BFMTV
Société

Le président du Cran invite à "débaptiser les collèges et lycées Colbert"

Louis-Georges Tin, président du Cran.

Louis-Georges Tin, président du Cran. - Jean-Pierre Muller - AFP

La tribune publiée dans Le Monde expose les raisons pour lesquelles il faudrait abandonner la référence à celui qui fut avec le "Code noir" l'un des législateurs de l'esclavage, reconnu, en France, crime contre l'humanité depuis 2001.

Pourquoi existe-t-il encore des collèges ou lycées baptisés du nom de Colbert, auteur de la législation sur l'esclavage? La question est posée dans une tribune publiée dans Le Monde par Louis-Georges Tin, président du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France), avec le philosophe Louis Sala-Molins. De nombreuses personnalités, dont le journaliste Harry Roselmack ou le footballeur Lilian Thuram, sont également signataires du texte qui prend pour appui le déboulonnage des statues à la gloire des généraux sudistes américains et des symboles de l'ancienne suprématie blanche qui ont causé les événements de Charlottesville, pour exposer ses doléances.

Ne pas garder "la mémoire des criminels"

Pour l'auteur, louer la qualité du ministre de Louis XIV qui a redressé l'économie du royaume en oubliant que Jean-Baptiste Colbert a aussi légiféré, "en posant les fondements du Code noir", pour permettre le développement de l'esclavage est un argument bancal. C'est comme, développe-t-il, comme de saluer Pétain vainqueur de Verdun en oubliant celui de l'Etat français et de la collaboration avec le régime nazi.

"Les noms de bâtiments ne servent pas à garder la mémoire des criminels, ils servent en général à garder la mémoire des héros", insiste Louis-George Trin.

Le militant antiraciste, qui sait bien que "tous les symboles liés à l'esclavage, tant ils sont nombreux et intimement liés à notre histoire", ne pourront être retirés de l'espace public. Mais à tout le moins, plaide-t-il pourrait-on commencer par Colbert dont le patronyme cadre mal avec la devise de la République inscrite au fronton des établissements scolaires qui se mettent "en porte à faux" avec la condamnation de l'esclavage comme crime contre l'humanité depuis la loi Taubira depuis 2001.

"Entre ceux qui disent qu’il faut tout changer et ceux qui disent qu’il ne faut rien changer, il y a probablement une place pour l’action raisonnable", expose le président du Cran.

David Namias