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La Guadeloupe secouée par l’ouragan Maria, « potentiellement catastrophique »

L’ouragan s’éloigne de l’archipel, placé en alerte cyclonique violette, le niveau maximal. Il a déjà frappé de plein fouet la Dominique.

Le Monde avec AP et AFP

Publié le 18 septembre 2017 à 17h45, modifié le 19 septembre 2017 à 15h23

Temps de Lecture 6 min.

L’ouragan Maria, réévalué lundi soir en catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, a balayé les îles de la Martinique et de la Dominique, et a atteint la Guadeloupe, mardi 19 septembre vers 3h (heure locale, soit 9h en métropole). Une dizaine de jours après le passage ravageur d’Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, il s’agit d’un nouveau phénomène cyclonique « potentiellement catastrophique », selon le Centre national des ouragans (NHC) américain.

  • Des conditions « sévères » en Guadeloupe

La Guadeloupe a été placée en alerte violette cyclonique à l’approche de Maria ; celle qui n’était encore qu’une simple tempête tropicale il y a deux jours, s’est soudain transformée en ouragan d’une puissance comparable à celle d’Irma, qui a dévasté il y a moins de deux semaines les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

Le pic du phénomène dans l’archipel a été atteint mardi à 3h (9 h en métropole). Le préfet de région, Eric Maire, a ordonné l’évacuation des zones à risque. Ecoles, administrations et entreprises sont fermées dans toute l’île. Selon M. Maire, interrogé par Guadeloupe 1ère, « il est très difficile de faire le point puisque les forces de secours sont confinées ». Mais il a évoqué « des précipitations très importantes, des inondations et des toitures envolées », notamment celles de « quelques casernes de pompiers ».

Maria a eu « un impact sans doute important » dans l’archipel des Saintes, au sud de la Guadeloupe continentale, a annoncé Jacques Witkowski, le directeur général de la sécurité civile, un organe du ministère de l’intérieur chargé du secours et de la gestion de crise. Sur la radio locale RCI, le maire de Terre-de-Haut, commune des Saintes, a décrit une « situation très difficile ». « On n’a que peu d’éléments car on ne peut pas sortir, mais elle est catastrophique », a déclaré Louis Molinié.

Le quatrième ouragan majeur de l’année dans l’Atlantique nord a commencé à longer lundi soir (heure de la métropole) les côtes antillaises en remontant du sud vers le nord, générant des vents qui approchent les 300 km/h en rafale. L’œil de l’ouragan est passé à moins de 50 kilomètres du sud de la Basse-Terre et encore plus près des Saintes, selon Météo France. L’organisme prévoyait des vents moyens de 150 km/h et des rafales à 200 km/h.

Deux jeunes hommes accrochent des planches en bois sur les fenêtres à Trois-Rivières en Guadeloupe.
  • 50 000 foyers sans électricité en Martinique

L’ouragan a touché auparavant la Martinique, avec des vents de plus de 250 km/h, où 50 000 foyers ont été privés d’électricité, selon le ministère de l’intérieur. Quelque 10 000 foyers ont également été privés d’eau potable, particulièrement dans deux communes, Morne-Rouge et Gros-Morne.

La préfecture n’a pas relevé de dégâts significatifs avec une quarantaine d’interventions des pompiers. L’ouragan a fait deux blessés « très, très légers », a précisé le directeur général de la Sécurité Civile Jacques Witkowski. Selon Christian Massip, prévisionniste à Météo France, l’œil du cyclone est passé à 50 kilomètres des côtes du nord de l’île, mais le mur de l’œil du cyclone, qui concentre des vents très forts, n’a pas touché l’île.

L’activité économique a été « stoppée » : les transports en commun « interrompus ». Les établissements scolaires et les crèches ont été fermés. L’île se trouve toujours en vigilance grise. Le ministère de l’intérieur conseille à la population de rester chez elle. Seuls les services chargés de la sécurité sont habilités à se déplacer pour faire l’évaluation des dégâts. Mais du fait de la nuit et de la violence des vents, ce travail ne serait entrepris qu’à partir de mardi matin.

  • Un mur de vent dévastateur en Dominique

Maria a ensuite frappé de plein fouet la Dominique avec des vents destructeurs atteignant 260 km/h. Arbres et poteaux électriques renversés, fortes pluies, vents violents et inondations… Dès lundi après-midi, les quelque 73 000 habitants, pratiquement coupés du monde au milieu de la nuit, ont témoigné sur les réseaux sociaux de l’impact de l’ouragan sur cette île anglophone indépendante.

