Brexit : le patronat britannique réclame une transition de trois ans
Les patrons de plus de 100 entreprises britanniques ont écrit ce week-end une lettre aux négociateurs chargés par Bruxelles et Londres d’arrêter les modalités du Brexit.
Par Alexandre Counis
Les entreprises britanniques montent de nouveau au créneau dans l’épineux dossier du Brexit. aux deux négociateurs chargés par Bruxelles et Londres d’arrêter les modalités selon lesquelles le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne, en mars 2019.
« Il est essentiel pour notre prospérité collective d'être en mesure de préparer une transition de trois ans évitant un basculement brutal », réclame ce courrier rédigé par l’équivalent britannique du Medef et signé par plus de 100 entreprises employant au total plus d'un million de personnes au Royaume-Uni et dans l'UE.
Inquiétude des entreprises
L’envoi de ce courrier montre combien les entreprises britanniques sont inquiètes, alors que les nuages s’accumulent sur les perspectives de croissance de l’économie du Royaume et que les négociations entre Bruxelles et Londres patinent (l’échec du dernier round de discussions fin août n’est pas fait pour les rassurer) : à ce stade, « le risque d'une absence d'accord demeure réel et nécessite de s'y préparer, avec des conséquences inévitables pour l'emploi et la croissance des deux côtés », prévient la lettre.
Ce n’est pas la première fois que le CBI prend position pour une période de transition, censée permettre d’éviter un « cliff edge », autrement dit une sortie brutale du Royaume-Uni qui risquerait de faire beaucoup de dégats sur l’activité des entreprises, et donc sur l’emploi, à la fois Outre-Manche et sur le Continent. Mais le patronat n’avait jusqu’à présent jamais formulé de demande précise sur sa durée.
Theresa May s'est elle aussi déclarée favorable à une période de transition, mais sans s’engager fermement sur ce point, certains élus conservateurs réclamant au contraire une rupture claire et nette dès que possible. Le parti travailliste a de son côté déjà pris position pour une période de transition de 2 à 4 ans, devant de son point de vue permettre au pays de rester dans le marché unique européen.
Sans être acquis officiellement, le principe d’une période de transition est de toutes façons dans l’air du temps, tant les Européens sont comme les Britanniques convaincus qu’elle sera utile pour minimiser les dommages collatéraux du Brexit sur l’économie. Reste à se mettre d’accord sur ses modalités. Côté européen, on n’a rien contre une telle période de transition, à condition de savoir vers quoi elle débouche, autrement dit à condition que les Britanniques clarifient leur jeu sur les relations qu’ils veulent entretenir, à terme, avec l’UE.
Polémique autour d’un article de Boris Johnson sur le Brexit
Deux jours après la parution vendredi soir dans le Telegraph d’un article du secrétaire d’Etat britannique des affaires étrangères Boris Johnson sur sa vision du Brexit, la polémique suscitée par sa prise de position provocatrice n’en finissait pas, lundi, de rebondir. David Norgrove, le patron de l’Autorité britannique de statistique, a recadré l’homme qui avait milité pour le « leave » en l’accusant de manipuler les chiffres lorsqu’il estime à 350 millions de livres par semaine l’argent que le Royaume-Uni économisera une fois hors de l’Union, et qu’il pourra donc réinjecter dans son système de santé. « C’est confondre le net et le brut et omettre les versements de l’UE au Royaume-Uni », souligne en substance David Norgrove. L’épisode a provoqué une charge de la ministre de l’intérieur Amber Rudd contre Boris Johnson,à l’inverse défendu par le secrétaire d’Etat à l’environnement, Michael Gove. Ambiance.
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Alexandre Counis (Correspondant à Londres)