joyce Hatto. Un geste d’amour ou la pire escroquerie du 20ème siècle ? Ce qui est sûr, c’est qu’il a réussi à vendre près de 100 CD faussement attribués à son épouse.

Qui a écrit le Requiem de Mozart ?

Non la version du film Amadeus de Miloš Forman n’est pas fidèle à la vraie histoire du célèbre Requiem de Mozart . Dans la version officielle, pas de Salieri, ni de mystérieux messager annonçant la mort prochaine du pauvre compositeur, mais un comte, Franz von Walsegg-Stuppach, fou amoureux de sa femme, Anna, et habitué aux supercheries dans le monde de la musique. Il prétend composer ses œuvres mais ne fait que recopier des partitions déjà existantes.

Quand le comte Walsegg perd sa jeune femme, il commande au prometteur Mozart un Requiem pour honorer la mémoire de la défunte. Le jeune compositeur commence à faiblir et doit terminer d’autres partitions mais se met à la tâche.

Mozart n’achèvera pas son Requiem. Sa femme, Constance entre en jeu et demande d’abord à Joseph Eybler de finir la partition mais celui-ci ne fait que compléter quelques lignes. En réalité, c’est son ancien élève, Franz Xaver Süssmayr qui achève définitivement l’œuvre avec l’aide de notes laissées par son maître. Le comte n’y verra que du feu et donnera à Constance un gros cachet, très attendu par cette dernière.

« Mobile tape and percussion »

Connaissez-vous le compositeur Piotr Zak ? Celui qui a composé Mobile tape and percussion ? Non ? C’est normal, Piotr Zak est un compositeur inventé de toute pièce par Hans Keller et Susan Bradshaw pour la BBC.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

L’histoire remonte à juin 1961 : sur les ondes de la BBC, le présentateur annonce la pièce d’un jeune et prometteur compositeur polonais, Piotr Zak, intitulée Mobile tape and percussion et interprétée par Claude Tessier et Anton Schimdt.

Dans les coulisses, ce n’était autre que le musicien Hans Keller et la pianiste Susan Bradshaw qui tapaient sur divers instruments pour tenter de faire de la musique expérimentale. Deux mois après, la BBC avoue que la diffusion de cet enregistrement était un canular. L’idée pour la radio était de montrer que les critiques - qui étaient un petit nombre à avoir réagi plus ou moins positivement à cette pièce - étaient parfois dupes par rapport à la musique avant-gardiste.

Fritz Kreisler, violoniste trop modeste ?

Le virtuose américain d’origine autrichienne a fait une brillante carrière, ponctuée d’absence pour se consacrer à la médecine ou à l’armée. Au début du 20ème siècle, le violoniste donne des séries de concerts où figurent des petites pièces des plus grands compositeurs : Vivaldi, Couperin, Pugnani

Mais l’on découvre que ces œuvres ne sont pas des originales : elles sont écrites par le virtuose lui-même. Pourquoi cacher ce talent ? Fritz Kreisler répond qu’il serait « impudent et maladroit de répéter [son] nom sans cesse sur les programmes. »

Mais l’autre raison qui se cache derrière cette méthode peu commune était aussi de tromper les différents critiques, incapables de déceler que les œuvres jouées n’étaient pas des pièces des compositeurs les plus célèbres de la musique classique...

Quand Marius Casadesus se prend pour Mozart

En 1931, Marius Casadesus de la célèbre famille de musiciens, présente le Concerto Adélaïde que Mozart aurait écrit à l’âge de 10 ans pour la fille aînée de Louis XV, Adélaïde. Sceptiques, les critiques demandent une copie originale ou un manuscrit que le violoniste est incapable de remettre.

Ce n’est qu’en 1977 que Marius Casadesus avoue qu’il est l’auteur du Concerto Adélaïde pour violon. Il aura fallu un litige relatif à un droit d’auteur pour que le musicien se dénonce. Pourtant le violoniste avait tout prévu et introduit son œuvre dans le catalogue Köchel (catalogue référent de toutes les œuvres de Mozart ).

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Les fausses sonates pour piano de Haydn

« Personne ne s’est demandé : si quelqu’un peut écrire des pièces qui se confondent aussi facilement avec celles de Haydn, qu'est ce qu'il y a de si spécial chez Haydn ? » Dans le New York Times, le journaliste Michael Beckerman rebondit sur l’affaire des sonates de piano faussement attribuées au compositeur autrichien.

Le pasticheur Winfried Michel a convaincu des universitaires que les 6 sonates pour piano qu’il avait composées en secret n’étaient autres que l’œuvre de Haydn . Pour faire avaler le mensonge, il prétend que les manuscrits avaient été perdus puis retrouvés.

L’affaire, qui remonte aux années 90, remet une nouvelle fois en cause les capacités de certains critiques à reconnaître les œuvres réellement écrites par les compositeurs de celles écrites par des compositeurs pasticheurs, mais doués, comme l'a prouvé Winfried Michel.

Sur le même thème

pixel