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Monde

Ce contrat d'armement qui a aidé à la libération de Loup Bureau

EXCLUSIF  Le marché du nouveau système de défense aérien turc a joué un rôle essentiel dans les relations entre Paris et Ankara et dans l'accélération de la libération du journaliste Loup Bureau. Visite dans les coulisses diplomatico-économiques.

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Le journaliste Loup Bureau est rentré en France ce 17 septembre 2017

Un contrat d'armement a joué un rôle décisif dans la libération du journaliste Loup Bureau.

GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Cet élément, essentiel, est pourtant passé inaperçu : la négociation en cours d’un contrat d’armement de plusieurs milliards d’euros entre la France et la Turquie a accéléré la libération, le 17 septembre, du journaliste Loup Bureau, détenu pendant 51 jours à Sirnak. Le sujet sera d’ailleurs discrètement évoqué par Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdoğan, lors de leur rencontre, ce mardi 19 septembre à New York. Car l’objectif est bien de dégeler des relations franco-turques jugées « essentielles » pour les deux gouvernements, en raison de la coopération actuelle contre le terrorisme islamiste mais aussi du fait d'importants projets militaires.

En effet, le fabricant européen de missiles MBDA et le spécialiste de l'électronique militaire français Thalès concourent ensemble, via le consortium baptisé Eurosam, à l’appel d'offres du ministère de la défense turc sur l'architecture du futur système de défense aérienne du pays. Le projet est primordial pour les entreprises occidentales, mais aussi pour la Turquie qui compte profiter de ce contrat pour faire monter en puissance ses propres sociétés de défense.

Un contrat à trois milliards d’euros

En juillet un accord préliminaire a ainsi été signé visant, en contrepartie du marché ouvert par Ankara, à définir le niveau de participation des groupes turcs Aselsan et Roketsan à la modernisation du missile de défense aérienne élargie Aster Block 1 Nouvelle Technologie (B1NT) lancée en décembre 2015. A la clé : un contrat d’achat du système évalué à l’origine à trois milliards d’euros, qui iraient dans la poche des firmes occidentales. En contrepartie, la négociation des transferts de technologie de l'Europe, et singulièrement de la France, vers la Turquie est comme souvent très sensible. Elle doit durer jusqu’à fin 2018.

Les acteurs français devront au préalable obtenir l'accord de la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), qui examine actuellement le dossier. Une entrée des deux entités turques dans Eurosam est également envisagée à cette occasion, selon des responsables de MBDA. Une telle participation à un programme militaire européen de premier ordre serait une première pour Ankara.

Transfert de technologies sensibles

La France veut toutefois marquer des limites. Pour Paris, il n’est  pas question d’associer les Turcs à la conception du nouveau système de conduite de tir de l’ASTER 30 et de son autodirecteur. La Turquie souhaite bénéficier de cette technologie dernier cri, mais elle est précisément jugée trop stratégique pour être partagée. Comme souvent dans ces dossiers de transferts de technologies, les systèmes les plus récents sont farouchement défendus par les constructeurs, qui conservent ainsi leurs avantages compétitifs. Ils n’acceptent de partager que des technologies déjà amorties. Seule concession dans le dossier turc : Ces derniers pourraient participer aux études de modernisation de la propulsion du premier étage (booster) de cet engin anti-missiles balistiques pour augmenter sa puissance et sa portée. Un réglage diplomatico-technique des plus fins.

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