Pilule controversée : après quatre ans d'enquête, le parquet classe sans suite

En 2012 et 2013, 84 femmes avaient porté plainte contre le laboratoire produisant leur pilule contraceptive. Le parquet de Paris a classé sans suite, faute d'infraction pénale. De nouvelles plaintes, avec constitution de partie civile, vont être déposées ce mardi.

L'affaire des pilules de 3e et 4 générations a conduit de nombreuses femmes à revoir leur contraception.
L'affaire des pilules de 3e et 4 générations a conduit de nombreuses femmes à revoir leur contraception. (AFP/MYCHELE DANIAU)

    Le parquet de Paris a classé sans suite l'enquête sur les pilules contraceptives de 3e et 4e générations, révèlent Le Monde et l'AFP. L'enquête avait été ouverte fin 2012, le contraceptif était suspecté de favoriser de graves pathologies veineuses et artérielles.

    Dans sa décision datée du 16 juin, le parquet estime que les investigations n'ont pas permis de « caractériser » une infraction pénale. Les risques demeurent néanmoins.

    L'affaire avait commencé en septembre 2012 quand la Haute autorité de santé (HAS) avait préconisé à la Sécurité sociale de cesser de rembourser les contraceptifs de 3e génération. Pour l'HAS, les Jasmine, Monéva, Varnoline, Méliane, Mélodia, Carlin et Effiprev, moins dosées que les pilules de 1e et 2e générations, avait certes l'intérêt d'être moins fortement dosées en hormones mais elles pouvaient doubler voire tripler le risque de développer des thromboses, des caillots dans le sang.

    Des risques accrus de thrombose

    Fin 2012, Marion Larat, lourdement handicapée après un AVC qu'elle impute à la prise de la pilule de 3e génération Meliane, avait porté plainte contre le groupe allemand Bayer. Lorsqu'elle avait pris la pilule Méliane, en 2006, les risques accrus de thrombose étaient connus, ils ne figuraient pourtant pas sur la notice. La médiatisation du combat de Marion Larat et ses parents avait conduit 129 autres femmes à porter plainte, contre 29 marques de pilules de 3e et 4e générations, huit laboratoires et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

    Une vague d'inquiétude avait submergé les Françaises, nombreuses à utiliser la pilule comme contraceptif, même après avoir eu un enfant. La moitié des 5 millions de femmes sous pilule utilisaient alors un contraceptif de 3e ou 4e génération. Le ministère de la Santé avait dû mettre en place un numéro d'appel, pour répondre à leurs interrogations. Le déremboursement avait été avancé de six mois, pour «forcer» une modification des prescriptions.

    Pour le parquet, selon le courrier du 16 juin cité par Le Monde, « l'enquête ne permet pas d'établir avec certitude l'existence d'un lien de causalité entre la prise du contraceptif et les pathologies présentées par les plaignantes ». La déception est telle chez certaines plaignantes que leur avocat, maître Jean-Christophe Coubris, qui représente 84 femmes, va déposer plainte, ce mardi, pour « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine », avec constitution de partie civile afin qu'un juge d'instruction soit saisi de l'affaire.

    ARCHIVE VIDEO. Le témoignage de Marion Larat