Les cultures de Fukushima arriveront-elles en Europe?
La Commission européenne veut assouplir l’importation de certains aliments venant du Japon. Les députés votent contre. Les Etats se prononceront en octobre.
La guerre des "Fuku-sushis" est relancée. Alors que la Commission européenne propose d'assouplir les contrôles des importations de denrées alimentaires venant des régions japonaises exposées aux retombées radioactives de la centrale de Fukushima en 2011, les députés européens sonnent l'alarme. Mercredi, à une écrasante majorité (543 voix pour, 100 contre et 43 abstentions), les parlementaires ont demandé le retrait de ce projet sur lequel les Etats membres voteront en octobre. "Sous couvert de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Japon, on veut réduire les contrôles. C'est d'autant plus inacceptable qu'il n'y a aucune justification pour le faire. Nous disons non!", confie au JDD la députée française EELV Michèle Rivasi, à la tête de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. "C'est une victoire. Cela prouve qu'on n'est pas dans un débat entre pro et antinucléaires : il en va de la santé des citoyens."
Depuis l'accident de Fukushima, l'importation de certains aliments de douze préfectures du nord-est du Japon est soumise à des tests de radioactivité (césium 134 et césium 137). Or, en s'appuyant sur les données de 2014 à 2016 fournies par les autorités japonaises, la Commission européenne estime qu'il n'y a plus de risque pour la santé animale ou humaine. Elle propose donc d'autoriser l'entrée de certaines denrées sans obligation de prélèvements et d'analyses attestant du respect des limites maximales.
Plus de 3.000 échantillons qui dépassent les normes
Divers aliments sont concernés : sept espèces de poissons (thon rouge, maquereau), mollusques et crustacés (homards, crevettes, palourdes, moules), champignons, pousses de bambou, ou encore le riz et ses produits dérivés pour bébés et jeunes enfants.
"On ne sait même pas de combien ils dépassent les seuils!
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Les députés, qui demandent à la Commission de rédiger un nouveau projet avant fin 2017, déplorent de n'avoir eu accès ni aux données brutes japonaises, ni à l'analyse justifiant cet assouplissement. "On ne connaît que le nombre d'échantillons qui dépassent les normes japonaises – plus de 3.000 –, mais on ne sait même pas de combien ils dépassent les seuils!", tacle Michèle Rivasi. Les parlementaires jugent donc "très discutable" de laisser entrer dans la chaîne alimentaire de l'UE "des produits affichant les niveaux maximaux de césium 134 et césium 137" autorisés. Ils pointent un risque accru d'exposition à des aliments contaminés. "Même si les niveaux du riz sont inférieurs à ces limites, quand on parle d'aliments pour bébés ou jeunes enfants, aucune radioactivité n'est tolérable", assène la députée. Qui pointe une autre raison de barrer la route aux "Fuku-sushis" : la menace de voir le gouvernement japonais accepter, comme le réclame le président de la compagnie Tepco, de relâcher dans le Pacifique près d'un million de tonnes d'eaux radioactives utilisées pour refroidir les réacteurs endommagés.
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