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Les météorologues redoutent des dégâts bien plus considérables qu’à la Martinique, car l’œil du cyclone et son mur de vent dévastateur sont passés directement au-dessus de l’île. La Dominique a « perdu tout ce qui pouvait être perdu », a déclaré mardi le premier ministre, Roosevelt Skerrit.

« Les vents ont emporté les toits chez presque toutes les personnes avec lesquelles j’ai parlé ou été en contact. Le toit de ma propre résidence officielle a été un des premiers à s’envoler », a écrit M. Skerrit sur sa page Facebook.

« Les premières informations font état de destructions très étendues. A ce stade, nous avons perdu tout ce qui pouvait être perdu », a-t-il rapporté. Il a lancé un appel à « l’aide de toute nature », et notamment des hélicoptères, afin de pouvoir évaluer l’étendue des dégâts depuis le ciel.

Aucune victime n’est signalée jusqu’à présent dans l’île, a ajouté le Premier ministre. Il redoute toutefois des glissements de terrains en raison des pluies diluviennes.

  • Saint-Martin et Saint-Barthélemy en vigilance rouge

Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les deux îles des Petites Antilles où Irma a fait 11 morts et des centaines de millions d’euros de dégâts, ont été placés en alerte rouge. Des alertes ouragan ont également été déclenchées dans les îles de Saint Kitts et Nevis, Montserrat (Royaume-Uni), les îles Vierges britanniques et américaines, Antigua-et-Barbuda, Sainte-Lucie, ainsi que Saint-Eustache et Saba (Antilles néerlandaises).

Les îles Vierges britanniques ont été placées sous couvre-feu à l’approche de l’ouragan, qui devrait frôler ses côtes à partir de mardi soir. « Bien que Maria ne soit pas aussi puissant qu’Irma, notre situation est aussi très différente (car) nos îles sont actuellement extrêmement vulnérables », a déclaré le premier ministre de ce territoire britannique d’outre-mer, Orlando Smith. « Les conséquences, comme de possibles inondations et des vents violents qui peuvent transformer les débris en projectiles dangereux, peuvent être plus graves et plus traîtres », a-t-il souligné, appelant les habitants à se mettre à l’abri. Mais nombre d’entre eux n’ont pas encore pu regagner leur domicile après les dégâts enregistrés la semaine dernière.

Maria pourrait aussi atteindre Porto-Rico et les Iles Vierges américaines dans la nuit. Le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello, a invité les 3,4 millions d’habitants du territoire américain à se protéger par tous les moyens possibles ou à rendre dans les abris.

  • Le gouvernement « en lien permanent » avec les élus locaux

Le gouvernement est accusé par une partie de l’opposition et des habitants sur place d’avoir tardé à envoyer secours et renforts policiers. « Nous aurons des difficultés importantes », a reconnu le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, rappelant que « la Guadeloupe était le centre logistique à partir duquel nous pouvions alimenter l’île de Saint-Martin et organiser l’ensemble des rotations aériennes et des approvisionnements ». Il a précisé que 668 personnels de la sécurité civile et près de 3 000 personnes, tous services confondus, étaient déployés dans la zone Antilles.

Outre ce dispositif, un premier contingent de 565 militaires de la Sécurité civile devait quitter la métropole dans la journée. Un deuxième renfort, « une centaine de militaires de la sécurité civile, de sapeurs-pompiers spécialisés dans les opérations de déblaiement » devait également rejoindre les Antilles dans la soirée, a annoncé mardi Jacques Witkowski, directeur général de la sécurité civile, un organe du ministère de l’intérieur chargé du secours et de la gestion de crise.

La ministre des outre-mer Annick Girardin, actuellement en Guyane, a annoncé sur Europe 1 qu’elle se rendrait dès ce mardi en Guadeloupe, frappée par l’ouragan après la Martinique. Jugeant qu’il était « beaucoup trop tôt » pour établir un bilan des dégâts aux Antilles françaises, elle a indiqué que « les premières reconnaissances vont avoir lieu dans les heures qui viennent notamment sur la Guadeloupe ». Les Saintes en particulier posent selon elle « de vraies questions », en raison de leur « isolement ».

Air France, Air Caraïbes et Corsair ont reporté des vols à destination ou en provenance de Pointe-à-Pitre et Fort-de-France lundi. Tous les vols sont annulés dans les deux aéroports de Guadeloupe et Martinique.

Le Monde avec AP et AFP

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