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Pilules 3e et 4e génération : "Le classement de l'enquête est odieux!"

Marion Larat, victime d'un AVC consécutif à une pilule de 3e génération.
Marion Larat, victime d'un AVC consécutif à une pilule de 3e génération. © DR
Vanessa Boy-Landry , Mis à jour le

Alors que le parquet de Paris vient de classer l'enquête sur les accidents liés aux pilules de 3e et 4e génération, Marion Larat, première plaignante dans cette affaire, exprime sa colère.

Paris Match. Quel est votre sentiment aujourd'hui, alors que l'enquête sur les pilules incriminées par 130 plaignantes vient d'être classée par le parquet de Paris?
Marion Larat. C'est odieux! Odieux! C'est de la pure mauvaise foi, alors que les dossiers n'ont même pas été ouverts par un juge d'instruction. 

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En 2006, vous faites un AVC ischémique qui vous laisse lourdement handicapée. Que disent aujourd'hui les experts?
Pour ce qui me concerne, on parle d'un risque "multifactoriel" en raison d'une malformation cardiaque (un trou au cœur) et d'une anomalie de la coagulation. Je vivais très bien avant de prendre la pilule, j'étais en parfaite santé! Comme 10% de la population, j'ai un gène en plus dont j'ignorais l'existence avant de faire cet AVC. Or la pilule augmente les risques de thromboses et d'AVC, et encore plus chez les porteuses de cette anomalie.

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Cet accident a brisé la trajectoire de votre vie. A quel point êtes-vous handicapée aujourd'hui?
J'étais une étudiante brillante en prépa Khâgne. Je vis aujourd'hui avec une allocation de moins de 900 euros par mois. J'ai perdu la mobilité de la main droite. J'ai une aphasie [ndlr: perte de la capacité de parler ou de comprendre un message parlé ou écrit], et surtout une aphasie écrite. J'ai des difficultés à m'exprimer. J'ai aussi une épilepsie non contenue : je fais des crises toutes les trois semaines. Je boîte, je suis fatigable. Je suis handicapée à plus de 80%. Heureusement, après un AVC, la vie continue. J'ai surtout la chance d'avoir des parents qui m'entourent et peuvent me soutenir financièrement alors que tant d'autres sont cloitrées dans leur misère.

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Me Jean-Christophe Coubris, votre avocat, ne compte pas en rester là puisque vous êtes trois plaignantes à déposer plainte avec constitution de partie civile…
Nous déposons plainte avec constitution de partie civile pour qu'un juge d'instruction ouvre enfin les dossiers. Je suis à la fois dégoutée et en colère! On est dans un système où prévalent la privatisation des bénéfices et la mutualisation des risques. Même quand des experts mettent en cause la pilule, au bout du compte, les médecins se soutiennent entre eux. et finalement, les accidents sont dus au hasard. . . Un coup du hasard! De toutes façons, ce ne sont que des filles… La population française est machiste! Pensez-vous qu'il en aurait été de même si un médicament réservé aux hommes était responsable de 3 000 effets indésirables graves par an? Aujourd'hui, les autorités reconnaissent 20 décès par an liés à la pilule, mais tous les accidents ne sont pas notifiés. Dans ma propre histoire, je n'ai fait le lien qu'en 2010 entre mon AVC et la pilule. Aujourd'hui, l'association Avep a produit un travail d'information de premier ordre sur la question des risques graves liés à la pilule. 

C'est alors que vous êtes montée au front, puisque vous êtes la première plaignante dans cette affaire. Votre action a eu un retentissement très fort…
Parce que notre action est juste! Comme par hasard, suite à la médiatisation de nos plaintes, dès 2013, les Françaises se sont détournées des pilules de 3e et 4e génération, et on a constaté une baisse de 20% des accidents. 

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Lire aussi. Pilules contraceptives controversées: le parquet classe l'enquête

Le message que vous portez n'est pas toujours entendu, alors que la pilule est le symbole de l'émancipation des femmes...
Il faut arrêter de s'enfermer dans l'idéologie . Les chiffres sont là : les pilules, quelle que soit la génération, causent des décès. L'Agence européenne du médicament, sur son site, précise que le risque d'accident grave est passé de 6 à 12 pour 10 000 femmes pour les pilules de 3e et 4e génération. En France, contraception égale pilule, ce qui n'est pas le cas en Europe du nord, par exemple (stérilet, contraception naturelle…). La vraie question est de savoir quel est le moyen de contraception le plus sûr et le plus adapté aux femmes! Un stérilet en cuivre coûte 20 euros pour dix ans d'utilisation, la pilule coûte 30 euros pour trois mois. On voit la question du profit. N'en déplaise aux féministes historiques, la pilule, ce n'est pas magique!

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