Passerel, un dispositif pour ne plus renoncer à se soigner

  • Beaucoup d'assurés renoncent à se faire soigner les dents, souvent pour des raisons financières.
    Beaucoup d'assurés renoncent à se faire soigner les dents, souvent pour des raisons financières. Photo illustration DDM, archives
Publié le , mis à jour
P.-J. P.

Passerel, c'est le nom du dispositif lancé cet été par la CPAM du Gers pour repérer et accompagner les personnes qui, freinées par leurs moyens financiers ou trop éloignées d'un cabinet de spécialiste, renoncent à se soigner.

«Le second semestre de l'année sera plus que jamais celui de l'accès aux droits et à la santé de tous les Gersois, en portant une attention toute particulière vers les plus fragiles», annonce Serge Boyer. Le directeur de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) du Gers tenait un point presse de rentrée ce mardi à Auch. A la Sécu, l'été a été studieux, marqué par la naissance de Passerel, programme d'accès aux soins et à la santé et mise en relation. Très attendu, ce nouveau dispositif se donne pour objectifs de mieux repérer les assurés qui renoncent à des soins et de mieux les accompagner pour réaliser les soins dont ils ont besoin.

«Le renoncement aux soins revêt énormément de situations. Il est souvent subi, parfois volontaire, en tout cas il fait appel à un ressenti», expose en préambule M. Boyer, rappelant que Passerel avait été initié dans le Gard au printemps dernier (sous l'appellation complexe de PFIDASS) avant d'être expérimenté dans une quinzaine de départements. La généralisation du dispositif est en cours et le Gers fait partie des départements de la première vague.

Un millier de Gersois sondés

Pour mieux connaître les situations des assurés qui renoncent par exemple à se faire soigner les dents ou à changer leurs lunettes de vue, la CPAM a réalisé un diagnostic au début de l'été.

«On a recueilli un questionnaire auprès d'un millier de Gersois venant dans les accueils de la CPAM, du centre d'examens de santé et du service social de l'Assurance Maladie. Près d'un tiers des personnes, 28 % exactement, se déclare en situation de renoncement aux soins. Sur ces 300 personnes, à peu près la moitié serait d'accord pour bénéficier d'un accompagnement.»

Parmi ceux qui renoncent aux soins, on ne retrouve pas uniquement des personnes en situation de fragilité sociale. Serge Boyer en veut pour preuve ce chiffre, sorti du questionnaire : 83 % des personnes renonçant aux soins disposent d'une complémentaire santé, mais on voit bien que ce n'est pas forcément suffisant pour joindre les deux bouts financièrement quand il s'agit de régler une prothèse dentaire ou des verres progressifs. C'est tout l'intérêt du dispositif Passerel qui se donne pour objectif de mettre en place «un dispositif de guidance» de l'assuré qui aille jusqu'au bout... c'est-à-dire jusqu'à la réalisation effective de soins auxquels il avait jusqu'ici renoncés. Dès le mois d'août, la CPAM a lancé les premiers accompagnements. «A ce jour, 145 dossiers ont été identifiés comme prioritaires», indique la Caisse.


Des problèmes spécifiques au Gers

On a toujours une bonne... ou une mauvaise raison de ne pas se soigner. Le questionnaire de juillet a permis à la CPAM 32 d'identifier trois sujets à traiter au niveau local. «Il y a d'abord celui de la solvabilité financière. Pour nombre d'assurés, le reste à charge est trop élevé. Avec Passerel, on monte justement des dossiers de financement. Un autre problème, plus spécifique au Gers, est celui de la mobilité géographique : si des gens ne vont pas se soigner, c'est qu'il n'ont pas de moyen de locomotion, et ça ne concerne pas que les personnes âgées», note Serge Boyer. Le troisième sujet nous renvoie à un des sujets majeurs de préoccupation des Gersois : la démographie médicale. Les spécialistes se font rares ici. «On ne trouve plus forcément une réponse à une demande», constate le directeur de la CPAM, engagé dans une démarche volontariste. «Pour réussir ce programme Passerel, on mobilise de nombreux partenaires. On va travailler avec les maisons pluridisciplinaires de santé, s'appuyer bien sûr sur les communes. On va être amené à rencontrer les chirurgiens-dentistes pour travailler avec eux.» S'agissant de l'optique, «il y a une marge importante de négociations sur les prix», estime le patron de la Sécu. Un message adressé aux opticiens gersois...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?