Ils veulent faire du continent de déchets plastiques un État

Une pétition a été mise en ligne pour réclamer que l’île de déchets dans le nord du Pacifique soit reconnue officiellement comme un État par les Nations Unies.
Ils veulent faire du continent de déchets plastiques un État

La fondation Plastic Oceans s’est associée au média en ligne LadBible pour demander aux Nations Unies de reconnaître comme un État l’immense île de déchets plastiques qui flotte sur l’océan Pacifique. Une pétition en ligne a déjà recueilli plus de 100 000 signataires, prêts à devenir les premiers citoyens des « Trash Isles ». Parmi eux, Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et prix Nobel de la Paix 2007 pour son action dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Dans le nord de l’océan Pacifique, un continent de la taille de la France s’est formé au cours des dernières années. Il ne s’agit pas d’une nouvelle île volcanique qui serait apparue grâce à un volcan sous-marin, ni d’une plage artificielle créée de toutes pièces par des sécessionnistes pressés de vivre en autarcie. Non, ce nouveau continent, baptisé « great garbage patch » en anglais, est uniquement composé de déchets jetés à l’eau, qui se sont amassés avec le temps, dégradant considérablement la faune et la flore du Pacifique.

The Trash Isles

Malgré les alertes lancées depuis plusieurs années par la plupart des ONG environnementales, la formation de cette immense île de détritus a du mal à se tailler une place dans l’agenda des dirigeants politiques. Pour faire enfin bouger les lignes, la fondation américaine Plastique Oceans s’est associée au média en ligne LadBible. Ensemble, ils ont recruté deux publicitaires de renom pour faire campagne afin que ce continent de plastique soit reconnu comme un État à part entière. « Puisque personne ne fait attention à ce problème (…), nous nous sommes associés pour agir, et transformer ce piège à ordures en un pays officiel : The Trash Isles », écrivent Michael Hughes et Dal Evans De Almeida, plus connus sous le nom de Dal & Mike, sur le site officiel de la campagne.

Les deux hommes expliquent au site Dezeen que proposer la reconnaissance officielle de ce continent de plastique « est le moyen de s’assurer que les leaders mondiaux ne peuvent plus l’ignorer  ». Le 8 juin 2017, Journée Mondiale de l’Océan, ils ont donc soumis une demande officielle de reconnaissance aux Nations Unies.

L’objectif de la reconnaissance en tant qu’Etat de ces « Îles Déchets » est que les autres pays membres des Nations Unis les préserve et s’en occupe. 

Qui veut vivre sur du plastique ?

Cette demande s’est accompagnée de la mise en ligne d’une pétition, déjà signée par 100 000 personnes disant vouloir obtenir leur citoyenneté dans le futur État.

Car en vertu de l’article 1 de la Convention de Montevideo de 1993 sur les droits et les devoirs des Etats – rappelle le site Quartz– un pays doit respecter les quatre critères suivants : « être peuplé en permanence, contrôler un territoire défini, être doté d’un gouvernement, et être apte à entrer en relation avec les autres États ».

Puisque l’amas de plastique dans l’océan Pacifique présente une forme de frontières, et qu’on peut facilement y créer un gouvernement et des institutions pour interagir avec les autres pays, il ne manque plus qu’à trouver quelques personnes volontaires pour vivre sur place…

Parmi les premiers signataires de la pétition, on compte notamment Al Gore, l’ancien vice-président de Bill Clinton et prix Nobel de la Paix 2007 pour son activité en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, qui est devenu le premier citoyen des Trash Isles. Dans la vidéo ci-dessus, il énonce le manifeste du projet, qui se résume en trois points : « Développer des matériaux biodégradables, introduire une taxe sur le carbone, et créer des lois pour améliorer le recyclage ».

Passeport recyclé

Le passeport de premier citoyen des Trash Isles Al Gore, est fabriqué en matériaux recyclés
Le passeport du premier citoyen des Trash Isles, Al Gore, est fabriqué en matériaux recyclés

Difficile de trouver meilleur ambassadeur pour défendre la cause de l’île de plastique auprès des institutions onusiennes. Mais pour mettre toutes les chances de leur côté, les publicitaires Dal & Mike ont également travaillé à la définition d’une identité visuelle propre aux Trash Isles. Ils ont donc fait appel au designer londonien Mario Kerkstra pour créer tout ce dont un pays a besoin : un drapeau, une monnaie (le « débris »), un passeport, ou encore des timbres. Kerkstra s’est attaché à utiliser uniquement des matériaux recyclés pour fabriquer tous ces artefacts étatiques, notamment le passeport du citoyen Al Gore.

50 Debris, réalisés par Mario
Le billet de 50 debris, conçu par Mario Kerkstra

Les billets de la monnaie des Trash Isles montrent des animaux marins (pieuvre, phoque, baleine, etc.) pris dans des amas de plastique ou nageant au milieu des déchets. Pas certain que ça soit suffisant pour attendrir les fonctionnaires onusiens.

 

Illustration à la Une : LADBible – Tras Isles

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