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Économie

Bern : "la situation du patrimoine est gravissime"

Désigné par Emmanuel Macron pour mener une mission sur le patrimoine local en péril, Stéphane Bern, répond à ceux qui contestent sa nomination et explique sa méthode et ses objectifs.

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Stéphane Bern

L'animateur de France 2 va recenser les biens historiques en péril en France à la demande d'Emmanuel Macron.

(c) AFP

Votre feuille de mission prévoit la sauvegarde du patrimoine en péril. N'est-ce pas une mission impossible?

La situation est gravissime. Notre pays possède des milliers de châteaux et sites en très mauvais état. Ma mission consiste d'abord à les recenser et à apprécier la gravité de chaque situation.

Combien de châteaux, d'églises et de monuments menacent de disparaître en France?

Je pense établir une liste de 1500 cas urgents et 1000 autres cas à régler vite.

Que répondez-vous à ceux qui s'étonnent qu'on confie cette mission à un journaliste plutôt qu'à un fonctionnaire du ministère de la culture ou à un historien?

S'il y avait des solutions faciles via les structures existantes, on ne ferait pas appel à moi. Il y a un grand nombre de personnes compétentes mais l'idée consiste à jeter un regard nouveau sur une situation très grave et à tenter de trouver des solutions. Pour ma part, je me consacre à ce problème depuis plusieurs années, bien avant qu'Emmanuel Macron ne devienne président. Je connais la difficile réalité de biens inestimables en train de disparaître dans l'indifférence générale et depuis deux jours que ma mission a été annoncée, j'ai eu la surprise de recevoir des centaines de dossiers via ma page Facebook, souvent accompagnés d'appels à l'aide désespérés.

A une période où l'argent public se fait rare et où les niches fiscales sont contestées, où trouver les moyens financiers de sauver notre patrimoine?

Ce sera peut-être la deuxième phase de mon travail. Il existe des solutions, je compte m'inspirer des National Trusts et National Heritage britanniques. Mais il faut que l'on cesse de regarder les propriétaires de biens historiques comme des gens riches, qui investiraient dans des monuments pour des raisons fiscales. Ce sont bien souvent des passionnés qui vouent leur vie à faire renaître ces lieux. Et quand ils y réussissent, c'est tout leur environnement qui en bénéficie.

Le patrimoine peut être un secteur économique porteur?

Le patrimoine représente aujourd'hui 200 000 emplois. Dans un pays qui accueille 86 millions de touristes par an, le patrimoine est un véritable trésor, une manne providentielle et non délocalisable. On constate que là où un château où une église est rénovée, cela crée très vite un afflux de visiteurs avec une création de richesse pour le café du coin, le guide, les transports. Les enjeux sont très importants car il s'agit presque toujours d'emplois dans la France rurale, celle des villages, là où les habitants se sentent parfois abandonnés et isolés et l'expriment de plus en plus lors des élections. Là aussi où les jeunes ne s'imaginent aucun avenir. Le patrimoine peut permettre à ceux qui pensent que leur territoire n'intéresse plus personne de retrouver une fierté collective.

C'est ce qui est arrivé dans le village de Thiron-Gardais en Eure et Loir, où vous avez réhabilité le Collège Royal? 

L'ouverture d'un musée a permis la création de trois emplois. Le week-end dernier pour les journées du patrimoine, nous avons fait 3000 entrées et l'auberge du village affichait complet.

Le réalisme n'oblige-t-il pas à concentrer les moyens financiers sur les sites les plus précieux et à accepter la disparition de monuments moins exceptionnels?

Sûrement pas! Il faut commencer par savoir de quoi on parle, d'où la nécessité de ce recensement des biens en péril. Ensuite il faudra établir l'urgence de chaque situation.

Combien d'emplois peuvent être créés en France grâce à la réhabilitation du patrimoine?

Beaucoup. Mais différents modèles sont possibles. Il n'y a pas que le tourisme. Certains sites peuvent accueillir des entreprises, des séminaires. Il y a aussi des startups qui ont des projets autour du patrimoine.

Combien gagne un chargé de mission présidentiel?

Françoise Nyssen, la ministre de la Culture m'a gentiment proposé d'accueillir nos réunions mais la contribution de l'Etat s'arrête là. Je suis bénévole, c'est très important à mes yeux car je tiens à ma liberté. Mais je ne dispose ni de bureau, ni d'une équipe, ni de budget et quand je quitte mes interlocuteurs qui repartent souvent dans leurs voitures avec chauffeur, moi je prends ma petite voiture personnelle pour rentrer chez moi. 

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